chapitre 57

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( PDV Lorenzo )

- Nan... répondit-elle sans même y réfléchir une seconde.

Je n'en suis même pas étonné. Elle est traumatisée. Je le vois dans ses yeux. Ça me brise le cœur...

La prison serait bien trop douce pour cet enfoiré d'Anthony. Je ne sais pas ce qu'il a fait a Yaniss, mais je suis persuadé que sa torture et bien pire que ce que l'on peut s'imaginer. Ce psychopathe est carrément imprévisible...

- S'il vous plaît, mademoiselle, dit calmement l'avocat, je comprends que vous ne vouliez pas en parler à un inconnu. Mais si vous souhaitez que Mr Anthony ait ce qu'il mérite, il faut nous dire ce qu'il s'est passé.

Je la sens frémir à mes côtés. Des souvenirs. J'en suis sûr. D'un geste qui se veut rassurant, je pose une main sur sa cuisse. Mais à peine ai-je esquissé ce geste, elle se lève brusquement et part très rapidement dans sa chambre.

Je souffle et passe mes mains sur mon visage. Je ne sais pas comment je vais faire. Je ne sais même pas ce que je dois faire. J'aimerais être là pour elle, pouvoir soulager sa souffrance et refermer ses blessures... Mais comment puis-je le faire si je ne sais même pas ce qu'il lui est arrivé ?

Ma mère me caresse le dos.

- Laisse lui du temps, Enzo, me dit-elle. Elle va vraiment mal. Peut-être que ça ira mieux après le procès ?

Je hausse les épaules, le visage toujours dans les mains. Je ne supporte pas de la voir comme ça. Yaniss est une fille franche et marrante, qui dit toujours ce qu'elle pense. La voilà maintenant rendu à pleurer en silence et à sourire faussement.

Elle peut bien tromper tout le monde, avec moi, ça ne marche pas. Je vois bien que ses sourires sont plus faux que la couleur de cheveux de Kendall Meyer. Et c'est peu dire !

Je m'enfonce dans le canapé tandis que ma mère régle des papiers avec l'avocat et lui demande de bien vouloir patienter le temps que Yaniss se sente un peu plus en confiance.

Malheureusement pour nous, je doute que ce soit une histoire de confiance. Pour une raison qui m'échappe, Yaniss semble avoir peur. Avoir honte. Comme si elle avait fait quelque chose de mal...

Je me lève. J'ai besoin de la voir. J'ai besoin de la rassurer. Elle est malheureuse. Alors c'est hors de question que je reste là, les bras croisés, à attendre qu'un enfoiré aille en prison et que Yaniss aille mieux comme par magie !

Je monte les escaliers quatres à quatres et me retrouve bientôt devant sa porte. Je toque et attends.

- C'EST QUI ?! hurle Yaniss, la voix secouée par... Des sanglots ?

Je rentre dans la chambre brusquement sans m'annoncer. Recroquevillée contre son bureau, sur le parquet froid, elle pleure. Mais ce n'est pas ce qui me choque le plus. Ce qui me choque, c'est plutôt les bandages couverts de sang, entourés autres de ses cuisses.

Putain c'est quoi ça ?! Pourquoi elle saigne ? Elle redresse la tête et écarquille les yeux lorsqu'elle me voit.

- ENZO, DÉGAGE ! hurle-t-elle d'une voix effrayée.

Mon cœur se brise encore un peu. Elle a peur. Elle est terrifiée. Elle tremble. Je secoue la tête de droite à gauche. Nan, je ne partirai pas. Je ne te laisserai pas.

- Yaniss, c'est quoi ça ? demandai-je d'une voix tremblante en pointant du doigt ses blessures.

Elle se recroqueville un peu plus et couvre ses jambes de son pull-over.

- ÇA NE TE REGARDE PAS, VA-T-EN, JE NE VEUX PAS TE VOIR !

Je hoche une nouvelle fois la tête et m'approche d'elle.

- Yaniss, c'est quoi ÇA ?! répétai-je d'une voix teintée de peine et de colère.

Elle baisse le regard, évitant le mien, et hurle de plus belle.

- ENZO, TU DÉGAGE, TU N'AS RIEN À FAIRE LÀ !

- AU CONTRAIRE !

Elle sursaute et relève les yeux. Les larmes détrempent ses joues et elle a l'air... Détruite. Princessa...

- Au contraire, répétai-je. Je suis là parce que je t'aime, et que je ne te laisserai pas te renfermer sur toi même. Je sais que ce que tu as vécu est très dur mais...

- TU N'AS AUCUNE IDÉE DE CE QUE J'AI VÉCU ! hurle-t-elle en pleurant de plus belle.

- ALORS DIS-MOI ! DIS-MOI CE QUE CE SALAUD T'AS FAIT ENDURÉ !

Elle baisse de nouveau la tête et enroule ses jambes de ses bras. Elle paraît si fragile dans cette position... J'aimerais tellement pouvoir la protéger de ce monde trop mauvais pour elle...

- Va-t-en Enzo... murmura-t-elle de sa voix ponctuée de sanglots. S'il te plaît...

Je m'approche d'elle et me mets à genoux sur le sol pour être à sa hauteur.

- Non, Princessa, murmurai-je. Pas tant que je ne me serais pas assuré que tu ailles un peu mieux.

Elle pose son menton sur ses genoux.

- Je vais bien, Enzo...

Mais bien sûr... Notez l'ironie.

- Dis le moi dans les yeux, chuchotai-je.

Elle ne bouge pas. Elle ne parle pas. Elle se contante de retenir ses sanglots. Je souffle, puis la tire doucement contre mon torse. Elle se laisse faire et souffle à son tour. Je caresse son dos, cherchant à la rassurer.

- Je t'aime, Enzo... murmura-t-elle.

Mon cœur vibre. Elle m'aime...

- Je t'aime aussi, Princessa.

Elle ne répond pas. Tous ses muscles se détendent et sa respiration devient plus régulière au fur et à mesure. Sa poitrine se soulève et redescend au rythme de celle-ci. Elle s'est endormie.

J'aimerais tant lui faire oublier ce qu'elle a vécu. Je donnerai le monde pour pouvoir la voir sourire de nouveau. Je l'aime tellement que ça me fait mal... J'aimerais juste... Qu'elle soit heureuse. Et je ferai tout pour ça. C'est une promesse .

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