chapitre 60

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( PDV Yaniss )

Au bout de quelques minutes, je sèche mes larmes et recoiffe un peu mes cheveux avant d'afficher un grand sourire, de prendre le carton et de descendre dans le salon.

Gabriel, discutant avec Hugo, interrompt sa discussion.

- Salut Yaniss ! dit-il en me scrutant d'un air inquiet. Comment tu vas ? Tu as l'air d'avoir perdu énormément de poids !

Je baisse les yeux. Oui, c'est vrai, j'ai perdu sept kilos, ce qui n'est pas rien.

- Je voulais pas te vexer du tout ! s'exclame Gabriel d'un air coupable. Je... Je t'ai apporté un sapin !

Je relève les yeux et rigole légèrement, tandis qu'Anaïs, Lilia et Vanessa s'affairent déjà à installer l'arbre de Noël dans le salon.

Gabriel n'a jamais été dans notre lycée. Il a fait une troisième prépa-métier puis il est parti travailler. L'école n'a jamais vraiment été pour lui...

Je sens Enzo se placer derrière moi et ses bras viennent entourer ma taille et coller mon dos à son torse. Il dépose un baisé sur ma tempe et pose son menton sur mon épaule.

J'observe ma "famille" autour de moi... Lilia s'est amusé à décorer Alonso de guirlandes dorés et rouges, Tilio et Vanessa se battent pour l'étoile du sapin, Anaïs et Mathias s'embrassent doucement sous le gui et Gabriel et mon frère font de l'escrime avec deux baguettes de pain. Tout à fait normal. Un léger rire s'échappe de ma gorge devant cette scène.

- Je t'aime, murmure Enzo en me serrant un peu plus contre lui. Et tu peux pas savoir à quel point j'aime t'entendre rire.

Il me retourne doucement face à lui et caresse ma joue de sa main gauche. Je fixe mes yeux aux siens, perdue dans ses iris noisettes qui ont le don de m'apaiser. 48 heures. J'ai 48 heures pour profiter de son amour avant qu'il n'aille soutirer des informations à mon agresseurs. Passé ce temps là, il ne me verra plus jamais de la même façon.

Peut-être même que je le dégouterais et qu'il me quittera sur le champ. Je dois profiter de l'amour qu'il m'apporte jusqu'à ce qu'il sache tout. Car après, il sera trop tard...

J'enroule mes bras autour de son torse et me serre contre lui. Il me rend mon étreinte et on reste comme ça, longtemps, profitant du réconfort et de la chaleur que chacun apporte à l'autre.

En réalité, même si je souris à cet instant là, je suis totalement terrifiée. Dans huit jours, je vais me retrouver au tribunal où le sort d'Anthony sera proclamé. Et si personne ne me crois ? Et si il s'en sort avec une simple amende ? Et si j'étais incapable de dire quoi que ce soit ? Et si... Et si...

Ma gorge se serre et je ferme les yeux, toujours collée contre Enzo, qui caresse mes cheveux. Mes cheveux. Ces mêmes cheveux qu'il a tiré pour me mettre à terre...

Je sens mes jambes trembler. Je m'écarte d'Enzo, un sourire faux scotché sur mon visage, puis m'avance vers les décorations. Je prends une guirlande lumineuse et commence à la passer entre les branches du sapin, tournant en rond, montant l'ornement de plus en plus haut.

C'est mécanique. Je ne prends, pour la première fois de ma vie, aucun plaisir à décorer ce sapin. Toujours souriante, toujours détruite de l'intérieur, j'accroche décoration sur décoration, l'esprit ailleurs, les entrailles en pelote, le cœur douloureux.

Mes amis installent d'autres guirlandes un peu partout dans la maison, tandis que, ayant fini mon travail, je reste planté là à observer l'arbre clignotant, brillant de mille feux.

Mon frère et Gabriel s'affairent aux fourneaux, tandis que les filles chantent ( où plutôt massacrent ) Maria Carré.

- ALL Y WANT FOR CHRISTMAS, IS YOUUUU !

Je l'avoue, devant ce spectacle, j'ai ris réellement. Qui ne l'aurait pas fait en même temps ? Vanessa danse et saute sur le canapé, tandis que Lilia et Anaïs se servent d'une télécommande comme micro.

Tilio et Alonso sont morts de rire et Enzo... Est parti je ne sais où...

Je fronce les sourcils. Où il est parti celui-là ? Il ne serait quand même pas aller voir Anthony sans me prévenir ?! Non, je me fais du souci pour rien, il est sûrement à l'étage...

La pièce se remplit peu à peu de toute sorte d'odeur délicieuses, particulièrement de pintade et de purée de pommes de terre.

La neige tombe drue dehors, et, malgré le fait qu'il soit à peine 18 heures, le ciel est déjà noir d'encre. Le cadre parfait pour un Noël de rattrapage ! Les chansons défilent sur la télé, passant maintenant à Snowman de Sia.  Prise d'une envie soudaine, je monte sur le canapé avec Vanessa et hurle les paroles de la musique avec mes amies.

Comme au bon vieux temps. Comme quand j'étais encore une fille tenace et pleine de vie. Comme il y a quelques jours, avant que tout ne bascule. Comment est-ce que ma vie à pû déraper si vite ?

Je chasse les mauvaises pensées de mon esprit. Juste un soir. Car ce soir, c'est Noël. C'est important. Et même si nous sommes le 2 janvier, je crois encore, mais c'est peut-être l'esprit de Noël, que tout peut s'arranger. Je ne serai jamais la même, c'est sur. Je serai à jamais traumatisée. Je vais devoir garder tout en moi, sans pouvoir m'en débarrasser.

Mais je serai aidée. Autour de moi, j'ai mon frère, mes amis, mon copain. J'ai rendez-vous avec un psychologue qui pourra peut-être m'aider. Reste juste l'audience. Et le fait que personne ne sait réellement ce qu'il m'est arrivé. On ne sait pas de quoi l'avenir est fait. On ne peut faire que des suppositions. Mais s'il vous plaît, par pitié : faites que la suite de mon histoire soit plus douce et plus heureuse que le début...

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