Falling With You

chapitre 19

( PDV Yaniss )

Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais assise là, la tête dans les genoux, mes bras encerclant mes jambes. Je sais juste que je ne voulais pas rentrer. Je ne voulais pas aller dire à mon frère que maman m'avait appelée en coup de vent, avait précisé le fait qu'elle ne rentrerai pas avant un bout de temps, et ne lui avait même pas passé le bonjour.

J'ai toujours eu conscience que ma mère aimait moins mon grand frère que moi. Elle ne cessait de me mettre en compétition avec Hugo, sous prétexte que j'étais une femme et que je devais prouver aux hommes que j'étais égal, voir supérieur à eux. Plus jeune, elle m'avait même obligé de prendre des cours de krav maga.

D'après elle, je pourrais ainsi me battre mentalement et physiquement. Maman m'a pourtant dispensé de cette corvée vu mon niveau médiocre qui me faisait simplement perdre mon temps.

Quand à mon père n'en parlons même pas. S'il était invisible, il n'y aurait aucune différence. C'est un père en carton, toujours en voyage qui n'endosse pas correctement son rôle. Je l'aime malgré tout mais je doute que ce soit réciproque.

Quand j'étais plus jeune, j'étais persuadée qu'il m'aimait. Mais c'était sans doute mon âme d'enfant qui ne voulait pas accepter que mon père se fiche littéralement de ses enfants.

Il ne m'a jamais soutenu et les rares moments où il est à la maison, il n'y en a que pour mon frère. La seule chose qui compte dans sa putain de vie c'est son travail.

Alors que les larmes recommencent de nouveau à couler, quelque chose me tape le tibia en me faisant sursauter.

Je relève la tête et croise le regard innocent de la petite Estella.

Elle reprend son ballon qui est à mes pieds et me scrute d'un air triste.

- Pourquoi tu pleures tout le temps ?

Je souris. À chaque fois que je vois cette gamine, je suis en train de pleurer. C'est un complot !

- Bah, dis-je en haussant les épaules, des histoires de grands, ne t'en fais pas...

Elle continue de me regarder avant de venir s'assoir à côté de moi en serrant sa balle dans ses petits bras.

- Faut pas pleurer, dit-elle, c'est un mauvais moment à passer.

J'ouvre de grands yeux et la regarde d'un air surpris. D'où tu sors des phrases comme ça à six ans ? Ça maturité m'étonne drôlement.

- Maman dit tout le temps qu'il faut rester fort quoi qu'il arrive et apprendre à vivre avec nos peines.

Je la scrute du regard, assez impressionnée.

- Je... Oui... Ta maman à raison, c'est vrai, balbutiai-je.

Elle me sourit. Elle a exactement la même faussette que son frère et ses yeux sont identiques... La ressemblance physique est frappante mais niveau mentalité, c'est la sœur qui a pris toute l'intelligence apparemment...

Elle se relève et me fait un coucou de la main avant de repartir chez elle. Cette petite est juste adorable.

Apprendre à vivre avec nos peines...

C'est loin d'être simple mais j'ai appris au fil du temps. Je me demande ce que cette petite à bien vécu pour avoir une telle mentalité à un si jeune âge.

Je me relève et prend mon courage à deux mains avant de rentrer dans ma maison moi aussi.

- HUGO, JE SUIS RENTRÉE ! criai-je depuis le Hall.

- C'EST BIEN, JE SUIS CONTENTE POUR TOI !

Ouah, il a l'air d'être très inquiet dis-donc. Notez l'ironie.

Je rentre dans le salon et le vois affalé sur canapé en train de regarder Suicide Squad. Un sourire fend mes lèvres quand je reconnais le film et je vais vers la cuisine.

Ce soir c'est gratin de pâtes, et si Mr n'est pas content, il n'a qu'à se faire à bouffer lui-même.

Je rejoins le salon une nouvelle fois le temps que le plats cuise et je m'ambiance sur la musique qui passe dans le film.

Nous passons le reste de la soirée à mangé sur le canapé, absorbés par la télé. Je ne lui dis pas pour maman, je n'ai pas envie de plomber la bonne humeur qui règne entre nous.

Je vais finalement me coucher après avoir fait une petit tour sur les réseaux sociaux puis je m'endors non sans mal, perturbée par l'indifférence de mes parents à notre égard. C'est frustrant...