Chapitre 83 : Au calme

4 1 0
                                    

Clair venait de sortir de son cours de pole dance quotidien. Cela lui avait fait le plus grand bien, même s'il se sentait un peu déprimé aujourd'hui. Il n'avait toujours pas digéré la potentielle tromperie d'Ethan avec quelqu'un qu'il supposait être madame Sanchez. C'était très probablement elle, le médecin rayonnait en sa présence. C'était la première fois qu'il voyait cette expression sur son visage. Il était jaloux, alors même qu'il savait qu'Ethan ne l'avait jamais aimé pour qui il était.

Il avait pour une fois dansé avec les autres élèves du cours, pour approfondir sa maîtrise de ce sport. Il était en forme physiquement, à défaut de mentalement. Apparemment il n'était pas le seul, la belle Marilyn lui avait demandé à la fin de la leçon s'il voulait bien prendre un café avec elle.

Il avait accepté, pour lui faire plaisir, mais aussi parce qu'il pensait que cela leur ferait du bien à tous les deux. La jeune femme semblait un peu triste aujourd'hui, ce qui était assez rare pour le noter. D'ordinaire elle était un véritable rayon de soleil qui illuminait de temps en temps les journées de Clair.

Ils avaient décidé d'aller au café victorien qu'ils fréquentaient habituellement. Ils avaient tous les deux commandé un chocolat viennois une fois arrivés sur place. La serveuse habillée en femme de chambre avait dégainé son sourire habituel, et tutoya Clair autant que Marilyn en prenant leurs commandes.

— Tu ne m'as pas l'air très bien aujourd'hui... Ça va ? lança Clair de bon cœur.

La femme aux cheveux blonds lui lança un sourire en guise de réponse, elle ne semblait pas disposée à lui parler de ses soucis. Mais, devant l'attente de son ami, elle parla. Sans doute qu'elle lui faisait assez confiance pour se confier à lui. Après tout, il n'était qu'un copain parmi d'autres.

Pourtant, c'était à lui qu'elle se mit à répondre sincèrement. Elle avait toujours été sincère en sa présence, bien que l'homme à la mèche blanche suspectât qu'elle était ainsi avec tous ses amis.

— C'est difficile en ce moment... Mon père est malade depuis pas longtemps, heureusement on sait ce qu'il a. Il a dû arrêter le travail pendant quelques temps, pour se remettre un peu.

— Il fait un burn-out ? Pardon, c'est peut-être impoli...

— Non ! Non, ce n'est pas impoli du tout, ne t'en fais pas ! Oui, c'est ça, il est conseiller d'orientation au lycée Garcia Marquèz. Tu as dû entendre parler de la mort de ce garçon il y a quelques jours... Mon père le connaissait bien, ça l'a beaucoup marqué. Ça fait des jours qu'il ne vient plus au travail, et qu'il squatte le canapé et la télévision, il a demandé un arrêt de travail tellement ça lui prend la tête. Honnêtement moi et maman on ne sait pas s'il va s'en remettre, c'est vraiment choquant pour lui. Vivement qu'on chope le salaud qui a fait ça.

Clair ne se sentit soudainement pas très bien. Savoir qu'Ethan avait indirectement causé le malheur du père de son amie le frappa de plein fouet. Il ne voulait pas dire à Marilyn qu'il connaissait le coupable, mais il savait que dans d'autres circonstances il aurait lâché le morceau.

Il s'était juré de ne pas en parler à sa propre sœur, alors il ne dirait rien à Marilyn. C'était l'évidence même, il ne fallait pas qu'il dise ce qu'il savait.

Pour la première fois, Ethan lui faisait peur. Qui sait ce qu'il pourrait faire si on le dénonçait ? Il se vengerait, et le connaissant, ça serait du propre. Il réduirait en charpie l'esprit de la personne qui serait la cause de son incarcération. Comment, Clair n'en savait rien, mais pour le pourquoi en revanche c'était plutôt évident.

— Je vois. Je comprends, ça doit être très choquant pour lui. Moi-même j'ai perdu ma grand-mère à cause du tueur au sac de papier.

La mâchoire de Marilyn manqua de se décrocher devant la taille et la valeur de l'information que Clair venait de lui balancer.

— Oh bien sûr j'ai été choqué de cette nouvelle. Je ne m'entendais pas très bien avec mamie J, mais elle faisait tout de même partie de ma famille. Je suis désolé, je ne sais pas pourquoi je t'en parle, ça doit être assez horrible à entendre...

— Oui. Enfin non, non, je veux dire... Je suis désolée pour ta grand-mère.

— Oh ne t'en fais pas, ce qui est arrivé est arrivé, c'est tout. C'est mon père et moi qui avons hérité de ses biens personnels, ma sœur elle n'a rien eu. Quant au pourquoi du comment je n'en sais rien, peut-être parce qu'elle est partie pour fuir un peu toutes les affaires familiales.

— Tu as une sœur ? Tu ne m'en as jamais parlé. Petite ou grande ?

— C'est ma jumelle, on a le même âge. Mais c'est elle qui est sortie du ventre de notre mère la première. C'est la plus forte et la plus intelligente de nous deux, je dois avouer que je l'envie un peu.

— Si ça peut te rassurer moi je te trouve déjà très bien.

Cela fit plaisir à Clair. Cela le rassurait même. Pour une fois.


Sac de PapierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant