Chapitre 21.1

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« Rapport d'observation n°4P621 – Sommet de la Gestion – Contrôle de la population :

Fréquence des débordements psychotiques chez les individus militarisés en augmentation. Dépendance aux antipsychotiques, antidépresseurs et analgésiques figée à 76%, en légère baisse. Demande d'étude sur l'anesthésie émotionnelle basse envoyée. »

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La remontée vers le niveau avait causé de lourdes pertes, et fragilisé nombre d'infrastructures que les droïdes s'étaient empressés de réparer ou consolider. Les rangs de Nwelwe s'étaient clairsemés, meurtris par l'armée nationale, mais nombre d'entre eux avaient survécu et s'étaient réfugiés dans les réseaux étroits et souterrains de la dalle du niveau 2, d'abord dispersés aux quatre coins du plateau, puis réunis sous une tour dont les sous-sols demeuraient impénétrables.

La mise à jour des cartes des soldats relevaient d'un miracle apprécié par le groupe. Grâce à l'envoi des nouvelles propriétés, que Kian avait pris soin de partager, se déplacer en sûreté dans le niveau 2 était plus aisé. Invisibles aux yeux de Bea, invisibles aux yeux des capteurs anesthésiés par les programmes de corruption de Kai et Kian, les membres de Nwelwe étaient parvenus à se forger un abri temporaire le temps de récupérer l'ensemble de son corps d'expédition et soigner les quelques blessés de son camp. Relâchées aux quatre coins du plateau, les différentes unités avaient repris leurs objectifs et s'assuraient de couvrir le secteur dans l'attente de la prochaine offensive.

Le niveau 2, partagé entre la chasse aux rebelles, la réparation des structures et la réinitialisation des Bea, se défendait tant bien que mal et organisait ses modules d'attaque sur la traque humaine et informatique. L'armée, toujours occupée à stabiliser les tensions du niveau 0, avait déplacé ses effectifs en partie supérieure pour assurer la défense des principaux Penseurs et combler les failles éventuelles de l'étage. Le but était de contrer et englober Nwelwe avant qu'elle ne fasse plus de dégâts. Et bien que certains de ses membres s'aventurent un peu trop près de leurs propres groupes, la plupart demeuraient invisibles à leurs yeux.

Dans le chaos d'attaque, de diversion et de recherche, Errol s'était arrêté dans une des caves d'une tour de recomposition moléculaire, Emily à ses côtés. Il n'avait pas eu beaucoup de temps pour repenser sa stratégie d'avancée et disperser les membres actifs du corps d'expédition, mais une fois les unités retournées à leurs objectifs, il avait pu réparer la blessure de sa femme et constater que sa prochaine offensive serait peut-être facilitée. Maintenant qu'il avait retrouvé ses alliés manquants, attaquer le dôme lui paraissait bien moins insurmontable. Ils manquaient de soldats, il était vrai, mais la force de frappe ne relevait pas dans le nombre d'hommes et de femmes qui pouvaient rejoindre ses rangs, elle résidait dans sa capacité à faire des dégâts et pousser à l'abdication.

La blessure d'Emily pansée, le chef de Nwelwe se releva et se tourna vers son frère. Kian observa le geste nerveux de ses mains entortillées dans son élastique, ses pas hésitants balayant la salle à intervalles réguliers, sa façon de pivoter vers lui régulièrement. Il le regardait, comme pour s'assurer qu'il était bien là, parmi eux. Il ne tarda pas à abdiquer et s'arrêter devant lui, plus franc. D'un geste vif, il s'accroupit et le détailla. Kian baissa les yeux pour mieux se concentrer.

— Tu peux pas savoir à quel point je suis soulagé de te voir, lâcha-t-il.

— Non.

Errol pinça un sourire et soupira, avant que Kian n'ajoute :

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant