chapitre 69

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( PDV Yaniss )

Je sors de la salle d'audience à mon tour. J'ai mal au cœur et j'ai les jambes tremblantes. Vingt ans. Seulement vingt ans de prison ferme. Et après ça, il pourra ressortir et reprendre sa vie comme si de rien était. Tandis que moi, j'aurais encore des séquelles.

Peut être même si ça se trouve qu'il recommencera. Il détruira une jeune fille innocente qui n'a strictement rien demandé. Après tout, il n'a pas eu de pitié avec moi, pourquoi en aurait-il pour quelqu'un d'autre ?

Hugo et Enzo accourent vers moi et mon frère hurle :

- Alors il a eu quoi ce fils de pute ?! On a même pas pû lui casser la gueule, j'ai la rage !

Lilia lui explique les faits et Enzo me prend soudainement dans ses bras, cachant sont visage dans mon cou. Ses bras étroitement serrés autour de mes hanches m'offrent un sentiment de sécurité. Je caresse ses cheveux bouclés en profitant de chaque seconde à ses côtés.

C'est une autre des nombreuses raisons de mon futur départ. Enzo mérite mieux. Beaucoup mieux qu'une copine traumatisée et impure. Je serai incapable de lui offrir ce dont il a besoin.

Même pour le sommeil. Entre mes crises d'angoisse, mes insomnies, en passant par mes nausées et mes cauchemars, il ne risques pas de dormir beaucoup. Je suis un poid pour lui. Je suis un poid pour tout le monde...

On sort dehors et se dirige vers les voitures. Je monte avec mon frère, comme à l'allé, après avoir souhaité bonne route aux autres. Toujours souhaiter bonne route, ça porte chance.

Je m'installe sur le siège, encore un peu faible, puis boucle ma ceinture. Hugo met le contact et la voiture prend la route. Il neige très faiblement. Des camions passent souvent pour y jeter du sel, évitant certains accidents.

J'appuie ma tête contre la fenêtre de la voiture et admire le paysage blanc de neige ainsi que les nombreuses décorations de la ville.

- Pourquoi tu ne me fais pas confiance ? lâche soudainement mon frère.

Je me tourne vers lui, fronçant les sourcils.

- Quoi ? demandai-je, totalement perdue.

Il hausse les épaules.

- Je... Je comprends que ça a été très dur pour toi d'en parler. Horrible. Mais bon sang Yaniss, je suis ton frère ? Pourquoi est-ce que j'ai appris ton viol de la bouche de mon meilleur ami au lieu de celle de ma sœur ?

Je baisse la tête, désolée.

- C'est pas que je ne te fais pas confiance, déclarai-je. C'est juste que... J'ai du mal à communiquer avec toi et... J'avais vraiment peur de ta réaction...

Il souffle.

- Avant tu me disais les choses...

J'avoue, en ce moment, à l'intérieur de moi, je fulmine.

- Mais là c'est pas "les choses", Hugo. J'ai été violée et torturée putain, est-ce que tu sais combien il m'en coute ne serait-ce que de prononcer ces mots ?

Je n'ai vraiment pas envie de me disputer avec lui maintenant. Dans quatre heures, je prends l'avion et je ne reverrai plus jamais mon grand frère alors l'idée d'une querelle avec lui n'est pas au programme.

Je repose ma tête contre la fenêtre, espérant mettre fin à la discussion. Il ne comprend pas, et il est têtu. Je n'arrive jamais à lui dire ce que je ressens, ça me dépasse tout ça...

- Excuse-moi Yaniss, implore mon frère. C'est pas ce que je voulais dire. C'est simplement que... La relation qu'on avait quand on était petits me manque tellement... La relation qu'on avait avant que nos parents décident de nous laisser nous débrouiller seuls.

Je tourne la tête vers lui. Au fond, Hugo en a sacrément bavé dans sa vie. À dix ans, il avait sous sa responsabilité une gamine colérique et difficile. Il a aussi dû apprendre à faire à manger seul, à faire le ménage seul, à faire les courses seul et à trouver des tonnes de moyens pour nous emmener à l'école.

Il a dû avoir la maturité d'un adulte à seulement dix ans. Il a dû sacrifier son adolescence pour moi. Et à côté, tout ce que j'ai fait, c'était le blâmer et lui reprocher tout ce qui n'allait pas dans ma vie. J'ai été égoïste et ignoble.

De plus, comme si ce n'était pas assez, sa petite sœur s'est faite droguer, enlever, séquestrer, battre et abuser. Maintenant, il gère une gamine colérique, difficile et traumatisée. Cette même sœur est sûr le point de l'abandonner pour partir à l'autre bout du monde et effacer son ancienne vie d'un coup de gomme.

Non, mon frère n'aura jamais eu une adolescente facile.

- Je suis désolée Hugo... J'ai été tellement dûr envers toi...

Il secoue négativement la tête.

- Non, c'est de ma faute. Après quelques temps, je me suis enfoncé dans la négligence et je t'ai laissé livrée à toi-même. J'ai été un grand frère horrible...

Je lève les yeux au ciel.

- Parce que t'as crû que j'étais parfaite moi ? Si on faisait un best-off de toutes mes conneries, ça durerait au moins trois mois !

Il éclate de rire.

- C'est clair ! En 4ème, t'avais recouvert la maison d'une fille que t'aimais pas de papier toilette avant de m'accuser. J'étais dans la merde à cause de toi. Je t'en veux toujours, d'ailleurs, c'était pas sympa !

J'éclate de rire à mon tour.

On arrive bientôt à la maison. Ce soir, toute la famille reste manger à la maison, symbole d'une page qui se tourne. Pour moi, c'est plutôt un repas d'adieu... Mais ça, personne d'autre que moi ne le sait.

Falling With You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant