Chapitre 4.2

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Un soupir de soulagement trahit l'adolescent, mais il reprit bien vite ses priorités en main. Tandis qu'il cherchait des ouvertures, l'Hyperspécialiste se glissait dans le système interne pour trouver les failles qui lui permettaient d'arriver à l'armement des soldats à leurs trousses. Un coup fusa, puis un autre, avant qu'une injure traverse l'air.

Étage 15, Tamara ! s'exclama Kai en intégrant la trajectoire au programme de surveillance qu'il avait récupéré de Kian.

La femme sauta dans le vide et se rattrapa, deux étages plus bas, avant de reprendre sa course folle. Kian éplucha les ouvertures système une à une, se déplaça entre les émetteurs, à la fois agacé et inquiet. Une fenêtre d'alerte s'ouvrit. Il s'immobilisa et leva les yeux.

Programme traqueur repéré, avertit l'IA.

Il commence à me saouler, celui-là, songea l'homme en grattant ses avant-bras abîmés.

Il baissa les yeux, la poitrine oppressée, repensa à Louisa, à l'abri dans les souterrains, Joan, encore isolé dans sa cellule, et Kai, paniqué dans la salle d'opération. D'une main raide, il se frotta la nuque et reprit possession de son clavier. Il devenait plus difficile de s'en sortir lorsqu'on était limité par le temps et les moyens.

Contournement des défenses en cours.

Kian isola son ennemi et s'attaqua à l'émetteur magnétique pour récupérer les coordonnées informatiques et spatiales du groupe armé à la poursuite des trois femmes. Lorsqu'il les trouva, il isola le programme d'exécution, reconfigura les tâches et l'intégra dans la boucle. Les oreillettes subirent un court-circuit immédiat. Brusquement, les militaires portèrent leur main à leur oreille ensanglantées et tombèrent en partie paralysés. Les trois femmes filèrent à travers le dôme 3.

Réveil du programme traqueur affirmé.

Casse-toi, putain.

Kian se retira. Le groupe était sain et sauf, c'était tout ce qui comptait. Il n'avait pas besoin de plus pour aider Kai dans sa mission.

Quelqu'un me suit depuis le niveau 1, songea-t-il, les bras enserrés autour de son abdomen. S'ils me trouvent, ils les trouveront aussi.

« Tu n'as pas le droit », résonna la voix de Joan dans son esprit.

L'homme passa un bras sur sa nuque et gratta nerveusement les nœuds chauds de sa colonne vertébrale. Retourner dans le système semblait difficile désormais, plus encore avec les conséquences qu'il traînait avec lui. Trop d'informations qui ne devraient être connues, trop de danger pour quiconque, trop de poids sur sa misérable existence. Sa seule envie d'apprendre devenait soudain plus pénible à supporter.

Devait-il se priver de pirater pour ne plus compromettre sa sécurité, au risque d'en souffrir plus que de raison ? Ou devait-il l'ignorer au risque de perdre des gens ?

Son ventre gronda. Il souffla, consulta l'heure, puis l'avancement de son travail. Il en avait marre. Toujours à devoir réfléchir, à se nourrir, répondre à des demandes, puis recommencer. Il voulait remonter son ordinateur, rien d'autre. Pour toujours, sans nulle interruption.

Le vertige qui l'assaillit manqua de le faire vomir. Il massa sa nuque raide, fixa l'affichage digital fixé en haut du mur de sa cellule de repos et commença à gratter ses avant-bras encore à vif. Il ne pensait qu'à la fixation de son ventilateur, l'ordre de recomposition du boîtier principal, mais la faim l'empêchait de s'y adonner. Il avait déjà ignoré la précédente alerte, il ne pouvait pas encore se priver.

D'un mouvement difficile, Kian se redressa et se dirigea vers la porte avant de se figer et baisser les yeux.

Pas à poil, se rappela-t-il les mots de Kai.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant