Chapitre 23.1

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« Rapport de conception n°S0NN-3 – Sommet de l'Énergie – Armement intercontinental :
Dans l'éventualité où la défense spatiale s'articulerait contre des températures et des objets inconnus de nos terres, la coque sera renforcée dans un alliage polymérisé insensible à la chaleur. L'automatisation doit pouvoir permettre le sauvetage de vie sans commande régulière auprès du programme primaire.
Estimation du coût de l'opération : 1 Conquête. »

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— Louisa ! lança Tempo en se jetant derrière un poteau.

La médecin tendit la main pour réceptionner la capsule de bouclier magnétique. Aussitôt entre ses doigts, elle l'activa. L'enveloppe les protégea elle et Emily, fragile mais réelles.

Tempo évita les tirs des parois brisées et manqua de peu de se faire toucher pour celui de l'androïde derrière lui. Il se baissa, se redressa, chargea et lança la salve d'énergie. La charge chauffa l'enveloppe du militaire, mais ne la traversa pas.

— Merde... jura-t-il avant de se réfugier derrière un nouveau poteau. Ils sont insensibles à la chaleur !

— Alors on passe au plan B ! lança Errol.

— Quel plan B ?

— On saute !

Errol esquiva le coup de l'androïde, se précipita vers Louisa pour récupérer sa femme, courut à toute vitesse vers la façade vitrée explosée et se jeta dans le vide. Le revolver dans sa poche, il activa le bracelet grapin accroché à son poignet et visa le drone au-dessus d'eux pour s'y accrocher. Le poids des terroristes déséquilibra l'engin. Instable, lourd, il les entraîna dans sa chute, ses moteurs vibrant pour tenter de reprendre son poste. Tempo se précipita au bord du vide, terrifié, avant d'exploser de rire.

— Il est malade.

— La folie, c'est pas ce qui te manque, lâcha Louisa, un sourire en coin.

Tempo se retourna aussitôt et visa sa charge dans l'œil de l'androïde qui les attaquait. Son regard vrilla dans la pièce, soudain plus trouble. Une vague angoissée le parcourut. Ses sens se confondaient, ses priorités devinrent floues, sa perception limitée par la peur tranchante qui lacérait son cœur. Les mains tremblantes, il leva ses revolvers. Il n'avait pas besoin de les reconnaître. Il avait juste besoin de tuer les silhouettes qui bougeaient.

Un tir. Il bascula derrière un poteau, visa, lança sa charge. Son corps souffrait de spasmes à peine contrôlables. Il jura, maintint sa tête entre ses mains et chercha à retrouver sa concentration, mais le bruit des explosions et les hurlements troubles de Louisa l'abrutissaient.

— Tempo ! appela Louisa.

Dans un éclair de lucidité, le tireur se figea et la fixa, les yeux écarquillés. Le sang coulait encore de son bras, celui même qu'il avait failli sectionner en deux alors que son esprit se perdait.

— Un, deux, trois, quatre... murmura-t-il avant de reprendre, la mélodie dans ses oreilles soudain plus distinctes.

— T'as un bracelet ? Une ceinture ?

Tempo ne réagit pas immédiatement. Plus attentif à suivre les temps pour rester ancré à la réalité, il laissa passer plusieurs secondes avant de tâter maladroitement son pantalon. Ses doigts tombèrent sur l'objet. D'un geste vif, il lui lança, frappa frénétiquement l'arrière de son crâne contre le poteau et serra la crosse de ses revolvers jusqu'à blanchir le bout de ses doigts. Le chaos se perdit dans la musique, la salle de réunion dans une obscurité presque étouffante.

La Fourmi FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant