Chapitre 14

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« Rapport d'observation n°5HPBT15 – Sommet du corps d'avenir – Sujet n°5 :

Soixante-quatrième semaine d'étude. Perception limitée à 32%, motricité limitée à 21%, facultés de raisonnement logique au-dessus de 85%, facultés de raisonnement réactif limité à 54%, sensibilité aux facteurs de stress extérieurs exposée à 98%. Chances d'hyperspécialisation confirmées à49%. »

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— Non.

Mason soupira et baissa la tête. Les mains appuyées sur la table de réunion, il retourna la situation dans son esprit pour réussir à démêler des arguments plus solides. Errol restait campé sur ses positions et ses ressentiments, il lui fallait un argumentaire solide pour le sortir de son entêtement.

— Errol a raison, renchérit Emily à ses côtés. Peu importe ce qu'il peut nous apporter, un traître reste un traître. Il retournera sa veste dès qu'il en aura l'occasion.

L'homme les observa tous les deux, agacé. Le chef de Nwelwe, dont le teint maladif affichait un manque plus important que la semaine passée, agitait nerveusement sa jambe, les bras croisés, le regard dans le vide. Emily, elle, se contentait d'attendre sa réponse, comme toujours. Adossée contre le mur, ses cheveux courts écrasés contre le métal, elle secoua la tête en signe de refus. Le couple avait pris sa décision. Peu importait comment leur bras droit le tournerait, ils n'accepteraient pas de traître parmi eux.

Pourtant, la situation n'était pas à leur avantage. Avec les dernières mises à jour de l'armée, le poids de leurs actions se trouvaient limité. Moins d'informateurs prêts à vendre, moins de soutien, plus de trahisons, d'imprévus. Leurs équipes avaient suffisamment de force et d'envie de vaincre les forces réductrices du dôme, mais l'ennemi évoluait plus vite, et mieux. « Conquête » approchait de sa fin, et tout désir d'indépendance s'était tu sous le besoin de survie hors des murs sans vie de la sous-capitale. Sans aide extérieure, Nwelwe ne parviendrait pas à atteindre ses objectifs.

— Tu vas le regretter, Errol, avertit Mason. Tu as plus à gagner qu'à perdre dans cette affaire.

L'homme bondit et plaqua son front contre le sien, menaçant. Son visage livide brillait sous la lumière terne des néons suspendus au-dessus d'eux. Les veines de ses tempes gonflées par la colère, les muscles du cou tendus, il crispa ses doigts organiques et mécaniques sur la table métallique. Un crissement désagréable résonna dans la pièce.

— La liste de ce que j'ai à perdre en acceptant ce minable est déjà trop longue. N'insiste pas, Mason. J'suis pas d'humeur.

— Et je suis pas spécialement d'humeur à jouer les chiens dociles aujourd'hui, alors tu vas m'écouter, gamin, répliqua l'ancien militaire sans faillir. Dehors, on a un gars capable de contourner un programme de sécurité dans une prison militaire et dont la tête est mise à prix à un million de crédits. Le dôme veut le récupérer, ou le tuer. Qu'il soit ici ou dehors, il pourra plus travailler là-haut.

— Il a contourné un programme de sécurité à l'intérieur de P3, et devine quoi ? Il travaillait pour P3.

Errol mima une explosion de génie autour de lui avant de reculer, le regard noir. Il en avait plus que marre de se battre contre une évidence.

— Ce gars est un fardeau, et un putain d'opportuniste sans valeur, expliqua-t-il. T'obtiendras rien de lui. Il écoute que c'qu'il veut, il vit dans son monde, il est pas ici. Tu le connais pas comme je le connais. N'attends rien de lui. Dégage-le.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant