chapitre 44

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( PDV Yaniss )

À peine ai-je franchi ma porte d'entrée que l'envie de m'enfuir me prend déjà aux tripes. Ma gorge se serre et les souvenirs récents refont surface. Ça a duré à peine quelques minutes ; cependant, je sais bien que je m'en souviendrai toute ma vie.

Je souffle un grand coup et rentre dans le salon, les jambes flageolantes.
Mon frère se lève quand il me voit et me prend dans ses bras immédiatement.

- Hey, mon bébé, dit-il avec un sourire.  Comment tu vas.

Je souffle. J'ai envie de pleurer. Pourtant, j'affiche un sourire convainquant et répond :

- Beaucoup mieux qu'hier, je vais parfaitement bien !

- Et sans mensonges, ça donne quoi ?

Ha. Je crois que je manque de crédibilité.

Je souffle de nouveau et m'affale sur le canapé.

- Je suis fatiguée, en colère, reconnaissante d'être encore en vie et...

Ma voix se coupe et je ferme les yeux, laissant les larmes couler sur mes joues.

- Et je suis frustrée que nos parents fassent comme si on existait pas...

Hugo s'assoit à côté de moi.

- Pardon, Yaniss, dit-il. Je n'ai pas été assez présent, ces derniers temps, alors que tu avais besoin de moi. Je suis désolé.

Je tourne mon regard vers lui et lui souris faiblement.

- C'est pas de ta faute, Hugo. C'est pas ton rôle, normalement, de prendre soin de moi.

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres.

- Ouais, c'est clair, il va falloir que tu te trouves un mari, Yaniss ! s'exclame-t-il.

Je ris et il m'imite.

- Au fait en parlant de ça, dit Hugo, tu as trouvé quelqu'un pour le bal d'hiver ?

Tiens, c'est vrai ça ! Le bal est dans cinq jours et je n'ai toujours pas de cavaliers. Je sais pourtant qu'Anaïs y va avec Mathias, et que Lilia et Alonso y vont "en ami". On y croit tous. Tilio, Vanessa et moi n'avons personne. Enzo non plus je crois.

- J'ai personne, répondis-je à mon frère.

Il fait la moue.

- Tu compte rester célibataire toute ta vie ou quoi ! dit-il en boudant comme un gamin.

J'éclate de rire.

- Mais nan, idiot, je veux juste trouver le bon !

Hugo me fait un sourire entendu.

- Dis plutôt que tu attends qu'Enzo t'invite ! rit-il.

Je fais les gros yeux.

- Enzo ?! m'exclamais-je. Ça va pas la tête ? Tu as oublié qu'on est ennemis ?

Il lève les yeux au ciel.

- N'importe quoi, dit-il, c'est fini depuis longtemps ça ! Au fond, vous pouvez pas vous passez l'un de l'autre. Vous prétendez vous détester mais vous adorez vous engueuler comme un petit couple de vieux !

Je lève les yeux au ciel à mon tour.

- Tu débloque Hugo.

- Non, j'annonce les faits, puisque vous êtes aveugles tous les deux !

N'importe quoi. Je n'arrive même pas à supporter Alvarez. Mais bien sûr...

Si même la conscience est contre moi, ça va pas le faire...

Nan, c'est catégorique ! C'est vrai, je déteste moins Enzo qu'avant. Je le considère peut être même comme un ami. Mais en aucun cas il ne me plaît, plutôt rêver !

Mon frère lance un film et va dans la cuisine préparer des chocolats chauds tandis que je m'enfoui sous un plaid épais. Il neige toujours dehors. Noël pointera le bout de son nez dans deux semaines. Et pour la première fois de ma vie, je n'ai vraiment pas hâte. Je vais me sentir plus seule que jamais. Il y aura mon frère, bien entendu. Mais il ne pourra pas remplacer papa et maman. Et j'ai mis du temps pour le comprendre...

Je finis par m'endormir sur le canapé, tandis que deux adultes parfaitement niais s'embrassent à côté d'un sapin à la télé. Mais bon je ne vous fais pas de dessin, c'est un film de Noël après tout. C'est romancé, trop beau pour exister et très répétitif. Loin de moi l'idée d'épouser un homme qui a des manières de fillettes ! Je préfère quand on me tiens tête, qu'on s'oppose à moi. Et la seule personne qui me tient tête à tel point que ça me fait rire, c'est Enzo. Et, je préviens tout de suite, il ne me plaît pas. Il est... Énervant ! Cesse de te mentir à toi même...

J'ai une question...
Y'a-t-il un moyen pour faire taire cette putain de conscience ?!

Falling With You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant