Forgotten Memory

LXVII

Faith

Les rayons du soleil traversent légèrement les volets, me réveillant. J'ouvre lentement les yeux, mes paupières encore alourdies par un sommeil trop fragile. Une seconde, peut-être deux, je m'abandonne à la douceur de l'instant, comme suspendue entre rêve et réalité. Mais je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps pour que les souvenirs de la veille m'assaillent. Ma robe est en désordre, gisant près de mes talons abandonnés, et sa main repose encore sur ma hanche, légère, presque protectrice.

Je n'ose bouger. Tout semble figé, comme si le temps lui-même hésitait à avancer. L'air autour de nous est lourd, chargé d'une tension que je n'avais pas ressentie hier soir. Le poids de la situation s'écrase sur moi, suffocant, me clouant au matelas.

Les fragments de la nuit flottent dans mon esprit. Des gestes, des regards, des mots à demi murmurés, tout cela m'avait semblé si juste, si naturel. Et pourtant, à cet instant, tout paraît irréel. Il est là, son souffle chaud et régulier caressant ma nuque, ses doigts relâchés contre ma peau. Si proche, et pourtant si inaccessible.

Je ferme les yeux, espérant vainement échapper à mes pensées. Mais elles s'insinuent. Une peur sourde monte en moi. Et s'il regrettait déjà ? S'il ouvrait les yeux, plongeait dans cette même réalité, et voyait tout cela comme une erreur ?

Peut-être qu'en cet instant même, il me déteste déjà.

Je sens sa respiration, paisible, presque apaisante, et pourtant elle ne fait qu'accélérer les battements dans ma poitrine. Mon cœur bat à une vitesse douloureuse.

Puis il bouge. Un mouvement léger au départ, à peine perceptible. Je sens son corps se redresser légèrement, et je sais que le moment est venu. Celui où tout va changer. Où tout pourrait se briser.

Je reste immobile, dos à lui, refusant de me retourner. Pourtant, je peux presque deviner l'expression sur son visage : la surprise d'abord, puis cette confusion que je redoute tant.

Je veux parler. Trouver un mot, une phrase, n'importe quoi pour combler ce vide entre nous. Mais ma gorge est sèche, et les mots restent coincés, comme emprisonnés par ma peur. Que pourrais-je dire ? Je n'ai pas besoin de l'entendre pour savoir. Il va parler, briser le silence. Il va dire que c'était une erreur, qu'il regrette.

Et il parle enfin. Une voix basse, presque hésitante, qui fend l'air.

— Faith... commence-t-il, la voix rauque, comme si chaque mot lui coûtait un effort immense.

Je reste immobile, figée par l'écho de mon prénom. Je n'ose pas me retourner.

— Ce qui s'est passé...

Je le sais, Alban. Je le sais déjà. Mais je t'en supplie, ne le dis pas. Laisse-moi m'accrocher à ce moment, laisse-le exister encore un peu.

— Ce n'était pas bien. Ce n'était pas... ce que j'aurais dû faire.

Sa voix vacille, mais les mots sont comme des coups de poignard.

— Je l'ai fait parce que... parce que je croyais que c'était ce dont j'avais besoin. Mais c'était une erreur.

Je vacille sous le poids de ses mots, mes pensées deviennent un tourbillon assourdissant. Lentement, comme pour affronter l'inévitable, je me tourne vers lui. Ses yeux rencontrent enfin les miens, mais ils sont éteints, absents. Ce n'est pas le regard que j'espérais, pas celui qui aurait pu me convaincre que tout n'était pas perdu.

— Je... je ne voulais pas que ça se passe comme ça, Faith.

Sa voix se brise légèrement, et un silence s'installe. Puis il reprend, plus bas, presque pour lui-même :