Chapitre 7.1

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« Note :
Optimisation du temps d'échange des données. Répartition des tâches en plusieurs organismes. Principe d'échange énergétique pour stabilisation du procédé de conversion atomique. »

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Kian et Kai avaient suivi la progression du groupe à presque chaque étape de leur voyage pour s'assurer que rien n'allait les troubler. Nwelwe avait mis des heures à préparer, organiser et agir, et force était d'admettre que leur travail avait fini par payer. Malgré les rondes régulières et nombreuses de l'armée dans chacun des dômes, Joan, Sifiso, Margaux et Jane avaient fini par retrouver les invités de l'Hyperspécialiste et les guider à travers les infrastructures surveillées sans presque de problème.

Les orienter vers eux n'avait pourtant pas été une mince affaire. Encore fatigué de ses nuits difficiles, Kian avait dû s'attaquer au réseau de protection souterraine pour effacer Louisa et ses compagnes des détecteurs de sécurité, masquer les déplacements illicites de Tempo et reprogrammer à distance les coordonnées GPS de Sizwe pour le déplacer en dehors du radar de Bea, le tout traqué par le même programme qui l'avait pisté des jours plus tôt. Même la sieste de trois heures qu'il s'était autorisé n'avait pas suffi à effacer les tiraillements de son corps. Les pouces contre la balle neurostimulante de Louisa, les granules siliconés contre sa peau, il surveilla les déplacements progressifs du groupe en résistant à son besoin de se rouler en boule et de dormir. Tant que tous ne seraient pas arrivés parmi eux, Errol lui avait demandé de rester vigilant.

Franchissement des portes externes détecté, résonna la voix de son IA dans la salle de contrôle.

— Ils sont là, déclara Kai, soulagé de ne pas avoir eu à gérer de situation de crise.

— Ils sont là, répéta Kian.

L'adolescent soupira et s'étira avant de quitter la salle pour prévenir Errol. Kian papillonna des yeux et baissa les yeux sur ses mains immobiles. Il voulait vraiment dormir.

— Errol te veut à la porte principale pour les accueillir, prévint Kai qui revenait.

L'Hyperspécialiste pencha la tête sur le côté, mal à l'aise, mais s'exécuta. La démarche lente et raide, il se traîna jusqu'à la rangée de caisses de matériel disposée non loin de l'entrée de la base interne de Nwelwe et s'y installa. Errol y patientait déjà, adossé contre un mur, les bras croisés. Dès qu'il vit les temps de réaction de son frère et ses difficultés à se mouvoir, un sentiment de culpabilité l'étreignit. Il dévia le regard. Il ignorait comment se comporter avec lui, comment échanger, comment le protéger ou même lui demander son aide. Il se contentait de soumettre des demandes et de les voir être remplies sans un commentaire, comme s'il lançait une requête à un programme qui savait comment la valider, mais il savait au fond de lui que ce silence laissait derrière lui une douleur, un vide. Enfant, Kian refusait ou s'énervait dès lors qu'on dépassait ses limites. Aujourd'hui, il les ignorait, les déplaçait, jusqu'à subir les contrecoups violents.

Errol mordit l'intérieur de sa l'intérieur de sa lèvre, nerveux. Il alterna plusieurs fois entre son frère, immobile, le regard dans le vide, et les portes qui demeuraient figées. Emily ne tarda pas à arriver, ses avant-bras métalliques marqués de traces de fluide d'alimentation.

— J'ai terminé avec les derniers propulseurs, informa-t-elle en posant sa main sur l'épaule tendue de son mari. Je suis là.

— Il a l'air éteint, commenta Errol à voix basse.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant