Chapitre 12.1

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« Note :
Penser à acheter un anneau à la recyclerie de Périphérie-sud-3 pour Alma. Elle a dit oui. »

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— Par-là ! hurla Tshepo aux soldats derrière lui tandis que les portes de la base s'ouvraient. Les blessés grave à l'infirmerie, les autres dans la salle commune !

— C'est quoi ce bord... lâcha Alan avant de sceller ses lèvres.

L'infirmier s'écarta du chemin pour laisser les membres de la base se traîner jusqu'aux tables d'auscultation, aux sièges libres, aux malles stables et tout autre surface qui aurait pu leur permettre de se procurer les premiers soins sans manquer d'aggraver ses blessures. Alan rejoignit assez vite l'infirmerie pour faire l'inventaire de ses stocks et les blessures urgentes qu'il devait traiter. Il n'aurait d'autre choix que de prioriser, sans quoi Nwelwe connaîtrait de nouveaux morts.

Sur les quelques dizaines qui s'étaient rendus à D1, un peu plus de la moitié était revenue, la plupart blessés, sinon en train de supporter un compagnon à la plaie trop grave pour se mouvoir seul. Margaux rejoignit la salle commune pour faire soigner sa jambe, Tshepo son crâne, Errol passa en chirurgie prioritaire pour recoudre son abdomen, mais nombre d'alliés n'avaient pas eu la chance de survivre jusque-là. Deux tireurs avaient traîné le corps sans vie de Thembi jusqu'au cœur de la base, dans le maigre espoir qu'on puisse lui offrir de quoi se réveiller, en vain. Le corps de Sifiso, quant à lui, avait été abandonné dans la Périphérie de D1, trop lourd et encombrant pour assurer la survie de ses partenaires. D1, le pôle énergie, les relations avec le marché rouge et l'alliance avec les utopistes des souterrains, un large éventails d'informations avait été transmis au gouvernement avant même qu'ils n'aient réellement enclenché le plan d'attaque du dôme.

Durant plusieurs jours, la base devint un chaos où infirmiers et soldats se relayaient pour assister les plus mal en point. Alan passa deux nuits à courir entre les couchettes improvisées, recoudre et cautériser les plus gravement atteints. Accompagné de recrues qui pouvaient encore se mouvoir correctement, il lança les directives, organisa des infirmeries sommaires et échangea avec Moses pour gérer les ressources de compresses et de désinfectant. Tandis que les équipes extérieures parcouraient les dômes alentours pour récupérer de quoi subvenir aux besoins vitaux des blessés, Nwelwe essayait misérablement de se relever. Errol enchaînait les chirurgies et les crises psychotiques, Emily essayait tant bien que mal de le maîtriser, Joan négociait les provisions pour éviter de se rappeler la mort, et Mason se chargeait tant bien que mal de la sécurité générale en attendant une nouvelle alerte de Kai. Parfois, les hurlements du chef de Nwelwe vibraient jusqu'à lui, mais la plupart du temps, seul un silence mortuaire pesait sur les murs froids de la salle des opérations.

L'ancien chef de troupe développait les itinéraires des équipes d'intervention extérieure sous les analyses de Moses pour limiter leurs pertes autant que possible, conscient que Nwelwe entrait dans une sombre période de son existence où sa vulnérabilité demeurait plus tranchante qu'à n'importe quel coup dur qu'elle avait eu à affronter. Entre les attaques de paniques, les crises psychotiques liées à l'oemfeim trop inhalé, il avait à peine le temps de contrôler les commandes passées à travers les dômes qu'il devait courir pour éviter à un soldat de se donner la mort. Alan fatiguait, Moses abandonnait, Errol restait absent, Emily à ses côtés. Il était seul, et écrasé sous une montagne de responsabilités qu'il peinait à prioriser. Les mains encore pleines du sang qu'il avait contenu plus tôt, il essuya ses doigts sur son pantalon et contrôla sa correspondance avec Sizwe. Il acceptait une livraison exceptionnelle le lendemain. Mason soupira, accepta, crypta les données et repassa sur la carte tridimensionnelle qui surveillait les troupes ennemies, bien plus nombreuses qu'auparavant.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant