chapitre 36

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( PDV Yaniss )

Je grimpe les escaliers en soufflant. Ce type est littéralement bipolaire. Un coup il va prendre ma défense pour je ne sais quoi, un autre il ne me dit même pas bonjour et se comporte avec moi comme si il me détestait. Il te déteste espèce d'idiote ! Et c'est réciproque.

Je suis donc Lorenzo dans ce qui semble être sa chambre. Un lit trône au milieu de la pièce, une grande armoire se tient sur le mur d'en face et un bureau est installé à gauche, aligné à une grande fenêtre cernée de rideaux noirs opaques. La pièce est, je dois l'avouer, plutôt bien rangée.

Alvarez s'assoit en tailleur sur son lit en attrapant au passage son ordinateur portable posé sur le bureau. Il tape le code avant de relever la tête vers moi.

- Tu compte camper à la porte ou quoi ? me demande-t-il d'un air moqueur.

Je lève les yeux au ciel et entre dans la pièce. Je dois l'avouer, je suis carrément mal à l'aise. La compagnie de Lorenzo est tout sauf agréable. Il est froid et il a le dont d'agacer les gens. Moi en particulier. À tout moment il va sortir un couteau pour me le planter dans le cœur, j'en suis sûre. Va falloir que j'arrête de regarder des séries morbides...

- Bon, tu te dépêche ou quoi, le travail va pas se faire tout seul ! s'exclame Alvarez.

Pour la énième fois, mon sang ne fait qu'un tour.

- Ce travail j'aurais pû le faire toute seule, imbécile ! m'exclamais-je. Et je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part !

Le regard de Lorenzo se voile de colère. Une colère que je ne perçois que rarement. Plus forte que les autres...

Il se lève et contourne son lit pour me faire face.

- Tu m'as traité d'imbéciles ? chuchote-t-il, son corps à quelques centimètres du mien.

Je fronce les sourcils et déglutit.

- Il n'y a que la vérité qui blesse, dis-je sans baisser le regard.

La rage dans les yeux de mon ennemi se fait plus intense.

- Tu es toute seule, dit-il, tu n'as personne pour te protéger. Pas d'amis, rien. Pourtant, tu continues à me tenir tête et tu n'hésites pas à m'insulter.

Un sourire fier prend place sur mes lèvres.

- Je n'ai peur de rien, et encore moins de toi, dis-je d'un air confiant.

Tout d'un coup, sans que je m'y attende, il m'attrape par la gorge et plaque contre le mur blanc derrière moi, sans pour autant serrer sa prise.

- Alors, tu es toujours aussi courageuse ? siffle-t-il, son visage à quelques centimètres du mien.

Carrément pas ! Mais je ne me démonte jamais, et certainement pas devant cet abruti.

- Tu es minable, Alvarez, dis-je avec dégoût. On ne t'as jamais appris à ne jamais lever la main sur une femme ?

Un sourire se trace sur ses lèvres mais il ne bouge pas d'un pouce.

- Je ne t'ai pas frappé, dit-il, et je ne le ferai pas. Mais j'aimerais que tu me respecte comme tu le dois. Tu n'es pas meilleure que moi Johanssen...

- Je serai toujours meilleure que toi, Alvarez...

La rage fait de nouveau place dans ses yeux et il lâche mon coup. Il passe une main dans ses cheveux en bataille, l'air agacé, son corps à quelques ridicules centimètres du mien.

- Cesse de me tenir tête Yaniss, marmonne-t-il en fixant ses yeux noisettes dans les miens.

Je fronce les sourcils, déterminée.

- Pourquoi ? demandai-je.

Son regard brûlant se pose sur mes lèvres. Personne ne m'avait jamais regardé comme ça avant lui. Personne. C'en était à la fois déstabilisant et... Presque hypnotisant d'une certaine manière.

- Parce que tu me rends fou, avoue-t-il sans quitter mes lèvres des yeux, tu me fais perdre le contrôle et je déteste ça.

J'ai l'impression qu'une pierre me tombe dans l'estomac.

- Comment ça ? demandai-je, sceptique.

Il quitte mes lèvres du regard pour venir encrer ses iris aux miennes.

- Tu me fais sortir de mes gonds, t'es une vraie peste ! dit-il. Tu arrives à me mettre tellement en colère que je ne maîtrise plus rien. Personne ne m'a jamais tenu tête de cette façon et c'est vrai... Perturbant.

Je fronce les sourcils.

- Je fais souvent cet effet aux gens, dis-je d'un air dégagé, je suis apparemment très insolente et particulièrement agaçante.

Je marque une pause puis conclue.

- J'en suis très fière.

Lorenzo lève les yeux au ciel et s'écarte de moi une bonne fois pour toutes. C'est étrange mais j'ai soudainement l'impression d'avoir froid. Comme s'il me manquait quelque chose. Bizarre...

Lorenzo se rassoit sur son lit et s'adosse à la tête de lit.

- On fera le travail un autre jour, déclare-t-il, je suis vraiment pas d'humeur à travailler avec toi.

Puis il s'allonge en me tournant le dos.

J'attrape mes affaires et sors de la chambre, un peu perturbée. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Avant on se contentait juste de se détester. J'ai l'impression que c'est différent ces derniers temps. Ho on se déteste toujours, c'est indéniable. Mais maintenant, il y a autre chose et je n'arrive pas à savoir ce que c'est.

Je dessens les escaliers et souhaite un bonne soirée à la mère de Lorenzo et à sa sœur avant de m'éclipser hors de la maison hantée. Dont le monstre est mon détestable pire ennemi.

Je traverse la route et rentre chez moi, espérant qu'Hugo soit rentré. Ce qui est le cas.

En arrivant, je l'aperçoit, couché sur le canapé, le téléphone au dessus de son visage.

- Tu étais où ? demandai-je avec une pointe de colère.

Mon frère tourne la tête vers moi.

- J'étais à la plage.

Je hausse un sourcil.

- Sous la pluie ?

- Qu'est ce que ça peut te foutre ?

Là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

- PEUT ÊTRE PARCE QUE JE M'INQUIÉTAIS ? m'exclamais-je. OU AUSSI PEUT ÊTRE QUE J'EN AI RAS LE BOL DE VEILLER SUR TOI COMME UNE MÈRE SUR SON FILS ? J'EN AI MARRE, OK ? C'EST TOI QUI DEVAIS S'OCCUPER DE MOI, PAS L'INVERSE. TU NE FAIS ABSOLUMENT RIEN POUR M'AIDER ! ALORS QUE MOI, JE SUIS TOUJOURS LA POUR TOI !

- JE NE T'AI JAMAIS RIEN DEMANDÉ ! renchérit mon frère. JE NE T'AI JAMAIS DEMANDÉ DE PRENDRE LA PLACE QUE NOS PARENTS SONT INCAPABLES D'OCCUPER. ALORS FOUS MOI LA PAIX, J'AI PAS BESOIN DE TOI !

J'ai soudainement l'impression que mon cœur se brise. Mon propre frère se fiche totalement de moi. Un larme roule sur ma joue. Je detourne les talons et pars dans ma chambre en me retenant de pleurer. J'ai besoin d'être seule. J'ai besoin d'oublier la douleur, ou du moins, l'extérioriser. Alors j'attrape une toile et de la peinture avant de commencer à peindre avec rage.

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