( PDV Yaniss )
-... Hallo Yaniss ici la terre, vous me recevez ?
Je tourne le regard vers Vanessa qui me parle depuis tout à l'heure. Je n'ai rien écouter...
- De quoi ? demandai-je d'un air perdu.
Je redresse les yeux vers Lilia et Vanessa qui me scrutent d'un air inquiet. Le bruit des discussions du self autour de nous m'assourdi et ma tête pèse lourd. Anaïs est encore je ne sais où mais nous ne sommes pas inquiètes. Bien que ces derniers temps elle disparaît souvent, tout de même...
- Je te demandais si ça allait ! s'exclame Vanessa. Depuis ce matin tu es vraiment bizarre, tu ne t'es même pas endormie en cours de maths !
Je prends quelques secondes à assimiler ses paroles. Mon cerveau marche au ralenti depuis mon alteraction avec Alvarez. J'arrête pas de me refaire la scène de ce matin dans la tête et il y a un chose que je regrette profondément : j'ai oublié de lui en coller une dans sa petite gueule à ce psychopathe dégénéré.
- Yaniss, ouhouu ? dit Lilia, réveil toi ma grande, on a sport, après.
Je souffle et remu un peu le kinoa dans mon assiette. Je n'ai rien contre cette matière mais nous allons commencer le cycle de l'accrosport et comment dire... Je déteste.
Et je déteste également ma prof de sport qui veut toujours que les groupes soient mix. La dernière fois je m'étais retrouvé dans l'équipe d'Alonso, Tilio et une pouffiasse blonde qui a mystérieusement fini le nez cassé. Oups. C'est pas moi.
Pour ma défense elle m'avait traité de salope...
On finit rapidement de manger et nous sortons du self. Il pleut toujours. Super. Comme si la journée n'était pas déjà assez grise comme ça. Ça me donne envie de peindre. Théoriquement, j'ai pas le droit de faire ça...
Je laisse les filles discuter et je rentre dans le lycée, me dirigeant d'un pas rapide vers la salle d'art plastique. Par miracle, elle est ouverte !
D'un geste brusque, j'attrape une grande feuille de papier que je place sur un des chevalets en bois. La pièce et totalement en désordre et il y a partout sur les murs des tâches de peinture.
J'attache mes cheveux en un chignon haut coiffé-decoiffé puis relève mes manches au niveau des coudes. Ensuite,j'attrape une palette de peinture, des tubes de gouaches ainsi que plusieurs pinceaux différents et je commence à peindre le fond de mon œuvre d'une couleur rose lila degradé violet.
Je continue ma peinture, la langue entre les dents, concentrée. Je perds la notion du temps et je transmets toutes mes émotions, mes questions, mes doutes et mes angoisses dans un couché de soleil en bord de mer.
Je prends ensuite du noir pour les contours des surfaces quand la porte s'ouvre en grand dans un fracas assourdissant. Je relève brusquement la tête et me retrouve face à... Alonso ?
Le garçon pâli en me voyant puis s'avance dans la pièce, l'air de rien.
Heu... Ok. Il prend un feuille, comme moi il y a environ un quart d'heure et l'attache au chevalet voisin du mien.- Je peux savoir ce que tu fais ? demandai-je brusquement.
Il tourne les yeux vers moi en s'emparant d'une palette d'aquarelle et un verre d'eau.
- La même chose que toi, sûrement, murmure-t-il de manière presque inaudible.
Il attrape un pinceau fin et liquéfie légèrement l'aquarelle. Je hausse un sourcil. Depuis quand un crétin pareil pratique l'art ? Encore, l'art de fumer ne m'aurait pas étonné mais là...
- Je ne savais pas que tu aimais peindre, dis-je en me reconcentrant sur ma propre oeuvre.
Il hausse les épaules et répond :
- Je peind depuis que je suis tout petit. C'est ma grande sœur qui m'a tout appris.
Apparemment, il a aussi une sœur...
- Tu dois pas mal t'y connaître en peinture, alors... marmonnai-je en obscurcissant un partie de mon tableau.
Il hausse de nouveau les épaules et commence à peindre.
Nous restons silencieux. C'est la première fois que j'ai une aussi longue et cordiale discussion avec un des membres du groupe de potes d'Alvarez...- Tu sais, Yaniss, dit Alonso au bout d'un temps, je t'ai toujours trouvé dure comme fille...
J'arrête de peindre, mon pinceau en l'air, les sourcils froncés.
- Comment ça ? demandai-je.
Il soupir d'un air résigné puis répond :
- Avec Enzo. Tu es dure avec lui. Tu l'as jugé sans le connaître, sans même essayer de comprendre ses attitudes.
Mon sang bouillonne légèrement dans mes veines. De quel droit se permet-il de me faire un sermon celui là ? Ça s'appelle la liberté d'expression et d'opinion, idiote !
- Je n'ai pas besoin de comprendre, dis-je froidement, il est invivable et il se croit au dessus de tout le monde, comme si il était un roi. Ça suffit pour que je le déteste !
Il lève les yeux au ciel.
- Là, tu vois ?! s'exclame-t-il, tu ne cherches même pas à comprendre ce que j'essaie de te dire !
- Et bah explique moi, alors !
Il souffle et se reconcentre sur sa toile.
- Si Enzo est comme ça, c'est qu'il est sûrement plus mature que nous tous réunis...
Je l'écoute attentivement, sans prononcer le moindre mot.
- Mon ami a vécu un énorme deuil à treize ans, tu sais, reprend Alonso, son père est décédé. Il a du s'occuper de sa mère et de sa petite sœur âgée de trois ans à l'époque...
J'ouvre de grands yeux. Un petite pointe de compassion se forme dans mon cœur.
- Il ne s'en ait jamais vraiment remis. Il est en colère contre le monde entier, de lui avoir arraché une des personnes les plus importantes de sa vie à un si jeune âge. Il en veut à tous de l'avoir fait grandir de cette façon. Alors parfois, il ne sait pas comment réagir quand on lui tient tête et le rabaisse.
Je baisse les yeux. Je suis un être humain, bien sûr que l'histoire d'Alvarez me touche. Mais je ne peux pas m'empêcher de le détester du plus profond de mon être.
- Je n'ai jamais cherché à rabaisser Alvarez, expliquai-je, c'est simplement que je ne peux pas le supporter.
Alonso pose son pinceau et plonge ses yeux dans les miens.
- Tout ce que je te demande, c'est de te remettre en question, toi et tes stéréotypes face à Enzo. Je sais que tu n'es pas méchante, Yaniss, parce que au fond, tu lui ressemble beaucoup, sûrement plus que tu ne le crois.
Et sur ces mots, il se dirige vers la porte avant de se retourner :
- À, au fait, Yaniss, dit-il, très belle peinture, on sent bien la haine et la souffrance.
Puis, il disparaît de mon chant de vision. Je m'assoie sur un tabouret, un peu déstabilisée. Est-ce que depuis le début, Lorenzo me voit exactement tel que moi, je le vois ? Je n'y avais jamais vraiment réfléchis...

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Falling With You
Roman d'amourYaniss Johanssen est une lycéenne de 16 ans franche et sûr d'elle. Elle aime dire tout haut ce qu'elle pense tout bas. Trait de personnalité qui en énerve plus d'un, y compris son pire ennemi Enzo Alvarez. Bad boy arrogant, manipulateur, populaire e...