Chapitre 21 : Mise à jour du dossier

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Ethan détaillait avec une très grande attention le dossier du tueur au sac de papier. Il trouvait les informations assez floues, pour ne pas dire franchement inutiles. Le profileur de cette enquête, à savoir un certain Antoine Xavier, avait beaucoup de mal à cerner la personnalité de l'assassin. Et ses collègues ne valaient sûrement pas mieux.

Bande d'amateurs.

Il fallait dire pour sa défense que ce cas était loin d'être simple, car la personne derrière ces meurtres ne semblait pas viser une population en particulier. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des pauvres, des moins pauvres... N'importe qui pouvait devenir la cible de l'assassin en un instant. Ce dernier n'avait pas de préférence, ce qui compliquait l'analyse de sa psyché.

Quant à savoir comment il choisissait ses proies, les rédacteurs du dossier assumaient qu'il y avait une méthodologie derrière qui leur échappait complètement. Comme les sévices que le coupable faisait subir à ses cibles.

La seule chose que les morts avaient en commun était une expression de pure terreur sur leur visage au moment de leur décès, une expression qui perdurait même après la mort. Ils avaient également tous des marques de piqures, sur le bras pour la plupart. Il devait leur injecter un produit en particulier, mais si c'était le cas alors il ne restait pas longtemps dans l'organisme.

D'après les autopsies, les proies du tueur étaient presque toutes mortes d'une crise cardiaque. Quant à savoir comment elle avait été provoquée, c'était un grand mystère, car toutes les victimes n'étaient justement pas connues de leur entourage pour être particulièrement cardiaques.

Ce détail n'avait pas encore été communiqué à la presse.

Le premier corps appartenait à une femme tout ce qu'il y avait de plus banal, ni simple ni compliqué à aborder. Une femme dans la norme. Comme la plupart des morts qui avaient suivi.

La deuxième était déjà plus facile à attraper, elle vivait seule, et n'était que très peu visitée par sa famille. Ce qui ne collait pas, c'était l'endroit où on l'avait découvert. Trop visible. Comme si le tueur se moquait ouvertement de la police. Et il n'en était qu'à son deuxième essai.

Il y avait eu pour l'instant douze victimes en six mois au total, ce qui faisait un mort toutes les deux ou trois semaines. Un beau rythme. Mais ce n'était pas fini. Au contraire.

Ça ne faisait que commencer.

Ethan savait qu'un treizième corps allait être retrouvé. C'était obligé.

Soudain, le téléphone de son bureau sonna, l'arrachant à ses pensées. Il décrocha, pas contrarié de faire une pause dans sa lecture.

— Docteur Leroy ? dit une voix que le psychiatre reconnu assez rapidement. C'est monsieur Jimenez.

Il tombait rudement bien celui-là. Qu'avait-il à lui dire ?

— Ah, inspecteur, quelle bonne surprise ! Je pensais justement à vous !

— Ce n'est pas une bonne surprise doc. On en a retrouvé un treizième. Et ce n'est pas le dernier apôtre de Jésus Christ.

Ethan rit franchement. C'était une bonne blague, il fallait l'avouer. Mais la plus grosse blague restait toute de même le dossier qu'il était en train de parcourir. Bande d'amateurs encore une fois.

— Excusez-moi, le stress, répondit le médecin en se râclant la gorge. Honnêtement je m'en doutais un peu, ça saute aux yeux quand on observe un peu le dossier de ce tueur. Depuis combien de temps est morte cette personne ? Je pencherai pour une semaine au plus tard.

— Sans doute depuis moins d'un jour, on l'a retrouvé dans une benne à ordure. Le tueur savait qu'il n'y avait pas de caméra dans cette rue. Comment, j'en sais foutre rien. Il a dû la déposer hier soir ou très tôt ce matin. Elle était particulièrement maigre, son assassin a dû l'enfermer pendant plusieurs jours sans la nourrir. Le légiste est en train de l'autopsier.

— Je vois... Voilà qui change de ses habitudes, d'ordinaire il les tue assez vite. Dans ce cas il a peut-être une planque assez grande et insonorisée. Il est soit riche, soit très bien équipé pour un homme ordinaire. Autre chose ?

Jimenez soupira à l'autre bout du téléphone. Ethan le comprenait, ça n'allait pas être facile d'attraper le tueur.

— C'était à peu près tout ce que je voulais vous dire, étant donné que vous travaillez aussi sur le dossier.

— Eh bien je vous remercie de cet appel. Je vais continuer à travailler de mon côté. De ce que j'ai cru comprendre, monsieur Xavier a bien du mal à détailler la personnalité de notre homme. Ou de notre femme, mais je penche plutôt vers un homme. Il faut un minimum de force et une certaine taille pour pouvoir enlever des gens aussi différents, puis pour ensuite les tuer.

— Vous avez une piste ?

— Sans doute un homme, de plus d'un mètre quatre-vingts, blanc à coup sûr. Il est particulièrement intelligent et tue toutes les deux semaines. Peut-être même un peu plus. Ça ne m'étonnerait pas qu'il tue non seulement plus, mais plus souvent. Il y a peut-être des corps que l'on n'a pas encore découvert.

Jimenez soupira encore plus fort.

Il était à peine dix heures du matin.


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