Chapitre 58 : Colère

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David était épuisé. Son travail au lycée était trop éprouvant, et le vidait de son énergie. Il fallait dire bonjour aux gens, leur sourire tout en faisant le ménage. Il fallait endurer les regards de certains adolescents, des autres agents d'entretiens qui le trouvaient étrange. Il fallait supporter les remarques désagréables de monsieur Green.

Quel connard celui-là. David détestait monsieur Green, qui le regardait toujours comme un déchet. Qui le regardait comme s'il ne valait pas mieux que les ordures qu'il vidait chaque jour que Dieu faisait sur cette terre. Parfois, c'était tout simplement trop dur pour David.

Et après on se serait étonné qu'il veuille devenir comme le tueur au sac de papier. Non, bien sûr que non, personne n'était au courant. Mais si jamais quelqu'un venait à le découvrir, il ne pourrait avoir que de la compassion pour le copycat. Après tout il n'était pas devenu un assassin sans aucune raison. Il avait besoin de tuer pour se sentir exister. Sans ça, il n'avait aucun but dans la vie. Il avait besoin d'un but, aussi terrible que pouvait être celui qu'il avait en ce moment.

La nuit passée chez Veronica n'avait pas suffi à le calmer. Il allait sans doute y retourner bientôt, et lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Elle au moins, dont le métier était interdit, pouvait comprendre sa frustration et ses envies de meurtres à l'égard du professeur de biologie. Mais il tiendrait sa langue sur certains sujets, bien entendu.

Il ne voulait pas qu'elle soit au courant, sinon elle risquait tout simplement de le dénoncer à la police. Et il ne pouvait pas faire un tour en prison pour l'instant. Il avait encore beaucoup de choses à faire avant d'y aller. Beaucoup trop.

Quelque part, il avait l'impression d'aimer cette femme. Si elle lui demandait d'arrêter ses meurtres, il serait probable qu'il l'écoute. Oui, si elle voulait qu'il arrête, alors il s'arrêterait sûrement. Ou alors il la tuerait, selon l'humeur du moment.

Il avait décidé que s'il devait la tuer, alors elle serait son dernier meurtre. Bien qu'il n'ait ôté la vie qu'à deux personnes pour l'instant, il avait le désir de tout arrêter. Mais à chaque fois qu'il prenait cette décision, une pulsion en lui s'éveillait, et le poussait à continuer.

Aujourd'hui, il était devant la maison de monsieur Green. Il l'avait suivi avec beaucoup de précautions ces derniers jours, pour observer sa routine, et ainsi lui ôter la vie sans aucune difficulté. Il avait pensé à prendre un sac avec une grosse brique dedans, pour la lui écraser sur la tête. En espérant qu'il n'en meurt pas sur le coup, car David avait prévu tout un tas de sévices sur cette personne.

Il allait faire souffrir ce fils de pute.

Pardon, c'était méchant pour les putes en question. Elles n'avaient rien demandé, les pauvres. Elles ne faisaient souvent pas ce métier par choix, et lui-même consommait leurs services, alors il serait bien malpoli de les maltraiter verbalement.

David allait se venger des propos de monsieur Green à son encontre. Il allait enfin expulser toute sa colère et toute sa frustration qui s'étaient toutes les deux accumulées pendant si longtemps. Il allait lui injecter de la javel dans les veines. Il allait le détruire. Il allait se venger avec toute la violence dont il pouvait faire preuve.

Etant plus grand et très certainement plus fort que ce connard, il allait facilement le maîtriser, pour ensuite l'amener dans sa planque.

Il espérait seulement que les policiers n'allaient pas comprendre qu'il était un copieur. David voulait prendre à la place du véritable assassin. Il priait juste que ce dernier arrête de tuer une fois le copycat en prison. Si possible, il voudrait même discuter avec son idole, trouver un moyen de communication avec cette personne si chère à son cœur.

Il reçut un message sur son téléphone portable. C'était Veronica.

« J'espère que tu vas bien, je m'inquiète un peu pour toi. Tu n'avais pas l'air bien hier, alors je te demande directement : tu as des soucis en ce moment ? Je ne peux pas faire grand-chose à part t'écouter, mais si tu as le temps et l'envie tu peux venir me retrouver ce soir au même parc que d'habitude, dans le sud. J'y serais pour t'écouter, mais seulement à partir de vingt-trois heures trente, avant je suis occupée comme tu peux t'en douter. Bisous, Veronica. »

De petites larmes coulèrent des yeux de David. Il ne pouvait pas tuer cette femme, elle était trop gentille pour ça. Il regrettait soudainement de l'avoir considéré comme une potentielle victime quelques jours auparavant. Mais il ne lui dirait pas non plus qu'il était un assassin, surtout pas. Il ne voulait pas lui faire peur en lui parlant de ce genre d'activité, alors il éluderait la question. Il allait la laisser en vie, cela il en était sûr.

Il était également sûr d'autre chose : il allait kidnapper, enfermer et assassiner monsieur Green. Ainsi il montrerait au monde entier que ce genre de personnes pouvaient aussi être victimes d'un tueur en série.

C'était désormais acté.

Il allait se venger de cette personne immonde.

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