Chapitre 4

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« Rapport d'archive n° 74AnC114 – Aile de la préservation – Données classées :Malgré la désertification des extérieurs, certaines espèces subsistent sous terre, et dans les dômes. Parmi les mammifères, la souris et le rat continuent de nuire à nos installations. Ils semblent pouvoir se faufiler au travers des pièges et des protections, seuls les répulsifs magnétiques et ondulatoires ont pour le moment fait leurs preuves. »

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— Qu'est-ce que c'est, ce bordel ? grogna Margaux, dos au mur.

— Une attaque qui a encore merdé, répondit Joan à mi-voix, devant elle.

Les deux compagnons observaient les alentours de la prison 3 avec dépit. La matin-même, Nwelwe avait dirigé une attaque ciblée contre la prison pour fragiliser son système de défense et pénétrer à l'intérieur comme si de rien n'était, mais les événements ne s'étaient pas exactement déroulés comme prévu, déjà parce qu'ils avaient sous-estimés les travaux de défense menés par les ingénieurs militaires, mais surtout parce que le groupe n'avait pas le moins du monde respecté le plan qu'ils avaient dessiné en amont.

— Ils devaient pas faire exploser les trois arrivées réseau ? demanda l'adolescente.

— Ils devaient.

— Et ça devait pas foutre assez le bordel pour que je puisse entrer ?

— Ça devait.

Joan inhala l'oemfeim de sa vapoteuse pour taire le tremblement de ses mains et inspecta la place. Huit escadrons de militaires armés de fusils à propulsion quatrième génération, quatre snipers perchés sur les toits, douze drones de surveillance qui balayaient les environs avec une activité affolante, la moindre tentative se solderait d'une mise à mort immédiate.

Il ramena sa capuche sur son visage et activa la projection holographique de sa digipuce pour répertorier le secteur. La minicarte s'afficha, d'abord la position de chacune des équipes militaires, puis le trajet des drones dans les rues du quartier. Quelques angles morts demeuraient, comme la crevasse dans laquelle ils se trouvaient, mais trop peu pour espérer une montée vers la prison sécurisée. Mason devrait attendre que Nwelwe trouve une nouvelle approche pour espérer sortir de là.

— On va rentrer et voir ça avec Errol, déclara Joan. On va pas prendre de risques inutiles. Au moins, on les aura bien amochés.

— Tu rêves, jamais j'abandonne P'pa dans ce merdier. On a attaqué, ils sont déstabilisés, c'est l'moment ou jamais.

Joan secoua la tête. Ils ne pouvaient pas prendre de risques inutiles pour sauver la vie d'un des leurs, surtout en sacrifiant une si jeune recrue. L'armement de Neo-Bloemfonteim dépassait le leur, et quand bien même ils bénéficiaient d'une discrétion suffisante pour éviter la plupart des affrontements, ils devaient rester sur leurs gardes et se déplacer comme les fantômes qu'ils étaient censés représenter. Se montrer à découvert allait à l'encontre de leur mission.

— Lance-toi là-dedans, et tu mourras sans sauver ton père, avertit l'ancien militaire. J'en connais assez pour anticiper la façon dont ils vont riposter, et tant qu'on a aucune ouverture, ne compte même pas dépasser l'entrée de la place sans te faire exploser le cœur.

— Donc dès qu'on a l'ouverture, on peut y aller ?

Joan leva les yeux au ciel. Margaux réagissait toujours avec impulsion. Le temps lui apprendrait à mesurer ses mots et ses actes avant de se lancer tête baisser dans une mission perdue, mais Joan devrait apprendre à la contenir jusque-là. S'il voulait la protéger, il devait réfréner ses élans suicidaires avant qu'elle ne lui échappe des mains.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant