Chapitre 42 : « Munitions au max ! »

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Elo ne savait toujours pas où était la sortie, encore moins comment trouver Relais-6. Le major Ferraud l'avait obligée à prendre ses jambes à son cou en lui confiant une mission, alors qu'elle était bien inapte à la remplir.

Le souffle court après une dizaine de minutes de fuite, elle s'adossa contre un mur. Personne ne semblait la poursuivre ; elle avait évité les patrouilles. Sa respiration ne se calmait pas pour autant. Au contraire, elle soulevait sa poitrine par à-coups. Le FAMAS pesait une tonne sur sa nuque.

Pliée en deux, prête à vomir, elle s'accrochait aux murs alors que la galerie tout autour semblait s'écrouler. « Trouve... Relais-6. Donne le lecteur. Sors. » L'angoisse la fit pleurer : elle ne savait pas où aller, mais elle ne pouvait pas demeurer ici non plus.

Elle voulait sauver les otages, mais ne pouvait le faire seule. Elle devait trouver de l'aide, mais ne pouvait faire confiance à personne.

Les catacombes étaient son unique compagnie. Mort et salvation au même endroit.

La bile de son estomac roula dans la poussière. Ses mains s'enfoncèrent dans ses cheveux. Si quelqu'un l'avait croisé à ce moment-là, il aurait vu ses yeux rouges, irrités par la fatigue et ses larges pupilles sombres ; ses traits dévorés par l'angoisse ; ses ongles sales. Elo n'était plus que la version terrifiée d'elle-même, une version qui n'existait que dans le contre-jour d'une lampe torche.

Sans le savoir, elle entamait son quatrième jour sous terre. Son corps commençait à s'en rendre compte. Son esprit, lui... Dans ces conditions, n'importe qui d'autre l'aurait perdu.

Dans la faible lumière, les bras d'Elo se recroquevillèrent sur son arme. Incapable d'aider les autres, celle qui savait à peine se maintenir en vie.

Les unités de police allaient probablement finir par trouver les otages grâce aux lecteurs... quand ils mettraient enfin la main sur d'autres.

Des policiers, ou des Chérubins déguisés... ?

Une déglutition étranglée manqua de la faire suffoquer. La joue appuyée contre le calcaire, ses yeux clos luttaient contre le brouhaha qui la ravageait de l'intérieur. Soudain, une pensée isolée perça la tempête :

Que ferait Lana ?

Lana...

Les bourrasques commencèrent à retomber.

Lana, destructrice de patrimoine aux yeux d'Elo ; une survivante, de fait. Alors, que ferait Lana ?

Elo ne la connaissait pas sous cet angle. Car elle en avait été écartée depuis le plus jeune âge.

Elle se laissa choir contre la paroi. Dos au mur, les yeux dans le vide, le nez mouillé. Quand son souffle s'apaisa, la netteté se fit : elle ne savait pas où aller, mais pouvait connaître les déplacements des autres.

Elle récupéra le lecteur modifié caché dans sa poche. Un point bleu et fixe indiquait la position d'une balise à proximité. Un point orange apparut : celui-ci, mobile, correspondait aux mercenaires munis d'un lecteur.

La tête d'Elo s'inclina. Avec le peu d'énergie qui restait dans sa barre de vie, peut-être pouvait-elle se laisser guider par les Chérubins ; attendre qu'ils rencontrent une unité de police ; alors, seulement, elle saurait faire confiance aux cataflics survivants...

Un frisson la secoua si profondément qu'il l'obligea à se relever.

* * *

Elo rasait les murs. Le FAMAS en bandoulière, elle confiait sa vie au détecteur auquel elle jetait régulièrement des œillades angoissées. C'était comme arpenter la bibliothèque de l'École à la recherche de la cote correspondant aux numéros écrits à l'encre baveuse sur le dos de sa main, tout en priant de ne pas croiser le collègue de spécialité qui travaillait sur le même sujet.

Heka TombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant