Chapitre 79 : Retour à la maison

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Ethan était contrarié. Contrarié car il avait dû congédier Jessica plus tôt qu'il ne l'avait voulu. Enfin bon, il fallait bien qu'il s'occupe de son compagnon de temps en temps, il ne sortait pas avec pour rien. Il devait bien prendre soin de lui pour conserver une certaine emprise sur sa personne, c'était ça où le perdre. Et il ne voulait pas le perdre. C'était son jouet préféré.

La femme à la peau mate avait soupiré, avant de repartir. Elle avait sans doute l'intention de faire payer Clair pour ça. Heureusement pour ce dernier, le médecin savait comment calmer les colères de Jessica. Du moins il y arrivait souvent, il n'était sûr de rien. Bah, il verrait bien à l'occasion ! Et si vraiment elle râlait trop il l'inviterait au restaurant, cela avait au moins le mérite de la calmer un peu. Il connaissait un restaurant italien qui faisaient de délicieux petits plats avec des produits importés du pays de Romulus et Remus.

Cela l'amusait de voir à quel point elle était jalouse de l'homme à la mèche blanche. Elle l'aurait sans doute étranglé bien volontiers. Si Ethan ne tenait pas à cette personne, il aurait aidé sa femme dans cette tâche plus ardue qu'il n'y paraissait : Clair avait beaucoup plus fort physiquement qu'on aurait pu le croire. Oui, le tuer serait plutôt difficile si on l'affrontait à mains nues, il valait mieux être deux pour le maîtriser. Le médecin avait été choqué de voir ses capacités physiques, cela lui avait servi de leçon.

Un jour, alors que le psychiatre se faisait sodomiser par son compagnon -cela lui arrivait tout de même quelques fois, il aimait bien ça aussi- son amant l'avait soulevé avec ses deux mains, pour mieux s'enfoncer en lui. Ethan avait un peu paniqué, mais n'en avait rien montré, il n'aurait pas supporté que Clair s'en rende compte.

Sa fierté avait été mise en jeu, et il avait feinté la surprise pour éviter que son homme ne s'arrête. Car sinon ils auraient discuté, et il aurait dû lui dire la vérité.

Il ne supportait pas de devenir plus faible que les autres, même si l'autre en question était Jessica. Il devait maîtriser son environnement, et cela incluait ses relations sociales. Toutes ses relations sociales.

Depuis cet événement entré dans les annales de sa vie, il se disait qu'il avait de bonnes chances de perdre face à Clair en un contre un. Son compagnon savait se débrouiller pour garder le contrôle physique dans certaines situations.

Ce dernier avait une force dans les bras et dans les jambes qu'il tenait de ses cours de pole dance. Pour autant, Ethan ne voulait pas qu'il arrête le sport, sinon on aurait une excellente raison de lui en vouloir, et le médecin devait être irréprochable.

Du moins, il devait essayer, il passait après tout le plus clair de son temps à sélectionner de potentielles victimes et à tuer celles qui avaient attiré sa curiosité. En bref, un quotidien pas si sain que ça, même le meurtrier l'avouait de bon cœur. Mais bon, il doutait franchement que son compagnon se décide à le dénoncer.

A la limite si sa sœur venait à rentrer sur Sainte Haelen et apprenait par le plus grand des hasards que le mec de son frère était le tueur au sac de papier, là il se ferait dénoncer.

Cela était dit, il craignait plutôt que Clair se rebelle, ce qui était déjà plus plausible. La possibilité que cette petite maline de Carole revienne semblait très faible, à tel point que le psychiatre pouvait se permettre d'ignorer sciemment cette éventualité.

Clair rentra trois quarts d'heure après avoir envoyé son message à Ethan. Le jeune homme sonna, puis entra dans la maison, avant de s'asseoir dans le canapé rouge au centre du salon. Il semblait à la fois heureux et triste. Ethan entama la conversation.

— Comment vas-tu ? Ton rendez-vous s'est bien passé ?

— Oui, on a commandé au restaurant italien ce midi. C'était une pizza au fromage de chèvre, elle était très bonne.

— Oh, formidable ! Marilyn a été gentille avec toi ? lui répondit l'homme aux cheveux roux après s'être installé à côté de son compagnon.

— Oui, elle est très calme et patiente, je l'aime bien. Je vais rester à la maison aujourd'hui, je n'irai pas au cours de pole dance.

— Comme tu veux ! Pour ce soir j'ai prévu des lasagnes maison, ça te convient ?

Clair hocha la tête, avant de se caler entre les bras d'Ethan. Quelque chose n'allait pas, mais quoi ?

Le psychiatre avait un très, très mauvais pressentiment. Son instinct hurlait à l'entourloupe, sans raison apparente. Il haussa le seul sourcil qui lui restait, mais l'homme à la mèche blanche resta de marbre. Il devait sans doute se tromper, mais quelque chose lui disait le contraire.

— Tu es sûr que ça va Clair ?

— Oui, oui, ne t'inquiète pas.

Ethan aurait juré qu'on venait de lui mentir. Il le prit très mal, se leva, et s'enferma dans son bureau sans rien dire.

Il le questionnerait une autre fois, il devait d'abord se calmer. Car la crise montait.

Dangereusement.


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