Je suis pris au dépourvu par la proximité soudaine d'Alix. Ses yeux s'ancrent dans les miens, et je sens mon bide se contracter. Mon cœur s'emballe, ratant un battement lorsqu'elle effleure mes cheveux. Je ne m'y attendais absolument pas, mais je ne peux détourner mon regard du sien, ni de son visage, alors que mon rythme cardiaque s'intensifie. La tension entre nous devient presque insoutenable. Tout en moi crie de l'embrasser, de la sentir contre moi, plus intensément que je l'aurais imaginé. Voire follement plus que ça. Il me faut un sacré courage pour annoncer dans un chuchotement maladroit :
— Peut-être... Devrions-nous y retourner ?
Je me lève brusquement, attrape les verres et me dirige vers le salon, laissant Alix en plan. Quel connard je fais ! Merci Iris de m'avoir mis la pression avec tes doutes. C'était pile le bon moment.
En entrant dans le salon, je remarque les gars affalés dans le canapé, discutant. D'un coin de l'œil, je vois Alix retourner s'asseoir avec eux. L'un d'eux lui propose un verre qu'elle accepte poliment, mais je n'aime pas la façon dont il la regarde, avec son air un peu trop insistant et suggestif. Cette scène me dérange au plus haut point, alors que ça ne devrait pas être le cas. Mais ça me dérange. Et ça me dérange que ça me dérange ! Putain !
J'ai chaud, je bouillonne intérieurement. J'ai besoin d'air. Je prends mon verre et me dirige vers la terrasse.
J'ignore depuis combien de temps je suis à l'extérieur, mais je reçois un SMS sur mon portable.
La porte-fenêtre coulisse, et Giu apparaît. Il s'installe en face de moi.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— J'en sais rien, soufflé-je.
Il rit doucement.
— Comment ça t'en sais rien ? T'as vu ta tête ? On dirait que t'as pris un coup dessus.
— Il s'est passé un truc tout à l'heure... Et je ne sais pas quoi en penser.
— Avec Alix ?
— Comment tu sais ?, demandé-je en arquant un sourcil.
— Elle est partie un peu précipitamment, il y a quelques minutes.
— Attends, elle est partie ?
Il hoche la tête.
— Merde...
Giu s'appuie sur ses cuisses, m'observant attentivement.
— Allez, lâche tout ! Je t'écoute.
— On a failli s'embrasser, dis-je en passant une main dans les cheveux. Enfin je crois...
— Tu crois ?, glousse-t-il.
Je grimace et il attend visiblement plus de détails.
— On écoutait un vinyle dans la chambre et, elle a commencé à me regarder, genre vraiment intensément, puis elle m'a touché les cheveux, comme ça, dis-je en imitant son geste. Ça m'a complètement déstabilisé.
— Sexy, commente-t-il. Et qu'est-ce que t'as fait ?
— J'ai... Je lui ai dit qu'on devrait vous rejoindre.
— Mais quel con !, s'écrie Giuseppe en levant les bras au ciel. Pourquoi ? Mais pourquoi t'as fait ça ?
— J'en sais rien !
— T'en avais pas envie ?
— Si, terriblement. C'est ça le pire. J'ai beaucoup trop envie d'elle.
— Alors, où le problème ? Y a une nana plutôt géniale qui veut de toi, et toi tout ce que tu trouves à faire, c'est de la repousser.
J'enfouis mon visage dans les mains.
— Mec, c'est pas un crime de baiser tu sais, ricane Giuseppe.
— Ah ah ah, très drôle, rétorqué-je sur le même ton.
Giuseppe se redresse, plus sérieux.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? Je pensais qu'elle te plaisait, non ?
— Oui. Et c'est justement ça le problème.
— Et en quoi c'est un problème ?, demande-t-il en fronçant les sourcils.
— Elle me plaît Giu, dis-je en articulant chaque syllabe.
— Alors là, je ne te suis pas.
— Alix repart dans quelques jours. C'est peine perdue.
Il rit.
— Merde Josh, t'as trente balais, tu peux aussi t'envoyer un l'air et profiter de l'instant présent. Tout n'a pas à être aussi sérieux.
— Tu sais très bien que je ne suis pas comme ça, même si... J'en ai plutôt très envie, avoué-je malgré moi. Tu sais aussi très bien comment je suis quand une fille me plaît réellement. J'espère toujours que c'est la bonne et basta. Je n'arrive pas à me contenter de coups d'un soir.
Il lève les yeux au ciel.
— C'que t'es fleur bleue ! Mais sérieusement, profite. Vis le moment présent, sans regret. Si elle te plaît, va jusqu'au bout. Parce que je te parie qu'elle aussi en meurt d'envie.
Je fais la grimace.
— Arrête, tu sais que j'aime pas quand tu parles comme ça.
— Quoi ? Tu vas me dire que t'es pas au garde-à-vous quand tu la vois ?
— Giu, sérieux !, m'indigné-je. Tout n'est pas qu'une affaire de sexe.
— C'est bon, je rigole ! J'essaye de détendre l'atmosphère là. Je vois que j'échoue lamentablement...
On se lance un regard et j'essaye de me détendre. J'ai envie de rire maintenant.
— Bon, OK, je ne nie pas que j'avais envie de lui faire des choses pas très... saines, tout à l'heure.
Giu éclate de rire.
— Qui resterait insensible face à des hanches et une poitrine pareilles ? Certainement pas moi.
Je lui lance directement un regard noir, car je hais ce qu'il vient de dire et il le capte très vite.
— Oh ! Détends-toi, je plaisante. Plus sérieusement Josh, je vois et sens très bien comment c'est électrique quand vous êtes dans une même pièce. Tu ne peux pas laisser passer ça. Et en entre nous, c'est une fille vraiment chouette.
Nous sommes soudainement interrompus par les gars qui viennent nous rejoindre pour fumer sur la terrasse et nous restons un bon moment à l'extérieur, moi avec mes pensées agitées.
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The Love We Stole
RomanceAlix, épuisée dans une routine sans saveur et frôlant le brown-out depuis un certain temps, obtient finalement quelques jours de répit auprès de son manager. Sur un coup de tête, elle choisit de s'éclipser quelques jours à Londres pour se ressourcer...