KAREL« Le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de vaincre ce qui fait peur ».
Au moindre petit mouvement de sa part et je suis aux aguets. J'ai cette boule en moi qui me fait regretter de l'avoir emmené. Mais la dernière fois que je l'ai laissé seule une femme a pénétré la chambre et elle a dû voir des choses qu'elle n'aurait pas dû voir.
Cette réaction que j'ai à chaque fois que je la vois s'éloigner me compresse le coeur et commence fortement à me rendre malade. Je ne supporte plus rien d'où le fait que je sois si désagréable avec elle mais certaines émotions que je ressens loin et près d'elle me font devenir peu aimable. Je ne sais pas les gérer et je n'ai littéralement pas envie d'apprendre à les gérer.
Pourquoi ? Parce que je ne dois pas laisser place à ce type de sentiments dans mon coeur. Je suis loin d'être idiot. Je sais que je n'agis pas comme ça avec tout le monde et encore moins avec une femme. Alors je préfère garder mes distances et n'agir qu'en conséquence avec ce que je lui ai promis « mariés que sur papier ».
Cela fait quelques minutes qu'elle est aux toilettes. Je ne veux pas la presser mais son pipi est bien long. Je soupire et toque à la porte. Mais rien, aucun bruit. Je fronce des sourcils prêt à casser la porte mais elle s'ouvre lentement. Je ne comprends pas alors je m'approche de celle-ci. Une main se place sur l'encadrement de la porte mais pas n'importe quelle main, je reconnais les ongles parfaitement droits d'Erah, une main totalement ensanglantée.
J'entre vite en la bousculant tout en refermant la porte derrière moi. Elle est tétanisée, un corps est au sol sans vie. Une scène de crime, du sang et encore du sang. L'homme est pâle. Je ne comprends rien à ce qui se passe mais je n'ai aucunement le temps de comprendre je dois juste nous sortir de là.
J'attrape ses mains et les glisse sous le lavabo, l'eau enlève le sang encore frais. J'enlève ma veste et la mets par-dessus elle. J'enlève ma cravate pour l'accrocher sur le rebord de la fenêtre et la porte afin qu'elle sorte en première et arrive de l'autre côté de la villa. Elle réussit sans mal, je prends l'arme de l'homme au sol puis je rejoins rapidement Erah qui sanglote.
Je la porte et l'amène jusque l'arrière pour ne pas que les voitures ne nous voient. Je passe un coup de fil à mon chauffeur, il nous récupère et nous montons à l'arrière du van.
Erah a le regard vide, elle est muette, sa tête est posée sur mon torse. Tout le long du trajet, je peux entendre les battements de son coeur et j'ai bien peur qu'elle entende également les miens, ce qui me mets dans l'embarras mais actuellement je ne pense à rien d'autre qu'à la protéger de tout mal.
Moi - Nous sommes arrivés
Elle relève la tête tel un robot. Je comprends qu'elle est encore dans un état second. Alors, je sors du van en la portant délicatement. Bien qu'elle ait les yeux ouverts son corps n'a plus de force. Je pénètre dans ma villa sous les regards de mes hommes. Lorenzo a le regard fuyant. Je sais qu'il a parlé de Carla Da Vinci à Erah mais je réglerais ce souci plus tard. Les seules choses qui m'importent réellement sont la santé et la protection d'Erah.
Je l'amène dans notre chambre, Raya l'aide à se déshabiller mais je ne peux pas, je n'arrive pas à partir et détourner mes yeux. Alors, j'aide Raya à la mettre dans un bain tiède afin de l'éveiller. Elle a toujours les yeux ouverts mais le regard vide et lessivé.
Raya - Elle est ouverte du bras, je vais amener des compresses.
J'hoche de la tête et en attendant Raya je m'agenouille vers la baignoire et prend de l'eau dans mes mains pour doucement l'apporter sur le visage d'Erah qui ne scille pas d'un cil. Je sais qu'elle est sein nue, toute nue carrément mais rien, je ne veux rien voir si ce n'est qu'un regard à nouveau vivant.
Erah - Je l'..l'a..l'ai..t..tu..tué
Sa voix me sort de ma contemplation. Elle parle, elle vient de parler.
Erah - I..il allait m..me tu..tuer...ou m'enlever. Je s..sais pas..mais il alla..allait le..faire...il travaillait pour l'..l'organisation..il..me l'a dit Karel. Il m'..m'avait frôlé le bras...quand..tu..parlais avec certains h..ho..hommes... c'était lu..lui
Moi - Je sais et tu as bien fait de le faire Erah.
Erah - Il s'appelait Fred..Frederico.
Moi - Il t'as touché ?
Erah - N..non. Il m'a prise de court. Il était..rentré... par la fenêtre...il m'a surprise dans les toilettes.
Moi - Ça va aller Erah. Je suis là
Erah - C'es..c'est la première fois que je tue. Et je sens que c'est le premier meurtre d'une longue série et je crois que c'est ça qui me terrorise. J'aurais préféré être celle qui subit et non celle qui doit tuer pour vivre. En prison, j'..j'avais mal. Mal. Je souffrais...mais là j'ai ôté une vie et..putain Karel ça fait un mal de chien. C...comment on..on fait pour vivre avec ça dans la tête, hein ? Je vivais dans la peur constante en prison....et me voilà sortis pour revivre cette peur... j..j'sais pas ce qu'ils me veulent...j'en sais rien...j'étais juste une petite fille qui entrait à peine en faculté. Putain...
Et elle a fini par complètement craquer et pleurer. J'avais réussi à dissocier ses larmes de l'eau du bain. J'avais réussi à le faire parce que je connaissais ses larmes pour l'avoir tant de fois observé.
Erah, tu commences pleinement à me faire perdre les pédales parce que je suis rentré dans un engouement sans fin.
Je fais des choses que je n'aurais jamais fait en temps normal. Parce que je ne suis pas de ceux qui ressentent de la peur pour une personne et une envie viscérale de les protéger au péril de leur propre vie. C'est mon putain de cas avec toi.
Moi - On vit pas. On survit avec.
Et doucement mes mains venaient se loger autour d'elle. Trempé, j'étais trempé à la limite de rejoindre son bain mais je voulais la sentir près de moi pour qu'elle sache que je suis présent pour elle.
Et je crois qu'avec ou sans les promesses que j'ai pu faire à Ernesto et au mien, ça aurait été pareil.
Lorenzo avait raison même s'il ne me l'a jamais dit honnêtement je l'ai compris à son regard. Je suis un un patetico bugiardo (pitoyable menteur), bordel.
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Olalala Karel qui se livre... 🥲🫶🏾
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TRAPPOLA
General FictionErah, enfermée à tord depuis 6 années dans l'une des plus dangereuse et criminelle prison d'Italie. Entre mensonges et vérités, la vie d'Erah s'engouffrera dans un terrible tourbillon de violence et de manipulation. Jusqu'à ce qu'elle fasse la renc...