Chapitre 12 : Préparation

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Clair avait décidé de reprendre les cours de pole dance dans le but de réussir sa prestation pour le samedi qui allait arriver. Il était très heureux d'avoir finalement accepté l'offre de son compagnon, même s'il doutait de ses propres compétences dans le domaine. Après tout, cela faisait longtemps qu'il avait arrêté. Cela étant dit, reprendre cette activité le stimulait au plus haut point.

Il avait l'impression de retrouver sa jeunesse volée.

Au moins il n'avait pas perdu le muscle qu'il avait gagné pendant la période où il dansait : il faisait beaucoup d'exercices pour se maintenir en forme. Il dormait le reste du temps, oubliant de manger. Pour ça, il attendait le retour d'Ethan. A la demande de ce dernier, il lui promit de mieux s'alimenter. Il allait essayer pour voir, même s'il doutait d'y parvenir.

Il faisait du pole dance depuis ses seize ans, et avait arrêté il y a un an, quand il s'était mis en relation avec le psychiatre. Ce n'était pas la faute de ce dernier, loin de là. Ethan l'avait même incité à poursuivre ce sport qu'il trouvait charmant. « Ça te fera du bien », « je suis sûr que tu es très doué dans ce domaine », « ça serait dommage d'arrêter ».

Mais le jeune homme avait sciemment fait le choix de ne pas écouter son compagnon. L'ambiance du cours ne lui plaisait plus trop, alors il avait quitté la salle pour se consacrer à l'entretien de la maison de son amant.

Il ne regrettait rien.

Il vivait encore chez sa grand-mère quand il avait commencé ce sport. Il lui avait menti, et lui avait dit qu'il pratiquait la boxe grâce à l'argent de sa sœur. Il y avait au moins un peu de vrai, puisque sa jumelle lui payait bel et bien ses cours. Il avait carrément acheté des gants de boxe pour rendre plus crédible son mensonge. Ils décoraient sa chambre en quelque sorte. Clair n'était même pas sûr de comment il fallait les mettre, c'était dire.

Mamie J comme il l'appelait -J pour Josiane- était particulièrement homophobe. C'était bien simple, elle n'aurait jamais toléré que son petit-fils fasse ce genre de choses, ni même qu'il ait les cheveux rouges. Si elle le voyait à présent, elle serait complétement désemparée. Non pas que le jeune homme s'en souciait, il ne l'avait jamais aimée de toute façon.

Pour cette vielle femme, les garçons devaient avoir les cheveux courts et être le plus masculin possible. Ils devaient pratiquer des sports d'homme, boxe, football, rugby. La base de la base pour elle. Pour beaucoup d'autres personnes malheureusement.

Clair ne savait pas d'où venait l'argent que Carole lui donnait de bon cœur, et ne tenait pas à le savoir, car il était certain que sa sœur trempait dans des magouilles pas très nettes. Elle avait déjà dealé du shit plusieurs mois avant que son frère ne se mette à la dance. Il priait qu'elle ne se fasse pas attraper par la police, car elle était tout ce qui lui restait.

Enfin ça, c'était avant qu'elle ne parte quelques semaines après qu'il se soit mis en relation avec Ethan. Il avait vingt-trois ans à l'époque, le psychiatre en avait trente-et-un. La perte de sa sœur avait été une déchirure, mais il n'avait pas trop le choix. Elle ne lui avait même pas dit où elle vivait, comme si elle souhaitait le laisser derrière elle de tout son cœur.

Alors, Clair était parti vivre chez Ethan. Il n'avait jamais dit à mamie J où il vivait, mais l'appelait de temps en temps pour prendre des nouvelles.

Puis le tueur au sac de papier l'avait assassinée. Son petit-fils n'avait pas beaucoup réagi à cette nouvelle, les médicaments qu'il prenait faisaient tampon au niveau de ses émotions.

Il était malgré tout venu à l'enterrement, et avait tenté de contacter Carole, sans succès. Elle n'était peut-être même pas au courant de cet évènement, la mort de Josiane n'ayant été que très peu médiatisée. Clair suspectait carrément sa sœur de vivre à l'étranger, ce qui ne l'aurait pas du tout étonné.

Sur ces bons souvenirs, il entra dans le bâtiment qui accueillait le club de pole dance, et salua doucement le vigile à l'entrée. Ce dernier mit un certain temps à le reconnaître, et lui rendit son salut.

Il se dirigea vers l'accueil, et se présenta à la jeune femme qui y était assignée. Cette dernière le reconnut immédiatement, et ce, malgré ses changements physiques. Elle semblait heureuse de le revoir.

Clair paya ce qu'il avait à payer pour l'équivalent d'un mois de cours, et se remit aussitôt au travail. Il ne suivit pas le cours que la professeure donnait à ses élèves, et s'installa sur la seule barre de libre. Il fit les premiers exercices de base, et constata avec un enthousiasme à peine dissimulé qu'il n'avait pas trop perdu pendant cette année.

Pour la première fois depuis longtemps, Clair se sentait bien.

Et surtout, il allait rendre Ethan heureux.

C'était le principal.


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