Chapitre 9.2

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Kian envoya les informations demandées sur sa digipuce. Margaux avança et jeta quelques coups d'œil à la projection holographique. Des organismes artificiels sensibles aux ondes magnétiques, obligés de se repérer grâce aux capteurs à l'avant de leur tête, capables de lancer des salves lasers pour souder ou se défendre ; un joyeux bordel si elle se retrouvait nez-à-nez avec.

La terroriste progressa dans les conduits, alerte, tandis que le technicien qui l'aiguillait brouillait les alertes de Bea. Avec le temps dont il disposait, il ne pouvait pas attaquer directement l'intelligence artificielle, il devait se débrouiller pour détourner son attention et modifier l'ordre de ses tâches prioritaires. Les données concernées par l'intruses dans les murs de la prison 3 seraient traitées plus tard.

— Pourquoi tu m'aides ? osa enfin Margaux lorsqu'elle eut atteint le quatrième étage.

Kian gratta la plaie à son bras et reprit ses lignes de codage. Aucune réponse ne parvint à Margaux.

— Kian ? chuchota-t-elle.

Oui.

Il n'allait pas répondre. Il ne le pouvait pas. S'il avait pu formuler la façon dont ses pensées et ses sentiments s'entrechoquaient, il ne se trouverait pas ici à lutter contre son besoin de se faire mal plutôt que l'aider.

Margaux ne chercha pas plus loin, trop consciente du danger. Muette, elle observa les allées et venues des gardes du niveau 5, attentifs au moindre détail. Elle pouvait ponctuellement se battre contre des hommes et des femmes de l'armée, Joan avait après tout veillé à ce qu'elle le puisse, mais pas autant au même endroit, ni en son état.

— Kian, appela-t-elle à nouveau.

Oui.

— Tu sais comment je peux retrouver mon père sans me battre contre eux ?

Oui.

Elle attendit. Après quelques secondes de silence, et le son des droïdes derrière elle rapproché, elle soupira et ajouta :

— Dis-moi comment faire, s'il te plaît.

Kian traversa la sécurité pour retrouver les caméras du niveau 5. Une quinzaine de gardes s'y trouvaient, fixes ou mobiles, armés de fusils à propulsion et de couteau. Le technicien entra leur visage dans la base de données et extrait leur profil mécanique : modèle de puces, améliorations déclarées, prothèses. Il transféra les informations dans le programme, rédigea l'ordre des tâches et les transféra sur la digipuce de Margaux au moment où elle s'apprêtait à l'appeler de nouveau. Lorsqu'elle lut qu'il fallait qu'elle descende, un rire lui échappa.

— Je veux pas mourir, mec, je veux sor...

Plusieurs étranglements résonnèrent. Le corps de la quasi-totalité des gardes tomba, paralysé. La contraction de leurs muscles s'arrêta à l'amorce de leur mouvement, contrainte par l'impulsion électrique que leurs puces de communication interne avait lancée dans leur corps. D'abord hébétée, Margaux bredouilla un « merci » avant de pousser la grille et de descendre. La carte devant elle, elle regarda de chaque côté du couloir avant de se lancer à la recherche de la salle où se trouvait son père. Son corps percuta celui d'un homme au bras renforcé. Elle chuta.

— Merde.

Le canon du fusil à propulsion se dirigea vers elle. Elle roula sur le côté, se releva, échappa au tir, puis au coup, et passa entre les jambes du garde pour esquiver une nouvelle attaque. L'homme lui attrapa les cheveux et la ramena à lui, mais alors qu'il s'apprêtait à pointer son canon sur sa tempe, son geste se figea.

Temps arrêté à 5 secondes.

Margaux ne prit pas plus longtemps pour se défaire et détaler à toute enjambée. Elle traversa la première salle, que quelques scientifiques occupaient, avant de se précipiter vers le sas de sécurité qui séparait la cellule.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant