Chapitre 21.2

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Moses soupira et se pencha en même temps que Thembi pour observer l'état de la mission et les efforts qu'ils demanderaient. D2 se situait au cœur du dôme, là où la plupart des survivants capitalistes du sud de l'Afrique habitaient. Nombre de têtes de Nwelwe étaient connues du système de sécurité de la ville, se mettre à nu au milieu de la foule allait demander des efforts de déplacement et d'invisibilisation conséquents, de quoi déjà gêner les deux membres dont le champ de possibles se trouvait déjà limité.

— Le rapport ? interrogea Errol d'une voix glaciale, sans comprendre pourquoi cette histoire intervenait dans leur échange.

— On ne peut pas demander et s'assurer d'une parfaite confiance et d'une alliance sans faire preuve de transparence, répondit Mason. Le travail d'une bonne équipe fonctionne sur une entente et une compréhension de chacun. Alors je suis transparent. Maintenant, je vais te demander d'être transparent avec nous, Kian, et de nous dire si tu comptes nous poser problème dans notre mission.

— Non, répondit l'homme.

Errol fronça les sourcils. Mason utilisait des faits pour le convaincre, mais même s'il savait son frère difficilement capable de mentir, cela ne suffirait pas. Au fond de lui, il savait déjà que Kian ne tenterait rien contre eux. Il n'avait jamais voulu faire de mal intentionnellement, il n'avait jamais cherché à l'attaquer même lorsqu'il aurait eu raison de le faire. Kian n'agissait pas contre les autres. Il pouvait parfois aider, sinon continuer sur sa propre voie, en dehors de leurs affaires. Même si Kian ne cherchait pas à les empêcher d'attaquer, il continuait d'occuper leurs locaux et d'alimenter le danger qui pesait chaque jour un peu plus sur eux. Sa présence l'inquiétait plus que ses actions.

— Alors qu'est-ce que tu veux de nous ? ne put s'empêcher de demander l'homme, coupable.

— La question est plus de savoir s'il veut nous aider ou non, rectifia Thembi.

— Et moi, j'aimerais savoir ce qu'il peut nous apporter dans cette affaire.

Kian pressa sa balle et figea son geste. Il répéta les mots dans son esprit, chercha à agencer quelques phrases encore brouillonnes, simula sa diction dans son esprit avant d'attaquer son avant-bras du pouce, nerveux. Cela faisait beaucoup de questions, beaucoup de réponses, et beaucoup concentration pour ne pas créer de malentendus.

— Il refuse déjà de nous répondre, on est mal barrés, soupira Moses en s'adossant à son siège. Vous allez rien en tirer, j'vous dis.

Errol dégaina son revolver et le pointa d'un geste nonchalant, les veines de ses tempes gonflées par la tension. Cette réunion l'agaçait, mais ceux qui la ramenaient un peu trop facilement plus encore.

— Au moins, il ouvre pas sa gueule inutilement. Alors avant de répondre, tu le laisse dire ce qu'il a à dire.

Le Gestionnaire leva les yeux au ciel et reporta son regard sur l'Hyperspécialiste qui, après un temps de silence, déclara :

— Je veux garder ma cellule et boire du neutre. Je ne veux pas vous aider. Je peux réparer des câbles, des circuits, des cartes mémoires, des connexions, des programmes, des implants neuronaux, des oreillettes, des tra...

— Ok, c'est bon, l'interrompit Errol.

— Il veut pas nous aider, souligna Moses, un sourire satisfait sur les lèvres.

— Mais il peut nous aider, répliqua Thembi.

Mason leva une main pour les faire taire, et réfléchit. Sa réponse la première fois avait été la même : Kian ne souhaitait pas les aider. Il n'avait pas cherché à se rendre utile dans la base ni même à faciliter les tâches de certains, mais il avait répondu à Kai chaque fois qu'il lui avait demandé. Il avait œuvré dans son coin, seul, sans les trahir, sans corrompre leurs défenses, alors même qu'il en avait la capacité. Cela ne l'intéressait pas.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant