TRAPPOLA

44 | Réunion & hypocrisie

ERAH

« Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments »

C'était l'heure...nous nous rendons pratiquement tous dans différents vans. Nous avions rendez-vous dans une salle de réunion connue des mafieux. Assez spacieuse pour tous. Karel sentait mon stress alors comme d'habitude il m'aidait à me canaliser en me caressant doucement le bas du dos puis la main qu'il saisissait avec douceur et fermeté.

Il avait le don pour me cerner et m'aider quand l'angoisse me montait et c'est exactement cela qui me faisait de plus en plus craquer. Des forts sentiments me rattachaient à cet homme et c'est en le fixant que je me rends de plus en plus compte de cela.

Il me traite comme une princesse. Il prend soin de moi extérieurement comme intérieurement. Mon mental va mieux depuis son arrivée dans ma vie.

Nous arrivons enfin devant le lieu. La devanture est lumineuse et chic. Les hommes de Karel sont tous autour de nous. Maya est toujours près de Lorenzo. Nous marchons main dans la main en direction de la salle. Nous ouvrons la porte et nous faisons face à une grande salle spacieuse, lumineuse et assez contradictoire à ce que nous allons faire puisqu'elle est étonnamment belle et chaleureuse. Les hommes de Rosso sont également présents et tous sont assis.

Des signes de tête suffisent pour se saluer, nous nous installons quand soudain un homme apparaît aux côtés de Rosso. Un homme d'une taille moyenne, il doit avoir dans la quarantaine d'années et a les cheveux poivre et sel.

Moi - chuchotant à Karel - Qui est cet homme ?

Karel - On l'appelle Fiducia. Il contracte le pacte de confiance entre deux mafias principalement. Si une mafia ne respecte pas une partie du contrat, guerre aura lieu et Fiducia n'y pourra rien.

Moi - Alors tout est calculé au millimètres près.

Karel - Je ne te mettrais jamais en danger. Alors oui, il faut tout calculer

En guise de réponse, je pose doucement ma main sur la sienne, il la saisit pour ensuite la placer sur ma cuisse.

Fiducia - Je contracte aujourd'hui le pacte de confiance entre la mafia Il Capo et de Rosso. Il est important de rappeler que si l'une des parties dérogent à l'une des règles, elle devra verser une partie de son terrain à l'autre et ainsi si préjudice, guerre il y aura.

Je souris en me rappelant les paroles précédentes de Karel. Tous les hommes sont attentifs. Karel parle puis Rosso, puis Fiducia et cela pendant de nombreuses et longues minutes.

Rosso - Je pense que le compte y est

Karel - Non

Toutes les têtes se tournent vers Karel. Pourquoi refuser ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je fronce des sourcils et l'observe. Une lueur indéchiffrable passe dans le regard qu'il me lance.

Karel - J'y ajoute une clause

Rosso - Laquelle bon sang ?

Karel - Si Greta doit mourir alors elle mourra de mes mains

Un silence pesant prend place, j'ai une petite remontée qui prend possession de ma tranchée. Rosso n'était pas prêt à cette clause... il hoche quelques secondes après de la tête sans dire quoi que ce soit.

Moi - Karel

Karel - N'en rajoute pas

Il sait ce que je comptais lui dire, il sait que je refuse qu'il le fasse de lui-même, même si ça voudrait dire que je suis définitivement débarrassée de la personne qui a mis un terme à ma vie pendant des années. Il aura ôté la vie de sa mère et cela reste un profond traumatisme même s'il me dit le contraire..

Karel est connu pour ses prises de décisions hâtives et sans vergognes, ses choix qui ont de lourdes conséquences pour sa mafia, sa puissance en Italie et même ailleurs mais personne ne le connait comme moi j'ai pu le connaître ces derniers temps. Il a un coeur d'artichaut, il est en réalité un putain de gros nounours. Il est loin d'être l'homme sans coeur et sans empathie qu'on peut percevoir au premier abord.

Alors réussira-t-il à vivre avec le fardeau et le sentiment d'avoir tué sa mère bien qu'elle fasse partie de la pire des espèces ?

C'est quelque chose dont je doute fortement non pas que je n'ai pas confiance en ses paroles mais plutôt parce que derrière cela il veut me protéger et maintenir son rôle de justicier. Alors que non, il n'a aucun rôle à tenir pour moi, surtout lorsque cela met sa vie et sa santé en péril.

La réunion s'est terminée sur une note positive, chacun s'est éparpillé et une sorte de cocktail apré-réunion a eu lieu entre les deux mafias. L'atmosphère n'est pas si électrique qu'elle en avait l'air en arrivant ici, mais j'ai toujours des pensées négatives qui prennent possession de mon cerveau.

Cependant, une chose reste dans un coin de ma tête, comment mes empreintes se sont retrouvées sur la scène de crime bon sang ? Comment ? Cette question trotte dans ma tête depuis tant d'années. Cette personne devait être un proche ! Mais qui ? J'ai toujours été solitaire. J'ai eu deux amies qui m'ont lâché lors de ma sentence. Mais elles étaient bien trop peureuses pour faire ce type de chose.

Alors qui ?

Je soupire et replace correctement ma robe agacée par tout cela, mes talons, mon sac à main, cet esprit bling bling commençait doucement à m'énerver aujourd'hui. Comme si j'avais pas mieux à faire... et puis quoi ? N'est-ce pas moi qui a voulu cela ? Allier nos deux mafias ? Pourquoi tout ceci semble si hypocrite et si malsain au plus profond de mon âme et de mon coeur c'est ce que je ressens malheureusement.

Un serveur passe, je lui prend immédiatement un verre et le bois cul sec. En déposant le verre, j'ai comme une étrange sensation, j'ai le coeur qui bat de plus en plus vite, je me sens vaseuse, j'ai le corps qui tremble, j'essaye de chercher Karel du regard mais rien y fait, je ne le trouve pas.

Et c'était malheureusement trop tard, puisque je venais de perdre toute la force que j'avais, mon corps venait de s'écrouler au sol avec violence.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

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