Deux sillons se dessinaient dans la poussière à la suite des pieds d'Elo, alors que quatre bras la trainaient à travers la pièce. Impuissante, il ne lui restait que son indignation :
— Hé ! Hé ! C'est mon t-shirt préféré, faites gaffe !
Une paire de boots se planta soudain devant eux. Un mercenaire à la même allure monochrome que les autres, mais avec un holster vide à la ceinture de son pantalon cargo sable. Il s'était délesté de sa veste tactique, contrairement aux deux qui la tenaient, dont les pans rembourrés et remplis de munitions leur dessinaient des carrures de gorilles. Le nouveau venu portait une grande lampe de chantier jaune sur l'épaule ; un Obélix et son menhir.
— C'est quoi, ça ? demanda-t-il à ses collègues.
— Un rat qu'on a trouvé dans la cave, répondit l'un des geôliers.
Des pas résonnèrent derrière les piliers sculptés. Une autre mercenaire tout en beige, les hanches chargées de sacoches, déroulait des câbles qu'elle tirait d'un bout à l'autre de la salle. Lorsqu'elle les aperçut, ses gestes se figèrent. Le coin de sa bouche frémit sous une soudaine incompréhension.
— Quelle cave ?! s'exclama-t-elle d'une voix cassée.
Les deux gros bras se tournèrent vers elle, entrainant Elo dont les pieds touchaient à peine le sol.
— Bah, je sais pas moi ! s'emporta celui de droite, tout en secouant Elo. La cave, là, avec des bouteilles rouges !
— Vous avez trouvé la cave ? reprit l'électricienne en s'avançant. Mais pourquoi on s'emmerde alors ?!
À côté d'elle, Obélix rejeta la tête en arrière, expulsant l'air par ses narines, avant de se délester de son fardeau. La lampe avait laissé une trace de sueur sur son t-shirt.
— Vous auriez pu le dire plus tôt... ! geignit-il.
— Il fallait qu'on la fouille d'abord ! se défendit le gorille de gauche en levant le bras d'Elo.
— Moi, reprit Obélix, ça fait un quart d'heure que je me trimballe des conneries d'instruments scientifiques. J'en peux plus ! J'arrête. J'attends les ordres.
— Pareil, dit Elo. J'en ai un peu marre là, vous pourriez me poser ?
Elle pencha la tête vers le mercenaire à sa gauche. Le poil brun sous sa casquette, il était rasé de près et sentait la menthe. Elo tourna les paumes vers sa situation.
— Honnêtement, lui dit-elle.
Ses deux gardiens la poussèrent dans un angle et la laissèrent s'échouer au sol. Son dos rebondit contre la pierre, lui arrachant une plainte saupoudrée de poussière.
— Parfait, suffoqua-t-elle.
Ce ne fut qu'un bref répit, car déjà, on lui saisissait les mains et les chevilles.
— Faut appeler la Capitaine, dit l'Après-rasage à l'électricienne. Christy, passe tes colliers de serrage.
— De quoi ? J'ai pas entendu, répondit-elle.
L'autre geôlier donna un coup de coude à son collègue.
— Sois poli, on a dit.
— Ouais, ajouta Elo. Sois poli, on a dit.
— Christy, alsjeblieft.
Alors qu'Elo s'attendait à ce que Christy lui réponde « à tes souhaits », l'électricienne s'avança à contrecœur, avant de lâcher une poignée de tiges blanches sur ses jambes. Puis, la mercenaire plongea des prunelles acérées dans les yeux de M. Après-rasage. Celui-ci ne se dégonfla pas.
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Heka Tombe
ActionAu cours d'une rave dans les catacombes interdites, Eloïse tente d'impressionner son nouveau béguin, quand Paris s'effondre. Elle est doctorante dans la grande École du Louvre, mais la réputation de sa cousine « pilleuse de tombes » menace ses rêve...