Chapitre 1.1

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« Note :
Un jour, j'aimerais vraiment que le monde nous offre une chance de vivre. »

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Protégez nos vies des conspirateurs de Nwelwe et rejoignez de réseau d'information de Neo-Bloemfontein, résonnait la voix de l'annonceuse à travers l'écran publicitaire géant du cœur du dôme 2 tandis qu'une série de visages défilait. Toute aide sera récompensée à hauteur de primes, jusqu'à deux cent mille crédits. N'oubliez pas leurs noms, et livrez-les à l'Humanité.

Margaux étouffa un rire nerveux. Les mains dans les poches de sa veste, son masque à purification d'oxygène greffé sur le visage, elle observait la propagande des dômes résonner entre les tours de la ville comme un mantra que personne ne devait oublier. Certains passants s'arrêtaient pour suivre l'actualité, sinon interpellés par l'appel de l'argent, mais la plupart passaient leur chemin sans s'en formaliser.

Depuis l'entrée avérée de la Fourmi Fantôme dans les rangs de Nwelwe, les dômes s'étaient divisés. La dernière attaque de Nwelwe ne s'était pas déroulée comme prévu et avait entraîné des dégâts lourds sur les infrastructures de la ville, poussant nombre de partisans du peuple à se méfier de leurs actions. Une grande majorité du marché violet s'était retourné contre eux pour vendre leurs informations, la collecte substances chimiques demeurait entravée par le marché rouge, et chaque quartier recélait plusieurs troupes armées organiques et mécaniques à l'affût de leur présence. En quelques semaines seulement, Neo-Bloemfontein s'était transformé en terrain de traque et de guerre silencieuse ou la surveillance prédominait sur la violence.

— Hey, Jo', regarde ! appela Margaux en poussant du coude son mentor. T'as eu une promotion !

De mauvaise humeur, l'ancien militaire leva ses yeux cernés vers l'écran publicitaire et plissa des yeux. Ébloui, il passa une main devant lui, jura, baissa la tête et retenta. Son visage était placardé sur les écrans des tours principales, au-dessus de sa prime : cent cinquante mille crédits. Elle avait plus que doublé. Il secoua la tête, reporta son attention sur sa digipuce, exempte de toute alerte, et frotta son visage fatigué. Il n'avait même pas l'énergie d'en rire.

— Oh, vas-y, sois moins relou, pour une fois ! la taquina la jeune femme. C'est la classe, quand même. Je suis toujours bloquée à deux cent mille alors que c'est moi qui me bouge le plus le cul !

— J'parie que j'te dépasse la semaine prochaine, grogna Joan en surveillant les hauteurs de la ville.

— Laisse tomber, mec, je vais t'exploser. C'est encore moi qui serai sous le feu des projecteurs, pas toi.

Joan secoua la tête et esquissa un rictus amusé. Sa vapoteuse vide entre les lèvres, il s'accouda au garde-corps de l'escalier de liaison inter-étage et observa la place en contrebas. Les travailleurs de nuits et de matinée s'entrecroisaient pour retrouver les tours de travail, les logements d'appoint ou les stations de métro suspendu. Le manque d'oemfeim le travaillait, surtout lorsqu'il devait attendre et que sa nuit s'était résumé à trois cauchemars entrecoupés de vingt minutes de sommeil chacun, mais sa promesse envers Alan l'empêchait de céder. Il avait trop donné pour se sortir de cet enfer, et même si l'oemfeim l'appelait de temps à autre, il était parvenu à ne presque plus y penser.

Margaux s'accouda à côté de lui et observa les passants, les yeux ponctuellement rivés sur les écrans. Elle s'occupait comme elle le pouvait. Tant que le contact de Joan ne lui donnait pas de lieu de rendez-vous, elle n'avait d'autre choix que de patienter à ses côtés.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant