CHAPITRE 35

8.1K 245 75
                                    

LUNA

PDV LUNA :

Ça fait déjà trois jours que je suis arrivée dans cette prison de merde. Mes journées se résument à manger, dormir et prendre ma douche devant deux hommes que je ne connais pas. Je m'attendais tout de même à ce que les gardiens soient plus méchants, voire violents, mais ils sont assez respectueux, pour être honnête. Je ne connais toujours pas le nom de celui avec le tatouage, mais je m'en fous toujours autant. C'est plus souvent lui qui vient me chercher en cellule que Tomas, mais il ne parle pas et moi non plus.

Je n'ai pas parlé depuis que je suis arrivée dans cet enfer. Je suis un robot, comme la société le voudrait, alors personne ne vient me faire chier. Je pense à Lukas. Je m'étais dit qu'il viendrait peut-être me chercher. Je ne sais même pas s'il est réveillé ou non. Tous les jours, je prie pour lui et pour les garçons.

Je suis allongée dans mon lit depuis le début de la journée. Mon dos est tellement habitué à dormir sur un balcon dur que finalement, ce matelas n'est pas si mal. Je pensais craquer à un moment et pleurer comme la fillette que je suis, mais rien du tout. Je suis tellement dans mon rôle de fantôme que même mes émotions sont parties, et c'est le mieux que je pouvais espérer, finalement.

La seule émotion que je ressens, c'est la culpabilité du traumatisme de Lukas. C'est ma faute, j'aurais dû voir qu'il n'allait pas bien et qu'il souffrait. Je suis sa femme, ce genre de chose, je suis censée le deviner rien qu'en le regardant.

Ma porte s'ouvre, c'est l'heure de la promenade. Pendant cette promenade, toutes les femmes sont réunies, ce qui fait énormément de monde. Je me lève de mon lit, je mets mes mains dans mes poches de jogging et je suis le mouvement des autres détenues.

Certaines viennent me parler pour savoir qui je suis et la raison de mon incarcération, mais encore une fois, je regarde un point en face de moi et j'oublie leur présence. Plus les jours avancent et moins de femmes viennent me parler. Certaines se sont énervées de me voir aussi peu respectueuse à leur présence, mais je m'en fous complètement.

Une a tellement mal pris que je ne réagissais pas qu'elle a essayé de me mettre une droite. C'était hier. J'ai été plus rapide, alors je lui ai tordu le coude pour contrer son attaque. Résultat, elle est à l'infirmerie et quand elle va revenir, je vais devoir être encore plus sur mes gardes.

Nous traversons le couloir pour enfin sortir dehors. Il fait beau et chaud, et heureusement, je ne suis pas prête à passer l'hiver ici personnellement. La cour des hommes et des femmes est juste en face l'une de l'autre. Elles sont séparées par un long chemin que nous devons prendre pour aller dans notre cour. Nous sommes complètement enfermées par des grilles et du barbelé. Je marche en regardant le sol. Les hommes sont déjà dans leur cour, vu les bruits d'animaux que j'entends. Certaines femmes, pour ne pas dire pratiquement toutes, gloussent en les entendant. Personnellement, je trouve ça humiliant de se comporter comme des chiens en rut.

Je rentre dans ma cour et me mets à ma place qui se trouve au fond de ma cour, en face de celle des hommes. Plus je suis éloignée d'eux et mieux je me porterai.

Je ne marche pas pendant ma balade, je reste assise à regarder ces centaines de prisonniers qui vivent le même calvaire que le mien. Tous les gardes de tous les bâtiments sont avec nous. Il se passe toujours quelque chose de toute façon. Ça fait que trois jours que je suis arrivée et à chaque balade que j'ai faite, il y a forcément eu une bagarre, donc ces quinze gardes par promenade ne sont pas de trop.

Je m'assieds par terre et je regarde en face de moi. Je mets ma main dans mon soutien-gorge et je sors ma bague de mariage que je garde bien fort dans ma main. Ce simple objet me redonne toute la force qu'il me manque et je suis bien contente d'y avoir pensé à la cacher.

LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant