Falling With You

chapitre 68

( PDV Yaniss )

On rentre dans la salle d'audience. J'ai les jambes qui tremblent. Les gens présents prennent leur parti. Le mien en l'occurrence. Les avocats des deux camps discutent entre eux, l'air plus cordiales et joviales, comme s'ils se connaissaient.

Je croise alors le regard amusé d'Anthony. Ma respiration se coupe et la nausée refait surface. Je me dépêche de détourner les yeux. Pourquoi a-t-il l'air si amusé, comme s'il se moquait pertinemment de l'issue de cette audience ?

Je regarde vers son parti où seuls de personnes que je présume être ses parents s'y trouve. La femme pleure silencieusement dans un mouchoir et l'homme à l'air profondément dégoûté de son fils. J'en connais un qui va vite se faire déshériter.

Je m'assoie sur "le banc de la victime" au côté de mon avocat. Toute ma famille est derrière moi. Et tous fulminent littéralement en assassinant Anthony du regard. Je vois même Mme Alvarez retenir son fils d'aller physiquement tuer mon agresseur.

Mon frère, lui aussi, est retenu par Mathias et Anaïs. La juge nous salue. C'est une jeune femme aux yeux bleus pâle à l'air profondément gentil et chaleureux. Espérons que la première impression soit la bonne où je suis sacrément foutue.

L'assistant juridique présent lui aussi, un homme d'une trentaine d'année à l'air Papa Cool me fait un signe de tête encourageant ainsi qu'un sourire aimable.

- Bien. déclare le juge d'une voix forte. Les deux partis étant présent, je vous propose de commencer l'audience du 10 janvier 2024 ayant pour sujet l'enlèvement de la victime Mademoiselle Yanis Johannsen ici présente par l'accusé Mr Anthony Perez présent lui aussi.

Je ferme les yeux et refoule mes larmes. Je ne dois pas pleurer, je ne dois pas pleurer, je ne dois pas pleurer...

- Mr Perez, levé vous s'il vous plaît.

Anthony obéi, un sourire nonchalant sur les lèvres.

- Mr Perez, confirmez-vous avoir enlevé et séquestrée Mademoiselle Johannsen dans un hangar au abord de la ville ?

Je lève les yeux au ciel. C'est quoi cette question ridicule ?

- Je le confirme, dit Anthony d'une voix hautaine.

Son avocat lui chuchote quelque chose d'un air agacé. La juge hausse les sourcils.

- Et qu'avez vous à dire pour votre défense ?

Anthony me jette un coup d'œil.

- Elle avait refusé de coucher avec moi alors que c'est une pute.

La réaction est immédiate. Mon frère et Enzo se lève et essaient de bondir littéralement sur Anthony en hurlant toutes les insultes qui leur passent par la tête. Tout mon parti les retient et deux policiers les fonts sortir.

La juge frappe trois fois à l'aide de son marteau pour réclamer le silence.

- Mr Perez, je vous prie de surveiller votre language ! Donc si je suis votre raisonnement, lorsqu'une jeune fille de 16 ans refuse de coucher avec vous, votre réponse est de la menacer, d'introduire chez elle pour la frapper puis finalement la kidnapper pour lui infliger de nouvelles blessures ?

Mon avocat se lève.

- Votre honneur, s'il vous plaît.

La juge lui donne la parole.

- Votre honneur, Mr Perez n'a pas fait que blesser Mademoiselle Johannsen, elle m'a aussi révélé avoir été violée par ce jeune à quatre reprises !

Je mets ma tête dans les mains tandis que ma respiration se coupe. La mère d'Anthony se lève brusquement.

- QUELLE HORREUR ! hurle-t-elle. Mademoiselle, par pitié, affirmez moi que mon fils ne vous a pas fait subir telle torture !

Je lève la tête et ouvre la bouche, prête à répondre. Mais d'un regard, la femme se fige. Elle a compris. Elle essuies ses joues inondées de larmes puis quitte le parti de son fils, suivi par son mari.

Avant de quitter la salle d'audience, elle déclare :

- Sachez mademoiselle que nous sommes terriblement désolés pour vous et que nous vous soutenons. Mon fils chéri est mort à la minute où il a levé la main sur vous.

Puis, après un dernier regard dégoûté vers sa progéniture, elle quitte la salle devant son époux qui la suit sans rien dire.

- Reprenons, dis le juge. Mr Perez, confirmez vous les dires de Mr Jones et Mademoiselle Johannsen ?

Les bras croisés, mon violeur me jette un regard noir.

- C'est faux, elle était consentante.

NON MAIS JE RÊVE ? IL N'A QUAND MÊME PAS DIT ÇA, C'EST PAS POSSIBLE ! Les larmes coulent désormais en flots sur mes joues et je me lève en hurlant.

- C'EST FAUX ! T'ES QU'UN MENTEUR ! JE T'AI SUPPLIÉ DE T'ARRÊTER, JE T'AI SUPPLIÉ ! T'ES QU'UN MENTEUR !

L'avocat pose une main sur mon épaule et m'implore de me calmer tandis que la juge réclame une nouvelle fois le silence.

- Mr Perez, je doute sincèrement qu'une jeune fille que vous avez battu et séquestrée soit consentante d'un tel acte, surtout si elle a refusé toute liaison avec vous dès le début.

Anthony se tait. Je remarque d'ailleurs que son avocat ne dit rien depuis tout à l'heure.

- Confirmez vous également avoir infiltré le téléphone de mademoiselle Johanssen à de nombreuses reprises pour la menacer par messages ?

Anthony acquiesce d'un air colérique.

- De toute façon elle n'a eu que ce qu'elle méritait, c'était une vraie garce de première !

La rage brûle en moi.

- Ce que je méritais ? dis-je d'une voix tremblante de haine. CE QUE JE MÉRITAIS ? HA PARCE QUE TU CROIS QUE JE MÉRITAIS DE PERDRE MA VIRGINITÉ DE CETTE FAÇON ? JE MÉRITAIS TOUTES CES CICATRICES SUR MON CORPS ? SANS COMPTER CELLES QUI LE RESTERONS GRAVÉES DANS MA MÉMOIRE À VIE ? JE MÉRITAIS PAS ÇA, PUTAIN, JE MÉRITAIS PAS ÇA !

Je me tais et me rassois. Gros blanc dans la salle. La juge me regarde d'un air étrangement triste.

- Bien, j'ai ma décision, dit-elle. Mr Perez, vous serez en détention jusqu'à votre majorité avant d'écoper de vingt ans de prison ferme et d'une amende de 50 000 euros avec sursis. Mademoiselle Johannsen, vous serez obligatoirement suivie en soutien psychologique.

Elle s'adresse ensuite au deux policiers présents dans la salle.

- Messieurs, emmenez Mr Perez en cellule. Vous pouvez y aller.

Je tremble, j'ai envie de vomir et j'ai la tête qui tourne, tandis qu'on emmène mon agresseur loin de moi. C'est fini. J'ai gagné. J'ai gagné.

Mon avocat me serre la main.

- Je vous souhaite tout le bonheur du monde jeune fille. Vous méritez une belle vie. Heureusement, vous avez la chance d'être entouré de personnes qui vous aiment et tiennent à vous. Ça aurait été bien plus dur pour vous dans le cas contraire. Bonne continuation.

Puis il part après un dernier sourire. J'ai la tête embrouillée de milliers de pensée. Mais deux questions s'imposent, bien plus complexe que ce qu'on pourrait imaginer : est-ce que je pars où non ?