chapitre 59

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( PDV Yaniss )

Je mange tranquillement ma pomme quand un énorme boucan se fait entendre dans le hall. Je sursaute et me tourne, effrayée, vers Enzo qui... Sourit ?

- YANISS ! hurle une voix que je connais bien.

Lilia, Vanessa et Anaïs déboulent comme des folles dans la cuisine et me fondèrent dessus pour me serrer dans leurs bras. Je me détends et un grand sourire prend place sur mes lèvres. Elles, elles pleurent toutes les trois. Elles finissent par s'écarter de moi et Vanessa déclare :

- La prochaine fois que tu te fais kidnapper par un psychopathe, laisse moi le tuer, s'il te plaît.

Je rigole légèrement.

- Qu'est-ce que vous faites toutes là ? demandai-je sans perdre mon sourire.

- On fête Noël pardi ! s'exclame Lilia.

Comment ça ? Noël était il y a six jours !

- On avait pas du tout la tête à fêter Noël avec ta disparition, explique Anaïs, toujours en larmes. Alors on a décidé de faire Noël aujourd'hui ! Gabriel est allé acheté un sapin pour qu'on le décor !

Gabriel est le frère d'accueil d'Anaïs, même si ils se considèrent comme frère et soeur de sang. Les larmes me viennent aux yeux. J'adore Noël. Mon sourire s'agrandit un peu plus et sans prévenir qui que ce soit, je grimpe les escaliers jusqu'au grenier. Je pousse la trappe et me hisse à l'intérieur de la pièce poussiéreuse.

Le grenier est sombre et sale, rempli de cartons empilés les uns sur les autres. Je cherche les seuls qui m'intéressent et je fini bientôt par les trouver derrière une pile de vieux objets. Sur deux de ceux-ci, est marqué au feutre noir "déco Noël". Mon sourire s'élargit encore plus. Je retrousse mes manches.

En l'espace d'une seconde, j'oublie tout. J'oublie à quel point je souffre. J'oublie mes peurs, mes angoisses, ma honte. Bien sûr, je la sens toujours en moi, me rongeant les tripes, empoisonnant mon cœur. Mais je n'y pense plus... Car c'est Noël !

Je prends un des deux cartons et le porte dans un effort colossal ! C'est lourd ! Je finis par le relâcher au bout de quelques secondes.

- Tu veux un coup de main ?

Je sursaute et me retourne brusquement. Enzo se tient à bonne distance de moi, un air triste et mélancolique sur son beau visage.

- Enzo, tu m'as fais peur, murmurai-je en évitant son regard.

Il s'approche de moi et s'assoit sur le sol poussiéreux, avant de me prendre la main et de m'inciter à faire de même. Il tourne ensuite mon visage vers le sien, tandis que son regard jongle entre mes yeux et mes lèvres.

- Ça me tue de te voir comme ça, murmure-t-il en incrustant une bonne fois pour toutes ses yeux dans les miens.

Je détourne la tête pour éviter son regard. Je sais bien que je le blesse. Je ne suis plus comme avant. Je n'ai plus aucun courage. Je n'ai même plus l'envie d'avancer. Plus l'envie de me battre.

- Je suis désolée, murmurai-je.

Il lève une nouvelle fois mon visage vers le sien.

- Tu n'y es pour rien, Princessa. Mais si tu savais comme je m'en veux...

C'est à son tour de baisser la tête. Hein ? Pourquoi est-ce qu'il s'en voudrait ?

- Pourquoi ? demandai-je d'une voix faible.

Il prend une grande inspiration et me regarde de nouveau. Mon cœur se brise. Toute cette peine. Toute cette culpabilité. Enzo...

- Je ne t'ai pas suivi, murmure-t-il d'une voix tremblante. Je savais que t'étais en danger, je le savais, mais j'ai refoulé mon intuition en pensant que je m'inquiétais trop pour rien...

Une larme roule sur sa joue. Lorenzo Alvarez... Pleure ? Je pose ma main sur sa joue et efface la larme d'un revers du pouce.

- Tu n'y es pour rien Enzo... C'est de ma faute...

Ma voix se brise. Il fronce les sourcils.

- Pourquoi ?

Ma main quitte sa joue et viens caresser ses cheveux.

- Après... Après notre baisé, dehors... bafouillai-je. Il a continué à m'harceler et... Il savait... Il savait pour nous deux et il... Il disait que ça m'embêtait pour ses plans...

Une expression de surprise passe sur son visage, bientôt remplacer par de la colère.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dis ? On aurait pû t'éviter tout le mal qu'il t'a fait !

Je baisse le regard.

- J'en sais rien... murmurai-je. Mais je le regrette, aujourd'hui.

Il me colle contre son torse et enfoui sa tête dans mon cou. Il... Tremble ? Il me serre contre lui, puis chuchote, sans bouger.

- Yaniss, je veux que tu me dises ce qu'il t'a fait.

Nan, pas ça, Enzo, je t'en supplie. Un larme roule sur ma joue. Encore.

- Je peux pas Enzo, murmurai-je d'une voix étranglée.

Il secoue la tête, toujours dans mon cou.

- Je veux que tu me dises ce qu'il t'a fait, répète-t-il. Je veux que tu me le dises, tu dois me le dire. Sinon, je ne pourrai jamais te sauver. Regarde ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu ne m'as rien dit.

D'autres larmes coulent. J'ai tellement honte. Je ne peux pas lui dire. Il m'abandonnerait. Où dans le meilleur des cas, il ne me verrait plus jamais de la même façon... Et sincèrement, je me sens incapable ne serait-ce que de penser à ce qu'il m'est arrivé.

- Je peux pas, je ne peux pas... dis-je dans un sanglot.

Il me serre un peu plus contre lui tendis que ses tremblements s'intensifient.

- Yaniss, s'il t'arrive quoi que ce soit d'autre, je ne me le pardonnerai jamais alors dis le moi, qu'on ait une chance de te sauver.

Je pleure de plus belle. Je ne veux pas qu'il sache, je ne veux pas...

- Il ne m'arrivera plus rien Enzo, mais je t'en supplie, ne m'oblige pas à parler de ce que j'ai vécu !

Il s'ecarte de moi pour me regarder dans les yeux.

- Pourquoi tu ne me fais pas confiance ? demande-t-il. Si t'étais à ma place... Tu...

Il détourne le regard et se lève.

- Je te laisse 48 heures pour en parler, dit-il. Sinon, c'est moi qui vais aller voir Anthony pour lui demander en personne.

Mes yeux s'agrandissent tandis que la peur afflue dans mes veines. Il en est capable, je le sais...

- NAN, ENZO, JE T'EN PRIE, TU N'AS PAS LE DROIT ! hurlai-je en pleurant.

Je vois ses yeux se fermer et une larme couler.

- Je n'ai pas le choix, Yaniss, c'est pour ton bien...

Je me mets à trembler.

- Nan, je t'en supplie, je ne veux pas que tu saches...

Ma voix se brise. Il passe sa main dans ses cheveux en bataille.

- 48 heures Yaniss, dit-il.

Il prend le carton "Déco Noël" le plus lourd et se dirige vers la trappe. Avant de partir, il murmure :

- Je sais que tu m'en veux mais un jour tu comprendras que je fais ça dans le but de te protéger. Parce que je suis amoureux de toi. Depuis déjà trop longtemps.

Et sur ces mots, il part, tandis que j'éclate en sanglots...

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