Alors que je sors de la douche, des bribes de conversation reviennent en boucle dans ma tête. Alix. Ce qu'elle a dit à Phoebe. Ai-je vraiment été aussi aveuglé par ses paroles lors de notre dernier jour en Irlande ? Suis-je tellement dans l'attente, que je passe au-dessus de ses propres besoins ? Qu'est-ce que je m'en veux ! Je comprends qu'on ne soit pas sur le même rythme, pourtant j'ai pas l'impression de trop en demander. Je ne sais plus où j'en suis. Tout ce que je veux c'est lui parler.
Quand je reviens dans le salon, Noor est partie. Phoebe s'est enfoncée dans le canapé, devant un film. Tout à coup, un mouvement attire mon regard. Alix traverse furtivement le couloir, se réfugiant dans la salle de bain. Mais elle n'en ressort pas aussitôt. La pression de la douche se fait entendre.
Alix ressort rapidement et retourne dans sa chambre sans un mot. L'envie de la suivre me brûle. Le buste en avant, Phoebe me repousse pour m'empêcher de me lever. Je lui souffle un léger s'il te plaît implorant et elle lève les yeux au ciel. Elle se met sur ses deux pieds, puis m'ordonne d'attendre. Elle revient quelques minutes plus tard.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée que tu y ailles. Je ne suis pas certaine qu'elle soit prête.
— Et si elle ne l'était jamais ?
Mon ton est plus désespéré que je ne le voudrais. Phoebe hésite, puis acquiesce.
— Vas-y, mais doucement.
Nerveux, j'entre. Alix est assise contre des oreillers, ses cheveux encore humides formant de légères vagues sur ses épaules. Directement, elle baisse ses yeux sur ses mains. Je m'avance, puis m'adosse contre sa commode. Je constate ravi, que son assiette de tartines est vide et que le jus d'orange est à 1/3 du verre.
— Comment tu te sens ?, demandé-je d'une voix douce.
— Mieux.
Elle répond sans lever les yeux, son regard fuyant vers la fenêtre.
— Alix, tu veux bien me parler, s'il te plaît ?
La couverture remonte jusqu'à sa poitrine, comme si elle voulait mettre un barrage entre nous.
— Alix, il faut que...
Tout à coup, la porte se referme bruyamment et nos têtes pivotent d'un seul et même mouvement vers elle. Un bruit de clé dans la serrure retentit.
— Désolé les petits chats, dit Phoebe de l'autre côté de la porte, je n'ai pas d'autre choix que de faire ça. Il faut que je vous vous parliez.
Non, mais j'hallucine ! Je fais deux pas vers la porte et essaye d'ouvrir. Je sens Alix à côté de moi.
— Bon sang, Phoebe ! T'es pas sérieuse là ? Ouvre-moi !
— Je vous laisse deux heures. Je vais faire une course pendant ce temps. Essayez de ne pas vous entre-tuer s'il vous plaît.
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The Love We Stole
RomansaAlix, épuisée dans une routine sans saveur et frôlant le brown-out depuis un certain temps, obtient finalement quelques jours de répit auprès de son manager. Sur un coup de tête, elle choisit de s'éclipser quelques jours à Londres pour se ressourcer...