Chapitre 20.2

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Le suivi de position des troupes avait fini par orienter le petit groupe en périphérie de la Tour Connectée, dans un quartier annexe à l'écart, entre le plancher du niveau 1 et les ressources techniques qui régulaient l'air, l'humidité et la luminosité du niveau zéro. Abritée dans une alcôve de moins de deux mètres de hauteur, entre les conduits et le souffle brûlant de contrôle de des températures des serveurs informatiques du niveau, Nwelwe récupéré de sa précédente montée entre deux attaques. La plupart bricolait des cautérisations et des soins d'urgence avant la dernière montée, ou rechargeaient leurs batteries avant le prochain assaut.

Errol se trouvait auprès d'Emily, dont la cuisse entaillée saignait abondamment, lorsque Joan, Margaux, Kai et Tshepo retrouvèrent le cœur du groupe. À la vue de Tshepo, le chef de Nwelwe lui envoya son dispositif de suture et de désinfection d'urgence et s'empressa de forcer la cicatrisation de la plaie de sa femme qu'elle ne perde trop de sang. L'arrivée de l'armée près de leur secteur d'action avait fait quelques dégâts, mais leurs pertes demeuraient minimes.

— Où est Kian ? lança-t-il en refermant l'entaille.

— Avec Tempo, renseigna Joan. On a perdu sa trace au troisième serveur.

Errol se figea. Soudain plus grave, l'homme se redressa, s'approcha de l'ancien militaire et le saisit par le col.

— Je vous avais dit de le protéger. C'était la priorité.

Les deux chefs d'unité ne répondirent rien. Si Joan se sentait assez coupable sans qu'il n'en rajoute, Tshepo préférait se concentrer sur les vertiges qui l'assaillaient plutôt que gaspiller de l'énergie à répondre. Lorsque tenir debout devint trop pénible, il tituba jusqu'à un tuyau de ventilation, s'assit dessus et leva son t-shirt. Une poche de sang se formait.

— Putain... jura-t-il.

Il palpa sa blessure avant de grimacer. Errol leva les yeux, soudain plus tendu. Il s'approcha du soldat, saisit son couteau et rouvrit la plaie cautérisée de l'homme. Le sang coula. Nauséeux, Joan tituba, s'éloigna et vida le contenu de son estomac plus loin. L'odeur de fer qui occupait la base temporaire de l'organisation le poussait déjà à bout, mais la blessure de son acolyte avait eu raison de lui.

— Quelqu'un a un laser dans le coin ? hurla Errol.

Une femme lui lança l'objet d'un cri d'alerte. Son supérieur le réceptionna, plongea alors dans l'abdomen de l'homme et s'occupa de limiter la casse un temps. Joan se redressa, tremblant, et les évita du regard. Il ne pouvait pas.

— T'aurais pu mourir, abruti, accusa Errol à son dernier chef d'unité. Tu vas même sûrement crever, vu ton état. À quoi tu pensais, bordel ?

— À ramener le gamin en un seul morceau.

Errol se tourna vers Kai dont le teint mate avait viré au gris. Il alterna entre les deux hommes avant de baisser les yeux. Joan, qui s'était assis près de lui, pressa son épaule en guise d'encouragement.

Mason apparut derrière eux, et posa ses mains sur leurs têtes. Kai s'empressa de serrer son père dans les bras tandis que Joan se tendit un peu plus. Il savait que son coéquipier tentait de le rassurer, et il savait pourquoi. Tout comme lui, il les avait vus : des morts à perte de vue, des cris, et tout ce sang maculant un champ de bataille que personne n'avait souhaité. Mais ce qui venait d'arrive n'était que le début d'un autre chemin encore plus sinistre, car si l'armée rappliquait déjà, alors nul doute que les défense avaient été placées au niveau 2.

— Tu tiens bien le coup, constata Mason.

— Moins que tu le penses... souffla Joan en portant sa main à sa bouche lorsque la nausée le prit. J'ai perdu Kian.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant