Coucou, si vous aimez ce roman, pensez à laisser une étoile pour le soutenir ! Vous pouvez également réagir dans les commentaires, je suis curieuse de savoir ce que vous pensez des mésaventures d'Elo. Il n'y a toutefois aucune obligation et je vous remercie pour votre présence. Bonne lecture !
La mère et la fille avaient disparu.
La nouvelle salle s'ouvrait en entonnoir. Elle embaumait d'une odeur âcre... Le parfum de la mort avait tourné.
Les murs étaient longs et percés de dizaines, voire d'une centaine de loculi : des niches funéraires creusées à même la roche qui accueillaient des restes humains.
De nombreuses images revinrent à la mémoire d'Elo. Dans la nécropole d'Alexandrie, en Égypte justement, on avait découvert ce type de sépultures en 1997. Contrairement à la nécropole égyptienne, où les loculi étaient étroits et creusés en profondeur, ici, les rectangles s'étendaient le long des murs et les défunts étaient présentés par leur côté.
Ce détail lui rappela plutôt la Crypte des Papes, dans les catacombes de Rome, en Italie, découverte en 1864 par un archéologue italien. Comme dans la crypte romaine, les loculi étaient maçonnés de telle façon à pouvoir contenir, du sol au plafond, un nombre régulier de corps, reposant sur leur lit de pierre.
Mais ici, une myriade d'odeurs se disputaient son crâne. Le bitume congestionnait la cavité nasale jusqu'aux yeux. La résine, moins épaisse, picotait le dessus des narines et descendait dans la gorge titiller les poumons. L'huile et le parfum rances, plus légers, montaient directement dans votre crâne et vous transportaient ; pour Elo, c'était dans la vieille salle de bains de son arrière-grand-mère, où une collection de flacons de parfum reposait sur des étagères en cèdre.
Voilà qui éclairait le discours de la Capitaine : ces niches composaient les rayons d'une véritable bibliothèque de morts, chaque défunt renfermant une part du savoir de l'Académie d'Heka. Un patrimoine douteux, mais certainement unique, car il s'agissait, non pas des premiers exemples d'essais de recréation de momies égyptiennes, mais c'était la première fois que ces recréations avaient été effectuées dans un but scientifique et archéologique de recherche du geste des embaumeurs sur des corps humains – il était préférable de ne pas se demander ce qu'il était advenu des lapins de ce fameux article scientifique.
Elo s'accroupit pour se faire discrète. À l'oreille, elle savait la Capitaine occupée à ouvrir des caisses à coups de pied de biche, dont le bois craquait en grosses échardes.
La courbure de la salle la dissimulait encore. Le nez au niveau des dépouilles, Elo avança jusqu'à la première niche. Elle contenait une momie, enveloppée dans des bandelettes d'un lin très fin, étroites, et teintées, alternant l'ocre jaune et l'ocre rouge. À la vue de cette technique si particulière de pose de bandelettes, une fiche apparut dans l'esprit d'Elo : elle s'intitulait « momification à l'époque ptolémaïque » et se déroulait comme un phylactère en une liste de caractéristiques. Cette momie les remplissait tous, ce qui était suspect. Ses sourcils se froncèrent alors qu'Elo notait toutefois l'absence de cartonnages.
Aux yeux des académiciens, exerçant sous la direction de Joséphine de Beaujean, ils devaient sans doute représenter une sorte de décoration facultative plus qu'un ingrédient de la momification. Pourtant, si Elo avait bien appris une chose lors de ses recherches sur les rituels funéraires et la pensée magico-religieuse des anciens Égyptiens, c'est que tout ce qui enveloppait le défunt : de la cire d'abeille jusqu'à la couleur déposée sur les papyrus, les bandelettes, les amulettes, surtout les hiéroglyphes présents sur le défunt ou ses cercueils, et même les prothèses ajoutées aux mains ou aux pieds mutilés ou malformés... tout était ingrédient permettant de rendre efficace la momification, c'est-à-dire de rendre le défunt divin selon les rites.
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Heka Tombe
ActieAu cours d'une rave dans les catacombes interdites, Eloïse tente d'impressionner son nouveau béguin, quand Paris s'effondre. Elle est doctorante dans la grande École du Louvre, mais la réputation de sa cousine « pilleuse de tombes » menace ses rêve...