Chapitre 51 : Stress

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David n'en pouvait plus. C'était trop d'effort pour arriver à ses fins. Il avait dû cacher le corps de la jeune femme à la langue tatouée dans la décharge publique tout en surveillant ses arrières pour ne pas se faire attraper par les forces de l'ordre. C'était à la fois pénible et dangereux pour lui. Il avait pris quelques précautions dans son déplacement jusqu'au lieu où il avait dissimulé le cadavre.

Il avait emballé la tête de sa victime dans un sac poubelle, pour éviter de tacher sa voiture : il avait littéralement défoncé son visage. Il avait bien pris soin de mettre des gants, au cas où, ainsi qu'un bonnet de bain pour éviter que ses rares cheveux ne se déposent sur le corps.

Tout avait dérapé si vite. Il avait tout bien fait au début, mais cette connasse l'avait énervé. Il ne voulait pas la tuer. Enfin, pas comme ça.

Il avait encore tant de choses à faire, mais non, elle avait ruiné son plaisir. Il n'était pas coupable, c'était de sa faute à elle. C'était toujours la faute des femmes de toute façon. Quoique les hommes n'étaient pas non plus tout blanc, David ne le savait que trop bien. Ainsi, par exemple, monsieur Green, qui enseignait au lycée de David, mériterait une bonne punition pour avoir osé mépriser l'agent d'entretien.

Une punition digne de ce nom. Une punition dont tout le monde se souviendrait pendant de longues années. C'était ce dont avait envie le tueur.

Il avait longuement hésité à pénétrer la jeune femme à la langue tatouée après l'avoir tuée. Mais quelque part, cela le dégoutait trop. Elle était morte, et le temps qu'il pense à se servir de son corps pour se soulager, elle était déjà froide. Il ne pouvait pas mettre sa bite dedans. Il aurait dû la violer de son vivant, ç'aurait été plus simple pour tout le monde.

Pour se récompenser du largage de corps, il avait décidé d'aller voir Veronica. Il savait où la trouver, elle était toujours au même endroit, dans le sud du grand parc de Sainte Haelen, souvent habillée très légèrement, comme la pute qu'elle était. Cela ne dérangeait pas trop David, qui savait que ce travail nécessitait presque systématiquement une tenue « appropriée ».

Il fit plusieurs fois le tour du parc, sans la trouver. Où pouvait-elle bien être ? Si David n'était pas chanceux, et il y avait de fortes raisons de le croire, alors elle se trouvait avec un client, et l'avait amené dans un coin tranquille pour qu'ils puissent coucher ensemble. A moins qu'elle ne se soit accordée un jour de repos. Dans tous les cas, il finirait sans doute la soirée seul, devant sa télévision et ses programmes abrutissants. Il avait l'habitude à force.

Puis, sans prévenir, alors qu'il faisait pour la dernière fois le tour de l'endroit, il tomba sur la prostituée.

Cette dernière était plutôt surprise de voir David, d'ordinaire il passait plus rarement. Mais ce n'était pas grave, au moins elle se faisait un peu d'argent. C'était sans doute ce qu'elle devait penser.

Elle lui lança un petit sourire, ce qui ému un peu le trentenaire. Il sentit son pénis durcir un peu, avant de redevenir tout mou.

Il repensa au jour où il s'était masturbé avec la mèche de cheveux du garçon qu'il avait tué. Ç'avait été bien. Ç'avait été la délivrance en quelque sorte. Il s'était senti heureux pendant ce petit moment intime. S'il avait l'occasion, il recommencerait.

Il fixa un temps Veronica. Par chance, elle n'avait pas de maquereau, personne pour lui voler son fric et abuser d'elle froidement. David songea un instant à l'enlever, mais renonça à son projet. Il devait d'abord se vider les couilles, et la jeune femme était justement là pour ça. C'était son métier après tout.

— Bonsoir David, c'est plutôt rare de te voir dans le coin. C'est pour la même chose que d'habitude ?

— Oui. S'il te plait.

Il marqua un temps d'hésitation. Il voulait lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur, tout ce qui le pesait ces derniers temps. Mais ce serait révéler qu'il imitait le tueur au sac de papier, son idole. Ce serait dire qu'il voulait endosser son rôle, et aller en prison à sa place.

Il avait besoin de se confier. Mais il ne pouvait pas. Pas tout de suite. Il devait tuer plus. Beaucoup, beaucoup plus.

— Quelque chose ne va pas David ? Tu es tout pâle... Tu es sûr que tu dors bien ces derniers temps ?

— Oui, oui je vais bien. Pas mal de pression au boulot, encore monsieur Green. Mais sinon ça va, ça va.

— C'est vrai, tu m'avais parlé de ce monsieur Green. Encore un privilégié qui mériterait qu'on le remette à sa place.

C'était exactement cela. Il allait falloir que le tueur au sac de papier l'assassine proprement, et en fasse un exemple digne de ce nom.

— Tu es partante pour qu'on passe un bout de la nuit ensemble ?

— Une heure et demie, comme d'habitude ?

— Oui, je t'en prie.

Elle au moins le prenait en considération. Finalement, il ne pouvait pas la tuer.

C'était tant mieux pour elle.


Sac de PapierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant