La Fourmi Fantôme

Chapitre 5

« Rapport d'observation n°87SyI212- Aile du corps d'avenir - Secteur Recherche :
Lors d'un processus informatique de défense, le système multiplie les calculs avec la première priorité à sa sauvegarde, indépendamment de son fonctionnement. Si un virus menace son fonctionnement, il est capable de bloquer ses facteurs de perception et de s'éteindre jusqu'à l'enclenchement manuel. Compte tenu du fonctionnement biologique du cerveau et du fonctionnement informatique d'un système, nous pourrions envisager un système d'interruption pour limiter les dégâts de surcharge du corps pensant. »

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Une explosion. Kian sursauta, se tourna et leva la tête. Un transformateur en hauteur avait disjoncté et alerté tous les gardes postés autour de la prison. Sous tension, la plupart vérifièrent qu'aucune manœuvre de diversion n'était en cours, puis se remirent en poste, attentifs. Ses poings tremblants contre son casque antibruit, le nettoyeur regarda les étincelles crépiter autour des fils et les habitants les plus rapides se jeter dessus pour les éteindre. Ici, le plus petit incendie pouvait réduire un dôme entier à néant.

Kabelo, son guide, garda sa main augmentée sur son arme de défense et invita l'homme à le suivre près du bouclier instauré par l'armée. Depuis la récente contre-attaque de Nwelwe, les forces militaires avaient pris des précautions supplémentaires pour se protéger de toute offensive, et cela commençait par la facilité avec laquelle les intrus pouvaient s'approcher. Sans laisser-passer, personne ne pouvait franchir le bouclier électromagnétique instauré autour de la prison 3 sans subir une électrocution lourde.

- Veuillez ne pas approcher de la barrière, répétaient en boucle les drones de surveillance.

Kian les vit, perchés à quelques mètres au-dessus de sa tête, alignés le long du bouclier pour prévenir de tout danger envers les imprudents qui se seraient essayés au défi. Leur caméra enregistrant tout mouvement, elles analysaient les flux environnants et les menaces qu'ils auraient pu emmener avec eux.

- Steyn, c'est par-là ! lança Kabelo, plus loin.

Le nettoyeur fixa les drones, anxieux. L'un d'eux le dévisagea. L'homme tourna alors le regard et serra les anses de son sac dos, décontenancé. Il ne reconnaissait rien, ni les rues, ni les immeubles, à peine la configuration des bâtiments autour de lui, comme si l'ensemble du quartier avait muté en seulement deux années. Le dôme 3 avait changé de visage pour s'adapter à la nouvelle population qui le fréquentait.

- Steyn, bouge ! s'agaça Kabelo. On a pas que ça à foutre.

Kian pencha la tête d'inconfort et s'exécuta. Concentré sur ses pas, il avança de quelques mètres et s'arrêta derrière son guide, en pleine conversation avec les gardes de la prison. D'un geste sec, il passa sa main sur sa digipuce et montra son laisser-passer avec l'ordre de mission donné par le niveau 1. Les militaires vérifièrent son authenticité avant d'acquiescer et de laisser passer les deux nouveaux venus. Une porte apparut à travers le bouclier.

- Bon courage, souhaita l'un d'eux.

Kian suivit de près Kabelo, plus concentré sur l'alignement de ses bottes sur le béton fissuré que sa proximité avec son guide. Lorsque les premiers débris troublèrent le lisse de l'esplanade, il s'arrêta, détailla les fragments dispersés et les traces de sang abandonnées sur certains d'entre eux, avant de les contourner d'un mouvement prudent. Traverser le champ de gravats s'annonça bientôt compliqué. Les lignes se troublaient, les chemins se confondaient, tant et si bien qu'il finit par s'immobiliser au milieu des décombres de l'attentat sans savoir où mettre les pieds. Kabelo, de l'autre côté, soupira. Ses supérieurs l'avaient prévenu que leur nouveau technicien demanderait un niveau d'adaptation, mais cela le fatiguait déjà.