Elo éclata en sanglots. Ils lui déchirèrent la poitrine alors qu'elle ne pouvait pas bouger au risque de perdre ses appuis. Elle se contint tant qu'elle put, étouffant au creux de sa gorge tout son désespoir. La boîte sur sa tête vacilla. Elo retint sa respiration un instant. Ses bras tendus tremblaient. Elle était terrifiée à l'idée de lâcher prise, ce qui accentua ses cris de détresse.
Des larmes de supplication inondaient son visage. La morve, dégoulinant de son nez, lui démangeait la lèvre, sans qu'elle puisse l'enlever. Elle ne pouvait pas céder.
Ses cuisses brûlaient, mais elle progressait. Chaque poussée lui arrachait des plaintes douloureuses.
Elle n'osait pas lever la tête pour constater la distance qui lui restait à parcourir. De cette façon, elle trouva en elle plus de combativité. Après chaque spasme, elle s'encourageait à se hisser de nouveau. Après chaque reniflement, elle se promettait que c'était la dernière. Elle eut tort cent fois, mais elle se disait qu'il ne suffisait que d'une seule...
La boîte s'enfonça soudain dans son crâne, alors qu'elle rencontrait un plafond. Elo aurait voulu hurler son désespoir. Par réflexe, elle était redescendue d'une prise et la boîte bascula sur le côté. Le bras d'Elo se détendit comme un ressort. Elle la rattrapa avant qu'elle ne disparaisse dans les tréfonds des catacombes.
La vue de sa main flottant au-dessus du vide la fit vaciller. Elle s'empressa de poser la boîte en équilibre sur l'une de ses cuisses, avant de se plaquer à nouveau contre la pierre. D'un mouvement imperceptible, son cou se tendit vers le plafond ; c'était une grille.
Elle se trouvait dans un puits, sans doute condamné par les cataphiles eux-mêmes pour éviter les chutes. Avec une certaine appréhension, Elo se souleva de quelques centimètres pour tester la résistance de la plaque. Sa tête ne put rien. Elle dut se résoudre à lâcher une main, puis la deuxième. Ses genoux frémirent.
Le treillage métallique, assez large pour y passer une main l'était également pour la boîte et, fatiguée de se concentrer sur l'équilibre de son trésor, Elo l'empoigna et la balança par-dessus bord. L'espace d'un instant, le métal blanc refléta le rayon de la lampe, puis la boîte atterrit, rebondit dans un tintement succinct et s'échoua enfin, choc plus sourd qui marquait une première délivrance.
Elo secoua la grille. La plaque ne bougeait pas d'un pouce et insister faisait glisser ses pieds. Elle devait réfléchir vite.
Au-dessus, les ténèbres ne laissaient rien entrevoir.
Sa main pâle émergea du puits. Elle tâtonna autour d'elle, à la recherche d'un mécanisme. Les ongles noirs papillonnaient sur la grille. Soudain, les ailes écaillées de vernis se posèrent sur une aspérité au relief familier... Le bras se rétracta aussitôt.
Dans un éclair de lucidité, Elo porta la main à sa hanche : le couteau de Czesław ne l'avait pas quitté.
Le bras ressortit quelques secondes plus tard, armé de la lame. Elle tournoya entre ses doigts avant de se poser dans le creux d'une vis.
La nuque aplatie contre le métal et la lèvre pincée entre ses dents, Elo entreprit de dévisser la grille d'une seule main. Elle devait ajuster sa posture pour chaque angle et alterner les mains, car ses bras s'alourdissaient rapidement.
Concentrée sur sa tâche, elle avait arrêté de pleurer. Ce ne fut que lorsque la dernière vis se délogea qu'elle se souvint de la douleur. La position devint tout à coup intenable, le poids sur ses articulations insoutenable.
D'un geste rageur, elle repoussa la grille qui dégringola à l'extérieur du puits, immédiatement suivi du couteau. Le fracas cinglant vrilla ses oreilles.
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Heka Tombe
ActionAu cours d'une rave dans les catacombes interdites, Eloïse tente d'impressionner son nouveau béguin, quand Paris s'effondre. Elle est doctorante dans la grande École du Louvre, mais la réputation de sa cousine « pilleuse de tombes » menace ses rêve...