Chapitre 62

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Dans la matinée, en plein centre de Séoul, la neige continuait à tomber. Le mois de janvier s'annonçait glacial. Très peu de riverains circulaient dans les rues.

L'institut de beauté, Love nails and unicorns, s'apprêtait à accueillir les premières clientes du matin.

Une employée de l'établissement du nom de Julia tenait entre ses mains une tablette avec la liste des rendez-vous. Elle enfila discrètement à l'arrière de la boutique son masque chirurgical et se motiva pour débuter la journée.

A 8h00, la première cliente s'installa, elle portait un chapeau de cow-boy noir. Elle se saisit du catalogue qui affichait les différents styles de faux ongles. La jeune femme feuilleta chaque page et prit le temps d'analyser le moindre détail des motifs.

Julia, souriante derrière son masque, accueillit chaleureusement la cliente dans une salle VIP.

— Bonjour, je vous prie de me suivre.

La femme souriante se leva et l'accompagna sans hésiter.

Julia prépara le matériel dans une salle voisine. Elle remarqua un ordinateur relié à un système sonore et entama une recherche sérieuse pour diffuser la musique d'ambiance.

Soudain, la cliente releva la tête en écoutant le son qui jouait. Jolene de Dolly Parton. Inquiète, elle se leva par réflexe.

Julia, surprise, se rendit dans la même salle que sa cliente et la découvrit paniquée.

— Tout va bien ?

— Euh, oui... C'est étrange j'aime beaucoup cette chanson, réagit la femme fatalement. Je m'y attendais pas du tout.

— On appelle ça une coïncidence ! Vous avez choisi votre modèle ? développa Julia.

— Oui, je vais choisir le Fruit du dragon avec les reliefs en or.

— Bon choix, c'est le plus long à réaliser, confirma la salariée en se mettant en condition. Avant ça, vous avez droit à un peu de détente. Prenez place sur le siège, je vais vous faire le soin des pieds.

La cliente prit place et remarqua quelque chose d'inhabituel.

— La gérante n'est pas là ?

— Elle est en vacances, divulgua Julia qui commençait les soins.

— C'est nouveau ça ! lança la consommatrice, à chaque fois que je viens la voir, elle n'arrêtait pas de me dire qu'elle n'avait pas le temps pour les vacances.

La jeune femme sentit une sensation étrange, comme si ses jambes étaient en train de s'engourdir. Sans tarder, elle sortit les pieds de l'eau. Couteau à la main, elle planta Julia dans le bras. Cette dernière se retira et dégaina un canif à son tour.

— Parfois, les gens changent quand ils reçoivent de l'argent. N'est-ce pas, Lili Yoon ? Ou devrais-je dire Jolene ?

— Qu'as-tu mis dans le bain de pieds ?

Julia ne répondit pas. Agacée, Jolene sortit de sa poche son arme à feu mais Julia eut le réflexe de lancer sa lame pour le faire tomber. Sans réfléchir davantage, Jolene dégaina une nouveau revolver et tenta de tirer sur son ennemie.

La musique d'ambiance tournait en boucle et semblait booster l'assassin de rang. Elle laissa partir une balle sur l'esthéticienne, Julia, qui esquiva en se cramponnant au sol.

— Sors de ta cachette, Fati ! menaça Jolene qui sortait ses pieds de l'eau.

Fati retira son masque chirurgical et exécuta fièrement l'ordre de la meurtrière.

— Bravo ! applaudit-elle.

— Il n'y a que toi pour te battre à l'ancienne. Tout le monde utilise des armes à feu, se moqua Jolene. Comment as-tu su que je venais ici ?

— Eh bien, disons que mes contacts ont un bon sens de l'observation. Il n'y a que toi qui aimes la manicure extravagante.

Jolene repensa à sa rencontre avec Bom à l'hôpital de SCH. Elle faisait le lien.

— Tu as fait une erreur ma belle, je vais devoir t'éliminer ! lança Fati en fonçant sur sa proie.

L'assassin de Bokyung évita l'attaque frontale de son adversaire. Fati continua ses assauts avec un couteau qu'elle enfonça dans l'épaule de sa cible. Cette dernière pivota légèrement et se saisit d'une bonne poignée de vernis qu'elle balança sur la tête de sa rivale.

Déstabilisée un petit instant, la Vampiresse albinos se défendit. Son ennemie, Jolene, tira au niveau de ses cotes. Fati grimaça de douleur et se laissa tomber au sol.

Jolene, méfiante, se rapprocha de sa victime. L'arme toujours braquée de face, elle avança délicatement.

— C'était tellement facile ! s'exprima Jolene.

Tout d'un coup, l'assassin se sentit mal. Elle tituba au point de perdre l'équilibre. Ses jambes tremblaient et sa peau témoignait d'une réaction allergique soudaine. Jolene remarqua le bas de son corps s'écrouler petit à petit, impuissante. Son arme à feu lui échappa des mains.

— What ?

L'assassin s'effondra au sol avec l'incapacité de bouger les pieds. Sous ses yeux, Fati bougea et se releva. Elle retira une couche épaisse qui avait servi de protection. Celle-ci réduisit l'impact de la munition au niveau de sa cote.

— Tu veux que je te dise enfin ce que je t'ai fait ?

Jolene ne répondit pas. Elle avait des difficultés à bouger les lèvres.

— J'ai mis un produit paralysant dans ton joli bain de pieds. Je vais me charger de toi, en te découpant morceaux par morceaux, miam. Ensuite, je t'enverrai chez ta patronne.

— Bitch, cracha Jolene laborieusement.

— Ce n'est pas la réponse que j'attendais, hélas...

Fati bâillonna la femme et laissa la musique en fond. Elle quitta l'institut et se dirigea vers son van personnel. Dans une autre salle, la patronne de l'établissement avait été attachée.

Jolene se retrouva sur la banquette arrière, pendant que Fati conduisait.

— Bom aura l'esprit tranquille, rit la kidnappeuse en délire.

— A ta place, je ne ferais pas ça... s'enquiquina la jeune femme.

— Intéressant, je t'écoute.

La prisonnière ouvrit la bouche péniblement et poursuivit son discours.

— Rien n'échappe à ma patronne... si elle apprend ce que tu comptes me faire, elle te retrouvera et te tuera de la même manière.

La Vampiresse albinos afficha une expression décontractée et rejeta l'avertissement de Jolene. Elle suivit l'itinéraire le plus rapide pour se rendre dans sa planque.

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