chapitre 55

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( PDV Yaniss )

Je regarde mon bras en sang. Comme si j'avais besoin d'encore plus de cicatrices. Je sèche mes larmes et lave mon bras, avant de retourner dans la chambre. L'odeur du gel hydroalcoolique me donne envie de vomir et l'allure de la pièce fait froid dans le dos. Tout est blanc, avec plein de machines et de bidule, avec un lit peu confortable au centre de la pièce, une chaise à côté.

Je souffle et allonge dans le lit. Je me sens mal. Comme si j'étais encore là bas. Comme si je n'étais qu'un fantôme et que mon corps était resté dans ce vieux hangar désaffecté. La douleur sur ma peau me prouvait pourtant que non, j'étais bien là, faible, détruite, et abîmée.

Mes yeux se ferment pour se rouvrir aussitôt. Putain... À chaque fois que je ferme les yeux, je le vois. C'est... Terrifiant. Je tremble toujours un peu. Qu'est-ce que je suis faible...

Ça ne sert plus à rien de continuer. Saute par la fenêtre, qu'on en finisse...

Je secoue la tête pour faire taire la voix. Je m'assoie dans mon lit et j'attends. J'attends que la douleur disparaisse. J'attends que cette horrible chambre disparaisse. J'attends que tout se fasse aspirer, mon y compris. J'attends que cette voix se la ferme. J'attends juste de mourir...

La fatigue prends finalement le dessus et je m'endors, les larmes aux yeux, le cœur meurtri, la boule au ventre et la haine dans les veines...

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- Yaniss... Yaniss, réveil toi...

Quelqu'un m'appelle doucement. Je papillonne des paupières, m'habituant au peu de lumière présent dans la pièce et mets ma main en visière pour voir de qui il s'agit.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Enzo, penché à ma hauteur, me regarde en caressant mes cheveux. Je me redresse et regarde autour de moi. La chambre d'hôpital... Cool. Notez l'ironie. Pendant une fraction de seconde, j'avais vivement espéré que je m'étais endormie pendant le bal d'hiver et que toute ma mésaventure n'était qu'un rêve.

C'est donc sans surprise que je me laisse retomber contre mon coussin, déprimée.

- Yaniss, tu viens ? me demande Enzo. Tu peux sortir aujourd'hui, tes blessures sont très superficielles, tu as juste besoin de repos.

Un petit sourire fend mon visage. Au moins, je peux sortir de cette prison blanche. Je me lève et Enzo me soutient par le bras. Il me tend des vêtements chauds : un jogging et sweat shirt épais ainsi que des baskets.

- Tu veux que je sorte ? demande calmement Enzo.

Je hoche positivement la tête et il m'embrasse sur le front avant de quitter la pièce. Je me change vite et sors de la chambre. Il passe sont bras autour de mes épaules et me conduit tout doucement en dehors de ce pénitencier déguisé.

Je monte péniblement dans la voiture et attaches ma ceinture. Enzo monte à côté de moi, puis tourne son regard vers le mien.

- Je te vengerai Princessa, murmure-t-il. Je te le promets.

C'est trop tard, Enzo... Je hoche la tête avec un sourire qui sonne faux, puis pose ma tête contre la vitre.

Hugo m'a expliqué hier que nos parents n'étaient pas au courant de ma disparition car ils ne répondaient pas au téléphone. Je pense surtout qu'ils n'en ont rien à faire de notre santé ou de nos états d'âmes.

Enzo met le contact et sort du parking avant de se retrouver sur la route. Il roule doucement, et la pluie commence à tomber. De petites gouttes. Elles éclaboussent ma fenêtre. Le ciel est gris et triste, et l'air est froid. Un vrai temps d'hiver.

En roulant, on passe devant le lycée. Ce lycée. Là où tout à commencé. Je n'y retournerai pas. Je n'y retournerai plus. Ma scolarité s'arrête là.

Enzo me dépose chez moi et je sors de la voiture sans un mot, pas même un remerciement. J'aime Enzo. Mais je souffre. Je ne pourrai pas lui donner ce qu'il veut. Et si un jour il apprend ce qui s'est réellement passé, il me quittera aussitôt. Qui diable voudrait d'une femme impure ?

Je franchis le seuil de ma maison.

- Yaniss ? appelle Hugo.

Je l'entends se diriger vers le hall. Je souffle et monte précipitamment dans ma chambre. Avec un peu de chance, il me laissera tranquille...

Je sors une toile. J'en ai besoin. J'attrape des pinceaux, de la peinture, enfile un grand tee-shirt déjà tâché. Je peind. Je peind longtemps. J'y met toute ma rage. Toute ma haine. Toute ma honte. Toute ma peine. Je trace sur la toile tout ce que je ne peux pas dire...

Falling With You Où les histoires vivent. Découvrez maintenant