Alix, épuisée dans une routine sans saveur et frôlant le brown-out depuis un certain temps, obtient finalement quelques jours de répit auprès de son manager. Sur un coup de tête, elle choisit de s'éclipser quelques jours à Londres pour se ressourcer...
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À l'entente de ses paroles, je deviens nerveuse. Que veut-il me dire de si important ?
Son expression sérieuse me déstabilise et je détourne le regard, essayant de cacher mon inquiétude. Intérieurement, je redoute un peu qu'il me dise ce qu'il ressent. Car je le sais, je le sens à sa façon d'être avec moi, ses gestes ou son regard. Tout son être parle pour lui. Seulement, je ne pense pas être prête pour ça... C'est beaucoup trop tôt, ça va beaucoup trop vite ! Et c'est en train de m'affoler ! Pourtant, j'ai l'impression que c'est exactement ce que j'ai fait hier dans ce pub pour lui. Purée ! C'est pas possible d'être autant déchirée en deux et d'éprouver des sentiments contraires !
Je me détache de lui et me décale légèrement. Je pense qu'il discerne mon appréhension, car il sourit et me caresse la main tendrement.
— Détends-toi, s'il te plaît.
Je lui réponds par un sourire maladroit, mais les pulsations de mon cœur s'accélèrent.
— Écoute, je sais qu'on a pas eu le temps de parler hier, dit-il en souriant, mais ce que tu as fait Alix... Chanter cette chanson, pour moi, ça m'a profondément et intimement touché. Je tiens à ce que tu le saches. Sincèrement.
— Tu n'as pas à me remercier.
— Oh que si ! Je sais que j'ai réagi... de la mauvaise manière qui soit. La vérité, c'est qu'après tu te sois pointée chez moi le midi, j'étais dans une colère monstre ! Je ne m'attendais tellement pas à te voir ici des semaines après. En fait, je ne pensais plus jamais te revoir de ma vie. Alors quand je t'ai vue assise sur les marches, mon sang n'a fait qu'un tour. Je ne pouvais pas te regarder, ni te parler. J'étais tellement en colère ! En colère parce que depuis que t'es partie, je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je t'en voulais tellement pour tout.
— Je suis désolée, murmuré-je réellement navrée. Crois-moi que je regrette ce qui s'est passé.
— Je le sais maintenant, s'empresse-t-il de répondre. Mais cette chanson... Bon dieu ! C'était, c'était, je ne sais même pas quoi dire, tellement ça m'a dépassé.
Un silence, puis il repend :
— En fait, si. Ça m'a transpercé le cœur, ça m'a bouleversé, Alix. C'était comme si le temps s'était arrêté. J'ai ressenti chaque mot, dans chaque fibre de mon âme. Et je sais à quel point ça a dû te demander un effort surhumain pour le faire.
— C'était mon grand geste, gloussé-je en pensant à mes amies.
Son regard se fait curieux, le front plissé.
— Mais c'est quoi ce truc de grand geste au juste ?
— Oh, rien, dis-je d'un revers de la main en rigolant. Une lubie que mes amies m'ont mise en tête.
Il arque un sourcil, m'invitant à continuer.
— C'est débile. En gros, c'est faire comme dans les grandes comédies romantiques. Un geste un peu spectaculaire, un geste démesuré qui exprime tout l'amour qu'on a pour quelqu'un qu'on aime...
