Chapitre 18 : Seule dans les sous-sols

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Elo ne comprenait pas ce qu'elle avait sous les yeux... Et pourtant, elle le sentait. Elle sentait le sucre du miel, les effluves entêtants de différentes résines de pins et l'odeur grasse de la cire.


L'histoire de la « momie » et de son mythe n'avait jamais cessé de se construire. Le mot lui-même avait plusieurs origines, eut plusieurs acceptions et signifiait encore aujourd'hui différentes choses. Ce dont Elo était (quasiment) sûre, c'était qu'il tirait ses origines du mot perse utilisé pour parler de la cire : « moum » – et de son dérivé « Moümîya », qui désignait le bitume ou toute matière approchante, ensuite appelée « mûmia » par les Arabes. Et par la suite, le mot fut orthographié « mummia », puis « mumia », au Moyen Âge, par les Occidentaux.

La cire et le bitume étant deux ingrédients qui revenaient dans la composition des momies, cette étymologie était la plus acceptée.

Oui, ces odeurs caractéristiques lui rappelaient les momies des réserves des musées. Sauf que d'après le jeu de piste de Philibert Aspairt et du jeune bourgeois, elle était censée se trouver dans le cellier d'un monastère...

Elo n'avait pas fait un pas dans la pièce que ses pensées entraient déjà en ébullition. Elle balaya la zone en quête de réponses.

Au centre, sur une longue table, de nombreux instruments en cuivre étaient rassemblés. Elo s'y dirigea immédiatement. Il y avait des écuelles de différentes tailles, des couverts, une lampe à huile encore pleine qui allait lui servir et, entre un mortier et un pilon, elle repéra un ancien briquet à percussion et son silex.

Les bras tendus pour se tenir à distance de la lampe, par peur que l'huile ne lui explose à la figure, Elo fit flamber la mèche. Le halo la réchauffa immédiatement. Elle éteignit sa lampe d'un clic et continua son exploration.

La salle était vaste, bien que de multiples recoins, dissimulés derrière des piliers grossièrement taillés, lui conféraient un aspect plus écrasant. Car le plafond était bas : Elo n'avait qu'à lever le bras pour l'atteindre. En plus des piliers, une imposante cheminée de briques s'élevait en bout de table et traversait la pierre vers un étage supérieur. Elo passa la tête à l'intérieur ; le conduit était assez large pour y tenir tout entier. Une plaque en bois se dessinait au sommet, révélée par la lueur des flammes.

Le visage d'Elo s'illumina :

— Une sortie !

Il ne lui manquait qu'un moyen de grimper.

Elle se tourna vers les anciennes étagères qui tapissaient les murs et regretta de ne pas avoir l'éternité pour les observer. Elles étaient couvertes de pots à onguents, de fleurs séchées tombées en poussière depuis longtemps, de plantes macérées dans des bouteilles en verre et de bols en terre cuite, qui renfermaient des substances si vieilles que l'on ne pouvait plus les identifier ni au nez ni à l'œil. Sous tous ces contenants, des étiquettes jaunes, où des lettres inscrites à la plume déclinaient le nom des végétaux selon la classification de Linné.

Ce détail prouvait à Elo que cette bibliothèque botanique était postérieure à la première moitié du XVIIIème siècle.

Alors qu'elle se demandait si l'une des étagères pouvait être vidée et déplacée à l'intérieur de la cheminée afin de s'en servir comme échelle, sa curiosité fut piquée. Ces rangements lui rappelaient trop vivement les planches de dessin qu'elle avait vues dans des livres traitant de l'histoire de la médecine et qui illustraient la pharmacopée type à la Renaissance. Et parmi les ingrédients végétaux et minéraux, on pouvait également y trouver... de la Mumia.

Heka TombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant