chapitre 70

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( PDV Yaniss )

Je quitte la table en prétextant être épuisée. Je serre tout le monde fort dans mes bras, retenant mes larmes, tandis que mes amis ont l'air attendri face à cette marque de tendresse. Tous sauf Enzo qui m'interroge du regard.

- Tu te sens bien ? demande-t-il d'un air suspicieux.

Je fronce les sourcils. Il ne doit rien soupçonner ou je n'arriverais jamais à partir...

- Oui, ça va, cette journée m'a juste épuisée et j'ai besoin de me retrouver seule.

Il hoche la tête et ajoute :

- D'accord, repose toi. Je t'aime...

Il dépose ses lèvres sur les miennes et je profite du bref contact pour la dernière fois de toute ma vie...

Je souhaite ensuite une bonne nuit à tout le monde et monte dans ma chambre. Je dois absolument trouver le moyen d'aller à l'aéroport en moins de trente minutes. Première étape : sortir de la maison sans me faire repérer.

Je ferme la porte de ma chambre et me dirige directement vers mon lit. Je me penche et prend le sac coincé entre les lattes. Ce qu'il contient est très simple : une nouvelle carte sim sur laquelle j'ai commandé le billet d'avion, un chargeur, des écouteurs, quelques vêtements, un carnet de croquis et une trousse de crayons, ma carte bleue, ma nouvelle ( fausse ) carte d'identité et de l'argent en liquide.

J'ai choisi de quand même garder avec moi le collier de saphir. Je ne me voyais pas m'en séparer...

Plus qu'à trouver une issue. Je regarde ma baie vitrée. C'est un peu haut quand même... Mais on est seulement au première étage donc ça peut le faire.

Mon regard se tourne alors vers mon armoire. J'ai une idée... Je sors une tonne de vêtements et les nouent solidement ensemble le plus vite possible jusqu'à créer une sorte de corde.

J'ouvre ma baie vitrée silencieusement et regarde partout pour voir s'il n'y a personne dehors. Aucune trace de vie humaine. Parfait. J'ai plus qu'à sortir, marcher quelques rues plus loin, commander un Uber et partir directement l'aéroport. Où ma nouvelle vie pourra commencer...

J'attache la corde de vêtements à mon balcon et vérifie sa solidité du mieu que je peux. Impec. Ça va me faire.

Je balance mon sac dans un buisson pour me débarrasser.

Un bruit me fait sursauter. Trois coups sont frappés à ma porte.

- Merde, merde, merde, murmurai-je.

Je referme la baie vitrée et cours entre-ouvrir la porte. Mon cœur s'arrête. Enzo se tient juste devant moi, planté sur le seuil.

- J'aimerais te parler, Yaniss, dit-il. Je sais que tu es fatiguée mais j'ai besoin de clarifier les choses avec toi.

Je fronce les sourcils. Clarifier les choses avec moi ? Est-ce qu'il va me quitter ? Sûrement. Après tout, qui voudrait d'une femme violée ? Le cœur en miettes, je sors de ma chambre et referme la porte derrière moi, collant mon dos contre celle-ci, la tête basse.

Enzo s'assoit sur le sol et m'incite à faire de même. J'obéis sans pourtant lever les yeux vers lui, attendant qu'il prononce les mots qui me détruiront un peu plus.

- Écoute, dit-il. Tu as traversé des moments vraiment durs et je me doute que pour toi c'est loin d'être terminé. Tu vas être suivie par un psy et ça ira peut être mieux avec le temps...

Il marque une pose pour relever délicatement mon visage vers le sien. Mes yeux croisent ses prunelles et je tente de m'en détacher, pourtant sans succès. Comme si j'étais hypnotisée par la lueur dansante dans son regard brûlant.

- On est là Yaniss, murmure-t-il. On t'abandonneras pas. Je sais que tu essaies de nous repousser, je le vois. Tu a la tête ailleurs, comme si tu avais une idée. Une idée qui a pourtant l'air de déchirer ton âme. S'il te plaît, je t'en prie, ne faisant pas de conneries... Je ne supporterai pas de te perdre une seconde fois...

Mon cœur se fissure. Il se brise. Il s'écroule dans mon estomac. Je suis sur le point de lui faire du mal. Mais je sais que je lui en ferai plus si je reste avec lui. Je lui rappelerai à chaque seconde qu'il m'a déjà perdu une fois.

Et contrairement à ce qu'il pense, je ne m'en remettrai pas. Pas si je reste ici. Du moins, c'est ce que je crois...

J'affiche un sourire faux, serrant les dents pour ne pas pleurer.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles Enzo, affirmai-je. Je vais très bien. Anthony est loin de moi, enfermé à double tour. Je sais que vous êtes là et je vous en remercie. Je suis juste fatiguée...

Il secoue négativement la tête.

- Pas à moi, Yaniss, me prend pas pour un con... Je sais que tu vas faire une connerie, je le vois dans tes yeux... Tu n'es pas aussi douée pour cacher tes sentiments que tu penses l'être.

Je ne perds pas mon sourire. Le temps passe, il faut absolument que je me sorte de cette situation... J'ai une idée. Nulle, mais elle peut fonctionner.

- On en reparle demain d'accord ? Je suis vraiment fatiguée...

Je vois dans ses yeux qu'il ne me croit pas. Pourtant, il se lève. Je l'imite et ouvre la porte de ma chambre.

- Bonne nuit, Enzo, murmurai-je d'une voix brisée.

Il serre les points, le regard emplie d'une douleur qui me coupe la respiration.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ton " bonne nuit" sonne comme un adieu ?

Parce que c'est le cas...

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