La Fourmi Fantôme

Chapitre 6

« Rapport d'observation n°15B08– Aile de la sécurité – Analyse de données :

C'est marrant. Je sais pas si je dois le signaler ou pas, mais ça restera dans le système quand même. Parfois, je regarde les calculs, et j'ai l'impression de voir un truc. Dès que je le regarde, c'est plus là. Il faudra peut-être surveiller à l'avenir, Bea doit fatiguer. »

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— Mais c'est pas lui qui était censé réparer ça ? s'indigna Innocent.

— Me r'garde pas comme ça, répondit Kabelo, agacé. J'nous l'ai ramené sous ordre du niveau 1, j'en sais pas plus.

Alors que la plupart des gardes avec une formation mineure s'occupaient de minimiser les dégâts causés par la surtension et limitaient les risques d'incendie, une unité de gestion s'était réunie dans le réfectoire pour faire le point sur les problèmes à résoudre dans les prochaines heures en urgence. Innocent, qui avait laissé To au bureau de contrôle pour sauver ce qu'il pouvait, présidait le groupe, épaulé par Marthinius, chef de la garde des trois premiers niveaux souterrains, puis Kabelo, celui des zones intermédiaires, et enfin Jan, maîtres des trois strates les plus à risque. À leurs côtés, Kian, accroupi sur sa chaise, les poings agités, Fatima, la gestionnaire des ressources de la prison, et Claudia et Thulani, les techniciens mineurs qui géraient les réparations physiques basiques de la structure. Chacun d'entre eux possédait un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la prison, un rôle qui ne pouvait être remplacé ou compensé tant qu'il n'était pas rempli.

Innocent balaya du regard le groupe, agacé, et vérifia l'heure. Il s'était donné une heure pour établir une stratégie de gestion de crise, et déjà dix-sept minutes avaient passé. Entre les cyberattaques qui fragilisaient les informations détenues dans les serveurs, les risques de départ de feu causés à tous les étages et le blocage des cellules incertains, ils s'enfonçaient sous les charges et les obligations. Ils devaient déterminer la faille et trouver les moyens de se défaire de cette crise avant que Taryn Mogale, la Penseuse en charge des Exécuteurs carcéraux, descende leur rappeler leur rôle à chacun.

— Steyn, c'est toi qui devait stabiliser la situation, tu fous quoi ?

Kian tritura ses manches, déboussolé. Il n'avait pas retenu tous les reproches qu'on lui avait fait, mais il avait compris l'essentiel, à savoir qu'une faute qui ne lui appartenait pas lui était rejetée.

— Ma tâche de... qui m'a... dans... balbultia-t-il.

— Il sait même pas aligner deux mots, à quoi tu t'attends ? grogna Jan, sur les nerfs. Renvoyez-le.

— La pénurie d'Exécuteurs technicien nous le permet pas, rétorqua Innocent, le regard noir. Si t'as le cerveau pour t'occuper de la gestion de la prison, je t'en prie, mais si c'est pour sortir ce genre de connerie, ferme ta gueule.

— Bien. Allez vous faire foutre, je vais surveiller les niveaux bas.

Jan quitta la tablée malgré les menaces du gestionnaire de sécurité et disparut dans les couloirs agités de la prison. Claudia le regarda, dépitée, avant de soupirer. Le jour où son collègue pourrait écouter les autres sans s'énerver, ils pourraient peut-être avancer.

Innocent positionna son projecteur holographique au centre de la table et dévoila les différentes failles que To percevaient en temps réel. Une partie de la prison aveugle, une autre sans énergie, une majorité soumise à des tensions qui ne tarderaient pas à faire plus de dégâts s'ils ne prenaient pas de décision maintenant, et une vulnérabilité estimée à 87%. N'importe quel prisonnier pouvait s'échapper si les gardes manquaient d'attention, et n'importe quelle information pouvait fuiter si un individu parvenait à s'introduire.