61 | Trahison extrême

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ERAH



J'avais eu des doutes, dès lors où je l'ai vu devenir assez distant. J'ai compris que quelque chose se tramait mais je n'aurais jamais imaginé qu'il nous trahissent à ce point. Il a passé plus de la moitié de sa vie à être au service du père de Karel, puis au sien.

Comment a-t-il pu ? Comment a-t-il pu pointer une putain d'armes sur l'homme qui a toujours partagé sa vie professionnellement parlant comme amicalement parlant ? Sa dernière phrase était lourde de sens, mais j'avais compris ce qu'il comptait faire. Alors, je n'ai pas réfléchi et je me suis positionnée directement devant Karel jusqu'à ce que le bruit retentisse simultanément.




Je savais que je venais de me manger la balle pour lui, je savais que j'avais suivi mon coeur et mon âme. Je savais que Karel allait m'en vouloir à vie, mais je n'allais pas laisser Lorenzo avoir son plaisir et tirer sur Karel pour le tuer sous mes yeux. Je refuse d'être condamnée à ces images, est-ce un choix égoïste ? Je n'en sais rien.

Mon corps s'est par la suite effondré, j'ai juste entendu des pas courir vers moi et d'autres s'en aller rapidement. J'avais compris....


J'allais enfin rejoindre papa, maman et notre bébé. J'en avais terminé avec cette vie là. Ma souffrance maximale a été atteinte et j'allais dorénavant laisser un Karel seul mais qui referait sa vie pour enfin goûter au bonheur loin de mes emmerdes et moi.

Peu à peu, je vis les étoiles puis les cris de Karel mais aucun son ne parvenaient à mes oreilles. J'étais impuissante, je n'avais qu'un petit sourire qui se dessinait sur mes lèvres. Je voulais lui transmettre un message : « Je suis heureuse de partir Karel, ne t'en fais pas. Je ne te causerai plus aucun tord désormais ».







Et je n'ai plus aucun souvenir, car ce n'est pas uniquement mon âme qui partait, mais c'était aussi tout ce que j'avais construit, tous les moments de bonheur et de tristesse, les éclats de rire et les larmes versées. Tout s'effaçait doucement, comme si le vent emportait les pages d'un livre ancien, laissant derrière lui une blancheur immaculée.

C'est comme si le monde continuait sans moi, et moi, je devenais une ombre, une trace éphémère dans la mémoire de ceux que j'avais aimés. Mon existence s'évanouissait, mais il restait encore cet amour, fragile et indélébile, que j'avais semé dans les cœurs de ceux qui comptaient pour moi.

Mais au-delà de cette blancheur, une lumière persistait, douce et chaleureuse : celle de Karel, mon mari. Karel, avec ses yeux remplis de tendresse, ses mains qui savaient apaiser mes peurs, sa voix qui résonnait comme une mélodie familière. Il était ma boussole, mon étoile du Nord, celui qui me guidait même dans les nuits les plus sombres.

Chaque instant passé à ses côtés était gravé dans mon cœur, chaque sourire échangé, chaque promesse murmurée. Karel, avec sa patience infinie, avait su transformer les jours ordinaires en souvenirs précieux, et ses gestes d'amour en trésors éternels. Même si la mémoire me faisait défaut, la sensation de son amour restait gravée en moi, indélébile.

Karel, mon amour, tu es la partie de moi qui ne s'effacera jamais, même quand tout le reste s'évanouira. Dans cette lumière douce où je m'en vais, je te porte avec moi, à jamais lié à mon être, au-delà de l'oubli.

Et maintenant, je m'apprête à rejoindre ceux que j'ai aimés et perdus tragiquement. Mes parents, dont la vie a été fauchée si brutalement, m'attendent de l'autre côté. Leur absence a laissé un vide immense, une douleur sourde qui ne m'a jamais quittée. Je les retrouverai enfin, dans un endroit où le chagrin n'existe plus.

Je rejoins aussi notre enfant, emporté bien trop tôt. Sa perte a brisé quelque chose en moi, une blessure qui ne s'est jamais refermée. Le voir, sentir son étreinte imaginaire, apaisera peut-être cette souffrance infinie.

Maya, ma chère amie, partie dans des circonstances si tragiques à cause de ce plan foireux. Une balle dans la tête, un coup fatal qui hantera mon esprit même en partant. Sa mort a été un coup dur que je n'ai même pas pu réaliser, une perte irrémédiable. Son souvenir me hante, et je vais à elle, cherchant la paix que nous n'avons pu trouver ici-bas.

Et puis il y a Lorenzo. Sa trahison, un poignard planté dans notre confiance. Je sais que sa trahison, ajoutée à ma propre disparition, anéantira Karel. Lorenzo, dont l'acte de trahison a scellé tant de destins, sera la source d'une douleur incommensurable pour mon mari. Cette pensée me ronge, même dans ces derniers instants.

Karel, je suis désolée de te laisser face à cette tempête. Mais sache que, malgré tout, mon amour pour toi est éternel. Même au-delà de ce monde, je veillerai sur toi, espérant que tu trouves la force de surmonter cette épreuve. Tu es plus fort que tu ne le crois, et même si l'avenir semble sombre, n'oublie jamais la lumière que nous avons partagée.



Je suis Erah, l'épouse de Karel, le capo. Et aujourd'hui, je venais de rendre mon dernier souffle.




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Nous approchons de la fin.

TRAPPOLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant