TRAPPOLA

1 | Cauchemardesque

ERAH

« Toute prison a sa fenêtre »

📍Prison de Poggioreale - Naples

Encore au trou, bientôt 2 semaines consécutives que j'y suis. J'ai le crâne qui va exploser. Je commence à entendre des voix, à me gratter de partout, je vais devenir folle. Revenir ici me tend et me crée des angoisses.

L'isolement appelé la « chambre 0 » est connue comme étant le pire des endroits où vous pouvez être envoyé. Cette salle est officiellement vue comme une pièce d'isolement. Mais officieusement, il s'agit en réalité d'une putain de salle de tortures. Et c'est, ici que je vis depuis bientôt 14 jours.

Normalement, je sors de l'isolement ce soir mais le chef d'établissement peut renouveler la mesure une fois pour la même durée ce qui équivaudra à 1 mois dans ce trou. S'il le fait je ne sais pas si psychologiquement parlant je tiendrais le coup. Les supplices, les tortures que je subis impactent ma santé mentale, physique et psychique.

Ici, je vis pour survivre. Un groupe de femmes veut ma peau depuis mon incarcération, je ne sais pas par quelle personne elles ont été payées. J'ai dû me faire un nom en 6 ans, j'ai ma bande et elles ont la leur. Cela crée des affrontements toujours de leur gré. Ces putas ont acheté une bonne partie des gardes, donc quoi qu'il arrive, je suis fautive et je me retrouve à l'isolement pour violence, ce qui n'allège pas ma condamnation.

La torture dans cette pièce est totalement normale et légalisée, comme si j'étais la plus grande trafiquante d'Italie. J'ai vu des choses qui m'ont traumatisé et me traumatiseront à vie. Dans cette pièce, il n'y a aucune caméra de surveillance, du sang qui habille les murs. Beaucoup se sont suicidés après être passé ici. Et je peux vous jurer que je suis à deux doigts de craquer.

Mais non, je suis Erah. La Erah qui fait trembler bien des femmes dans cette prison.

Il y a 6 ans, j'avais 18 ans, j'ai été arrêté pour complicité de meurtre. Je savais que c'était une erreur alors je n'ai pas paniqué, ma famille a engagé un avocat car jusqu'ici aucune preuve ne me mettait dans la merde. Je n'avais jamais participé à un quelconque meurtre ou autre. Je savais au fond de moi que j'étais innocente alors tant que je le savais, je me disais que cette histoire allait très vite se régler.

J'étais qu'une simple étudiante à la vie totalement basique qui a vrillé du côté obscur du jour au lendemain.

Sauf que, des preuves ont commencé à s'ajouter dans le dossier et mon avocat m'a dit que sur la scène de crime mes empreintes avaient été retrouvées. Comment ? Pourquoi ? Jusqu'aujourd'hui, je n'en ai aucune putain d'idée.

On voulait me faire porter le chapeau pour un crime que je n'avais pas commis. Une personne qui devait me connaître et que je devais forcément connaître pour réussir à foutre mes empreintes sur le lieu du carnage.

Malheureusement, après ses preuves, ma famille m'a tourné le dos. Pour eux, je n'étais qu'une putain de menteuse qui allait devoir assumer en prison. Je n'ai plus eu aucune nouvelle d'eux, rien, le néant.

En réalité, c'était une femme de 25 ans qui avait été sauvagement abattue. Cette femme s'appelait Amélia Ramijez. Et, je peux vous jurer qu'elle m'est encore inconnue. Je ne savais pas qui elle était et je ne sais toujours pas qui elle est et pourquoi cette dernière s'était faite tuer et pas de la plus douce des manières.

J'essaye de m'étirer et de marcher dans ce trou. Puis, je finis par reprendre ma séance de squats, pompes et abdos. Il faut bien que je m'occupe pour ne pas finir par devenir complètement tarée dans ce trou à rats.

Je me stoppe quand j'entends des pas qui se dirigent vers ma piaule. Un des gardes -qui ne fait que me violenter depuis mon séjour dans la chambre- ouvre brutalement la grille, il me jète un plateau comme si j'étais un vulgaire chien.

« Dernier repas, cet aprem, t'es libre » a-t-il dit.

Cette phrase a explosé telle une bombe en moi. Un tourbillon d'émotions me saisit.

Après 6 ans enfermée dans cette prison, plus de 31 jours en tout passé dans cette chambre 0, cet après-midi, je sors a-t-il dit.

Mais comment cela se fait-il ?

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Courte partie pour rentrer dans le vif du sujet.