Forgotten Memory

LXV

Faith

- Je n'y crois pas. Au lieu de réviser pendant tout le week-end, tu as eu la merveilleuse idée d'aller rendre visite à Jack, se plaint Ariana, les bras croisés et l'air exaspéré.

- J'ai révisé quand même un peu, répliqué-je d'une voix qui se veut détachée.

- Un peu, ce n'est pas suffisant, Faith, ajoute-t-elle avec un soupir.

Les examens finaux ont commencé mercredi dernier. L'épreuve d'anglais ouvrait le bal, suivie des mathématiques jeudi, puis des sciences vendredi. Aujourd'hui, c'est l'histoire. La matière que je redoute le plus, non pas par manque de préparation, mais parce que j'ai toujours cette peur : celle de me décevoir moi-même. Le diplôme, c'est important, mais il y a quelque chose de plus profond.

Pourtant, les autres épreuves se sont déroulées sans trop d'encombres. Alors, je m'accroche à l'idée que tout ira bien aujourd'hui aussi. Je serre mes fiches contre moi tandis qu'Ariana et moi descendons du bus.

- Tu ne lui en as toujours pas parlé ? me demande-t-elle brusquement.

- À qui ? dis-je.

- À ton père.

- De Jack ?

Elle hoche la tête avec insistance, et je lève les yeux au ciel.

- Tu es folle, bien sûr que non. Il ne manquerait plus que ça.

- Et à Sara ?

- Sara, oui, je lui ai parlé. Mais je ne lui ai pas dit que je suis allée le voir, précisé-je.

- T'as de la chance qu'elle soit revenue, toi au moins, t'as quelqu'un à qui parler. Moi, Larry est devenu complètement ingérable. Je ne sors même plus de ma chambre.

Nous montons les escaliers du lycée, son ton lourd de désespoir. Je sens qu'elle a besoin d'extérioriser, mais je ne sais pas quoi dire. Alors je l'écoute, en silence.

- Il ne m'écoute même pas. J'ose à peine lui adresser la parole, c'est horrible.

Elle s'arrête une seconde, cherche mes yeux, comme si elle attendait une réaction. Mais je reste figée, sans mot.

- Je pense que c'est la pire chose qui puisse arriver, reprend-elle. Larry et moi, on avait une super relation avant, tu sais ? Et maintenant... tout a changé. Du jour au lendemain. Parfois, je me dis que j'aurais préféré qu'on n'ait jamais été proches, plutôt que de ressentir ce vide, cette solitude qui me bouffe.

- Je te comprends, murmuré-je.

Ariana secoue la tête, comme si elle doutait de mes mots. Puis, soudain, elle se penche un peu vers moi.

- Faith, mon frère n'a toujours pas obtenu ce qu'il voulait.

Je fronce les sourcils, intriguée.

- Il a pourtant déjà fait beaucoup de mal à Alban, dis-je, plus pour me convaincre que pour lui répondre.

- Ce n'est pas assez. Il veut le détruire, au sens propre, insiste-t-elle.

Un frisson me parcourt. Je pince les lèvres, m'efforçant de masquer l'effroi qui s'insinue en moi.

Larry ne lâchera pas. Pas tant qu'il n'aura pas tué Alban.

- On est dans la même salle que la semaine dernière, affirme Ariana après un rapide coup d'œil à la fiche affichée au mur. Surveillée par...