Chapitre 98 : Attendre à la maison

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Clair attendait impatiemment le retour d'Ethan. Il ne restait plus beaucoup de temps avant l'arrivée de l'intéressé. A condition bien sûr qu'il n'ait pas de retard lié à son travail, voire à une nouvelle tromperie de sa part. Cette dernière possibilité n'était pas à exclure malheureusement.

Pourtant, malgré cette crainte plus que justifiée, l'homme à la mèche blanche avait en quelque sorte pardonné à son amant cet égarement, même s'il ne risquait pas de le mentionner de sitôt.

Il ne voulait pas lui dire qu'il était au courant pour sa relation « extra conjugale », les guillemets ayant leur importance. En effet, leur couple n'était toujours pas officiel, ni auprès de leur entourage proche -excepté Carole bien entendu- ni sur les réseaux sociaux. Cela étant dit, Clair n'était pas souvent sur les réseaux sociaux, si ce n'était celui qu'il avait en commun avec sa sœur. C'était bien ainsi, il évitait de se détruire plus qu'il ne le faisait déjà.

Quoi qu'il en fût, le jeune homme ne voulait pas provoquer plus de chaos que d'ordinaire. Il avait repensé à ce qu'il s'était passé la veille au soir. La vie avec son connard de père était revenue le hanter pendant une soirée. Il s'était réfugié dans le cou d'Ethan une fois ce dernier de retour à la maison, et avait longuement pleuré. Il s'était retenu de lui mordre l'épaule de toutes ses forces, il en avait eu besoin, mais avait fait en sorte de ne pas blesser son compagnon, ç'aurait été injuste pour ce dernier.

Cette réminiscence de souvenirs douloureux était de plus en plus rare, mais assez fréquente tout de même. Il songeait souvent à ce genre de chose deux ou trois fois par mois, contre le double il y a un peu plus d'an.

Il avait eu besoin de se soulager physiquement suite à cet « égarement », et avait fait l'amour avec le médecin. Pour une fois -quoique ce n'était pas si rare que cela- c'était l'homme à la mèche blanche qui avait eu le rôle du pénétrant. C'avait été bien. Il aimait bien prendre ce rôle de temps en temps, d'autant plus qu'Ethan avait particulièrement été à fond dans le rapport cette nuit-là. Clair préférait d'ordinaire se faire pénétrer, ayant les muqueuses sensibles à souhait, mais il n'avait pas pu, et son amant avait immédiatement compris. Il n'avait posé aucune question intrusive, et s'était laissé amener doucement vers la chambre.

Pour une fois, il avait été un véritable amour.

Clair avait fumé à la fenêtre après le rapport, et avait l'air satisfait, à défaut de sourire comme il en avait l'habitude après avoir couché avec le roux. Il était plus calme et moins angoissé. Il se sentait presque bien. Grâce à la compréhension du médecin. Peut-être qu'il allait redemander à avoir du sexe avec lui ce mercredi soir, ce n'était pas exclu. En tout cas l'idée lui plaisait, à voir si elle allait être réciproque.

Il s'était préparé un thé noir au caramel en attendant l'arrivée de son homme. Il avait sorti la porcelaine de Limoges pour l'occasion, et s'était servi une petite tasse le plus tranquillement du monde. La boisson avait une odeur délicieuse, qui faisait frémir les narines de Clair.

Pour accompagner ce thé qu'il avait prévu dès son premier réveil le matin, il avait acheté des madeleines après son cours de pole dance. Il avait prévenu sa sœur qu'il ne passerait pas à son logement aujourd'hui, il ne devait pas attirer les soupçons d'Ethan. Après tout, ce dernier ne devait pas savoir ce qu'il se passait pour l'instant en ville.

Savoir que Carole était sur Sainte Haelen pourrait provoquer de nombreuses potentielles réactions chez le psychiatre. De l'étonnement bien sûr, peut-être un peu de colère, impossible de savoir clairement. En tout cas, et c'était certain, sa sœur et son homme ne se supportaient pas mutuellement.

Carole savait que le médecin étant un manipulateur, le médecin savait que Carole pourrait lui soustraire son amant. Il valait mieux que les deux ne se voient jamais, ce serait bien plus simple pour tout le monde.

Soudain, alors que le jeune homme était plongé dans ses réflexions, on frappa à la porte de la maison avec une certaine énergie.

Clair se leva et ouvrit la porte, non sans une pointe d'angoisse qui montait petit à petit.

C'était une femme pour le moins immense, avec de longs cheveux bouclés très noirs, un visage osseux et un fume-cigarette à la main, avec bien entendu une clope au bout. L'expression de son visage voulait tout dire : elle allait casser la gueule de quelqu'un.

— Bon-bonjour... vous êtes ?

— Où est Leroy ? J'ai à lui parler, et vite !

Elle avait une voix grave et un ton plus qu'énervé. Sans doute une connaissance d'Ethan qui lui en voulait pour quelque chose de grave à en juger par son état.

— Je... je suis désolé, il n'est pas encore rentré du travail... mais il ne devrait pas tarder, je vous l'assure !

— Bien, bien... Dites-lui que Natalia Keriztchki veut son dû d'ici samedi, sinon ça va chier !

Et sur ce, la drôle de femme s'en alla après avoir craché par terre.


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