Chapitre 107 : Je suis là pour toi

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Jessica était arrivée aussi vite qu'elle avait pu. Ethan l'avait appelée en catastrophe, la voix complétement éclatée et haletante.

Il sortait d'une crise.

La trentenaire n'aimait pas, mais alors pas du tout ça. Car cette salope de Clair avait abandonné son homme, ça ne faisait aucun doute. Il se serait occupé du médecin sinon.

Elle frappa à la porte d'entrée de la maison. Le psychiatre lui ouvrit immédiatement. Il avait le visage rouge et gonflé, la partie gauche de son visage encore plus déformée que d'habitude, et la main droite ensanglantée. Il avait dû se planter tout seul pendant sa crise, pour la contenir un minimum. C'était du moins ce qu'on pouvait en conclure.

— Rentre. Fais vite, j'ai à te parler.

— Minute papillon, on va d'abord s'occuper de ta blessure.

— Je m'en branle de ma blessure, j'ai BESOIN de toi ! Clair est parti, tu te rends compte ?! Il m'a laissé TOUT SEUL et n'a pas répondu à mes messages de toute la soirée ! Il m'a ABANDONNÉ alors que j'ai besoin de lui ! Il est PARTI voir une amie au lieu de rester avec MOI !

Jessica gifla Ethan. Une fois cela fait, elle le poussa en-dehors de l'entrebâillement de la porte, et s'enferma avec l'homme, comme elle avait fait avec David George. Le médecin était pris au dépourvu, et ne savait manifestement pas quoi faire. Ce n'était pas plus mal.

— Ça suffit de faire l'enfant en colère Ethan, tu vaux plus que ça. Si tu n'as que ça à me dire je repars tout de suite.

— Oh non tu ne vas pas partir, tu ne vas pas me laisser seul comme lui !

— Bon, je vois qu'on ne peut pas discuter. Tu as des anxiolytiques ?

— Ne change pas de sujet ! Dans l'armoire à pharmacie, dans la salle de bain...

Le médecin était intenable. Plus qu'en crise démente, il était ivre de rage. Il allait bien falloir qu'il explique à la femme ce qu'il s'était passé, quitte à ce que cela prenne des heures.

Jessica entra dans la fameuse salle de bain, retourna toute l'armoire pour trouver ce qu'elle cherchait, et tomba sur une boite de Xanax pleine. Elle se servit, prit un des gobelets sur l'évier -le moins sale des deux-, le remplit d'eau, et amena le tout à Ethan.

Elle lui fit avaler le cachet, et attendit quelques minutes en pansant sa plaie pour arrêter l'écoulement du sang, le temps que son amant se calme un peu. Une chance, ce type précis de médicament faisait effet assez rapidement, et Ethan était en état de déréalisation pur et dur. C'était mieux que rien, au moins il avait arrêté de hurler.

Jessica recommença le dialogue une fois le visage du médecin moins gonflé et moins rouge.

— Bon, qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ?

— Je devais un truc à Natalia, et ça fait quelques temps que je la fais poireauter. Volontairement je précise. Elle a repris le business de son père, et a besoin d'une nouvelle drogue.

— Et elle ne pouvait pas la chercher sur le marché noir ?

— Aucune idée. Mais bref, elle est venue tout à l'heure pour me menacer, et elle est tombée sur Clair. Il m'en veut d'être « ami » avec une mère maquerelle, et ne cautionne pas que je produise des drogues pour shooter ses travailleurs.

— Non, sans déconner ? Moi ça ne me dérange pas des masses, je te connais bien, mais lui... Bien sûr qu'il l'a mal pris ! Et tu l'as laissé partir ?

— Je... oui. Je n'ai pas su comment réagir...

Il reçut une seconde gifle. Cette fois, c'était la femme qui était furieuse.

— Et si jamais il avait appelé les flics ? Tu y as pensé ? S'il a appelé les flics c'est fini pour toi et moi, on va remonter jusqu'à nous ! Tu te doutes bien que c'est moi qui aie tué ton imitateur ! Tu n'aurais pas pu inventer un mensonge comme tu en as tellement l'habitude ? Espèce d'idiot, tu nous as mis dans la merde jusqu'au cou !

Le visage d'Ethan se décomposa.

— Tu ne le connais pas, il ne fera pas ça. Du moins je ne pense pas.

— Tu ne penses pas ou tu es sûr ?

— Je... je ne sais pas.

— Bien, laisse-moi prendre les choses en main alors. On va le retrouver et voir ce qu'on peut faire.

— Mais je ne sais même pas où il est !

— Toi peut-être mais moi si. J'ai piraté ses réseaux sociaux l'autre jour, il suffit de voir ses derniers messages.

Ethan pâlit encore plus. Jessica remonta le fil de la dernière conversation de Clair.

— Il est dans l'appartement que loue sa sœur.

— Sa sœur ?! Carole est ici ?!

— Eh bien tu perds vite tes moyens... Bon, on réfléchit à un plan et on s'occupe des jumeaux, là ce n'est plus possible.

— Non.

Jessica marqua un temps d'arrêt.

— Pardon ?

— Non. On attend son retour, et éventuellement on agit. Je crois que... je crois que je l'aime.

A cet instant précis, le cœur de la femme se brisa. Un cri intérieur perçant la déchira en deux.


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