Dans l'après-midi, Elo avait envoyé un sms à l'avocate, avec des conseils vestimentaires qu'elle tâcha elle-même d'appliquer. N'étant descendue dans les catacombes qu'à de rares occasions, elle n'avait pas encore investi dans des cuissardes de pêcheur. Elle avait tout de même son vieux pantalon cargo, imperméable, et salissable à souhait, et ses chaussures de marche couvertes de boue. Au moment de partir, le cœur battant et son sac sur le dos, elle retourna en vitesse dans sa minuscule salle de bain. N'oubliant pas le réel objectif de la soirée, elle passa un trait d'eye-liner sur ses paupières. Il faisait ressortir ses yeux sous sa frange sombre.
Elo arriva au bar une heure après ses amis. Assis en terrasse, ils l'attendaient face à deux pintes vides.
Quentin, un grand brun sec aux cheveux courts, roulait une cigarette en faisant tomber du tabac sur sa tenue de cataphile. Avec son bonnet breton et ses cuissardes ensablées, il passait pour un marin anachronique en pleine mer de béton.
En face de lui, Siana, toute aussi grande, rattachait ses dreadlocks rouges dans une épaisse queue de cheval. Même la clope au bec, elle avait toujours un débit de paroles inépuisable. Elo la voyait faire des gestes d'orateur et Quentin secouait la tête de désaccord, comme lorsqu'ils débattaient philosophie. Si la jeune femme était moins expérimentée que son copain en exploration souterraine, elle avait également des cuissardes qui lui montaient en bretelles sur un pull à motifs géométriques.
Chacun d'eux avait, à ses pieds, un sac de randonnée contenant leur nécessaire de survie.
Elo arriva à leur hauteur.
— Salut ! lui lança Siana. Ta copine est partie se chercher une pinte.
— Elle est déjà arrivée ? s'étonna Elo.
— Y a cinq minutes, répondit Quentin.
— Elle est charmante, glissa Siana avec un sourire en coin.
Elo secoua la tête pour chasser celui qui naissait sur ses lèvres. Elle déposa son sac sur la chaise libre et s'engouffra dans le bar d'où une vive lumière s'échappait, porteuse de rires et d'éclats de voix.
Elle la repéra tout de suite, sa chevelure sombre éclaboussée de blond, la tête relevée vers le menu écrit à la craie sur les murs. Ses boucles fanées étaient rassemblées en deux tresses lâches. Ses mèches ressemblaient à six rubans de satin. Elo avait envie d'y glisser ses doigts.
La salle était bondée. Elo se faufila jusqu'au bar et atterrit dans le dos de Morgan.
— Hello again, dit Elo.
D'abord surprise, l'avocate se détendit en la reconnaissant. Elo la sentit se presser contre elle quand elle leva l'index vers le tableau.
— Que me conseillez-vous ?
Son accent anglais était difficile à cacher alors qu'elle devait élever la voix au-dessus du brouhaha. Soudain, Morgan se fit bousculer par un client qui tentait de sortir avec sa commande. Elo plaça ses mains sur ses épaules en la ramenant contre elle. Avec une demi-tête de plus que l'avocate, son nez plongea directement dans les effluves de shampoing à la noix de coco.
— Ça dépend, qu'est-ce que vous aimez ? dit-elle à son oreille.
— Chardonnay ! Mais vos amis sont à la bière...
Elo sourit et commanda deux blanches au barman.
— Si vous n'aimez pas, vous n'aurez qu'à me la donner.
Elle lâcha Morgan mais garda un contact, involontaire, en tendant un billet au barman. L'avocate ne bougea pas d'un pouce, l'accueillant contre ses larges épaules.
— Vous la boiriez ? s'étonna l'Anglaise.
— Bah oui, pourquoi ? Vous voulez que je me douche avec ?
Morgan parut offusquée. Elle se retourna à moitié vers Elo, les sourcils froncés.
— Un litre de bière avant de descendre... est-ce bien sage ?
Elo se pencha à nouveau vers elle, pour attraper les pintes sur le comptoir. Elle lui servit un regard espiègle, avant de tourner les talons.
— Vous me porterez !
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Heka Tombe
ActionAu cours d'une rave dans les catacombes interdites, Eloïse tente d'impressionner son nouveau béguin, quand Paris s'effondre. Elle est doctorante dans la grande École du Louvre, mais la réputation de sa cousine « pilleuse de tombes » menace ses rêve...