chapitre 39

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( PDV Yaniss )

L'après midi passe beaucoup trop lentement à mon goût. Après deux heures de physique chimie et une heure de philo, je rentre chez moi avec une seule envie : peindre.

Comme d'habitude, Hugo n'est pas à la maison. Il doit encore être chez Alvarez. Il y traine tout le temps maintenant. C'est très frustrant...

Je monte dans ma chambre et enfile mon tee-shirt gris clair trop large ainsi qu'un jogging noir. J'attache mes cheveux en chignon coiffé-décoiffé et sort une toile ainsi que tout mon matériel. Je commence à peindre les premiers traits.

Il s'agit d'une cage rouge sang sur un fond noir avec, à l'intérieur, une colombe blessée. Je ne sais pas pourquoi je peind ça. Peut être que je me sens en danger. Ou prisonnière. Enfermée dans la violance d'un homme que je ne connais pas mais qui à lever la main plus d'une fois sur moi. Peut être même que mon silence et la prison la plus étroite. Mais je n'ai pas vraiment le choix, je dois protéger ceux que j'aime...

Mon tableau terminé, je le laisse sécher sur mon chevalet de bois avant de partir prendre une douche. C'est dingue, à chaque fois, j'ai de la peinture partout. Et je ne sais pour quelle raison mais ça me fait du bien.

J'ai l'impression d'avoir extériorisé mes émotions. Peindre m'a toujours fait cet effet. Un peu comme une petite amnésie émotionnelle. Ou plutôt comme de la drogue.

Après ma douche terminée, je me couche dans mon lit malgré qu'il soit à peine 20h et ferme les yeux. Je m'endors alors qu'une toute petite larme solitaire coule sur ma joue et viens s'écraser contre mon oreiller.

Le lendemain matin, je réitère mon petit quotidien. Je me lève, me lave, m'habille et me maquille. La seule différence est que, quand je me suis regardée dans la glace et que j'ai vu la marque bleu très foncée encrée sur ma joue, j'ai poussé un petit cri avant de la masquer avec du fond de teint.

J'ai une boule au ventre. Je n'ai pas envie d'aller au lycée. Ça me terrifie. Mon téléphone vibre.

Connard professionnel :

Dis à ta chère petite Lilia que quelqu'un t'emmène en voiture au lycée et tiens toi prête, je viens te chercher. N'essaie même pas de me désobéir, ta meilleure amie pourrait vite avoir un accident avec toute cette neige !

Je lâche mon téléphone qui retombe à l'endroit sans même une fissure. Les larmes coulent le long de mes joues et je ramasse mon téléphone. Anthony ( soit connard professionnel ) menace littéralement de tuer ma meilleure amie.

Je vais devoir monter dans la voiture d'un sale type violant. Je me laisse glisser contre la porte de la salle de bain et tape une réponse.

Moi :

Ne fais pas de mal à Lilia ! Et laisse moi tranquille, mon frère est à la maison !

La réponse glaçante ne tarde pas à arriver et je me sent pâlir.

Connard professionnel :

Haa, ma petite Yaniss... On sait tout les deux que c'est faux. Il n'y a personne chez toi. Tu es toute seule. Tu es vulnérable. Et tu es à moi...

Un sanglots s'échappe de mes lèvres et je fonds en larmes. Comment sait-il tout ça ? Comment peut-il bien savoir que je ne vis presque plus avec mon frère ? Je relis la dernière phrase du message et manque de vomir d'angoisse.

Je respire un grand coup et me relève. Je me place face à la glace et me démaquille avant de refaire mon maquillage. Mon mascara avait coulé et le fond de teint était parti avec.

J'enfile ensuite mes bottes et mon manteau, mon bonnet et mes gants et prend mon sac de cours. Ma boule au ventre augmente d'autant plus lorsque mon téléphone vibre de nouveau.

Connard professionnel

Je suis devant chez toi. Ne me fais pas attendre.

L'angoisse monte de plus en plus et, la main sur la poignée de la porte d'entrée, je reste pétrifiée. J'ai envie de vomir tellement j'ai peur de ce garçon. Et personne ne peut m'aider...

Connard professionnel

Tu as trente secondes avant que je débarque chez toi et que je te traine de force.

Je ne respire plus. Mon dieu, mon dieu, mon dieu... Mes mains tremblent j'abaisse difficilement la poignée de la porte avant de l'ouvrir. Une voiture noire, plutôt belle mais imposante, est garée juste devant chez moi.

Anthony, appuyé contre la portière de son véhicule, me toise d'un air mauvais. Je ne fais plus un pas. Je me sens faible. Et je déteste ça. J'ai l'impression d'être un tout petit lapin devant un renard.

D'un pas nonchalant, Anthony s'avance vers moi tandis que, terrifiée, je ne parviens pas à reculer. Le garçon arrive bientôt à ma hauteur et me toise de ses yeux verts pâles.

- Qu'est ce que tu ne comprends pas dans "ne me fais pas attendre" ? demande-t-il avec mépris.

Mon sang ne fait qu'un tour et je retrouve finalement l'usage de ma langue.

- Et qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "je t'emmerde Anthony, dégage de chez moi ou j'appelle les flics" ?

Le terminal me regarde quelques secondes tandis que je regrette déjà mes paroles. Puis, d'un geste brusque, il me pousse dans la maison. Je tombe à la renverse et me relève, tandis qu'Anthony s'incruste dans ma demeure en prenant soin de refermer la porte derrière lui.

À ce moment là, j'ai vraiment peur. J'ai souvent dis que je n'avais peur de rien, que je pouvais me sortir de n'importe quelle situation. Mais en ce moment même, je suis terrifiée. Je prie pour ma vie tandis que le garçon violant m'attrape par le poignet et me le tort sans ménagement.

Un petit cri s'échappe de mes lèvres et je tombe au sol. Anthony m'envoie un grand coup de pied dans le ventre et je me plie en deux, complètement recroquevillée sur le sol dur et glacé. C'est au moment où je n'ai plus d'espoir que trois coups sont frappés à la porte.

Falling With You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant